FC Metz - Paris SG "Le gamin fan de MBappé ne pourra pas aller au stade avec son maillot"

Raphaël Ferber
Julien est Messin et fan du Paris-SG. Ce soir, comme tous les supporters parisiens, il devra respecter une série de demandes de la Préfecture de Moselle pour éviter d'éventuels débordements.
© DR

“Mon père est supporter du FC Metz et ce soir, il sera dans la tribune d’en face. Peut-être même qu’il me fera un doigt d’honneur, ce sera drôle.” Julien est Messin mais supporte le Paris-SG depuis son adolescence et une certaine finale de la Coupe de France. C’était en 2006, le PSG en était sorti vainqueur face à son rival de toujours, l’Olympique de Marseille (2-1).

Au-delà de la blague, le jeune homme de 23 ans ne s’attend pas spécialement à vivre une rencontre à haut risques: “entre supporters parisiens et messins, il n’y a pas vraiment eu de soucis ces dernières années. Je n’ai aucune crainte, j’ai de très bons amis dans les groupes Ultra du FC Metz, ça ne nous empêche pas de boire des bières ensemble”.

Comme partout ailleurs, la venue du PSG en Moselle ce mercredi soir reste néanmoins un événement. Et comme souvent, des mesures pour encadrer les supporters du club adverse sont prises.

On va dire que je suis démago, mais ça me dérange aussi pour le gamin qui est fan de MBappé, qui va vouloir aller à Saint-Symphorien avec son père et à qui on va demander d’enlever son maillot. C’est triste et dégoûtant.

LA PREFECTURE DEMANDE AUX SUPPORTERS DU PSG DE SE FAIRE DISCRET

Mardi à 16h15, la Préfecture de Moselle a ainsi envoyé un communiqué de presse pour demander aux supporters “de ne pas porter de signes distinctifs d’appartenance au Paris Saint-Germain tels que les maillots et écharpes, et ce afin d’éviter toute difficulté entre supporters et de protéger les spectateurs”. La Préfecture brandit ainsi l’argument de la sécurité en anticipant d’éventuels débordements pour mettre en place des “mesures réglementaires temporaires” aux abords de Saint-Symphorien.

En résumé, entre ce mercredi 15h et jeudi 3h du matin, et hormis les 340 supporters parisiens “munis de contremarques nominatives” délivrées par le PSG et encadrés par les forces de l’ordre, personne ne pourra afficher son amour pour le club de la capitale non seulement dans l’enceinte messine mais aussi dans les rues adjacentes. L’intégralité de l’île du Saulcy, de l’île Saint Symphorien et même la gare sont interdites aux supporters du PSG.

S’il en a vu d’autres, la pilule a toujours du mal à passer pour Julien. “On y est de plus en plus habitués. On va dire que je suis démago, mais ça me dérange aussi pour le gamin qui est fan de MBappé, qui va vouloir aller à Saint-Symphorien avec son père et à qui on va demander d’enlever son maillot. C’est triste et dégoûtant.”

Des mesures quelque peu gênantes, dans la mesure où elles sous-entendent qu’en cas d’incident, l’éventuelle victime parisienne partagerait la responsabilité de violences commises dans la rue, de part son accoutrement... “C’est un aveu de faiblesse de la part des autorités, qui préfèrent sanctionner d’avance un collectif que cibler un fauteur de trouble” estime Julien, spécialiste de la question des tribunes et qui termine sa formation de journaliste. “Ce qui me dérange aussi, c’est que cette demande de la Préfecture a été rendue officielle à pratiquement 24h du match. Sur les 27.000 spectateurs, tous n’en auront pas pris connaissance.”

Certains arrêtés préfectoraux sont plus strictes que la “demande” formulée par la Préfecture de Moselle. Les supporters sont parfois forcés à prendre le bus depuis la ville du club qu’ils supportent pour accéder au kop du club receveur. Si un tel arrêté avait été décrété pour ce soir, Julien aurait dû prendre le bus à Paris pour revenir à Metz. “Mais ça, je ne le ferai jamais!”

Les supporters du Paris-SG sont invités à ne pas circuler dans ces zones à Metz, entre ce mercredi 15h et jeudi 3h.
Les supporters du Paris-SG sont invités à ne pas circuler dans ces zones à Metz, entre ce mercredi 15h et jeudi 3h.
© Préfecture de Moselle

Ce soir, il fera partie de ces supporters parisiens qui vont devoir suivre un tracé spécifique pour se rendre jusque dans le parcage visiteurs de Saint-Symphorien. “On a aussi l’obligation de se garer à Montigny-lès-Metz. Ça fait un détour d’une vingtaine de minutes pour éviter de croiser des supporters messins” explique t-il.

Ces inconvénients ne sont toutefois pas grand chose à côté de ce qu’il a vécu il y a deux ans, par exemple. Le Paris-SG se rendait à Bruges pour le compte de la Ligue des Champions. “On a été accueilli comme des prisonniers. On nous a forcé à nous arrêter sur une aire d’autoroute à la frontière belge, à laisser nos véhicules sur place et à monter dans des bus affrétés par le club, escortés par des policiers à moto, la gendarmerie et un hélicoptère. C’était du délire.”

Ce soir, le match s’annonce déséquilibré entre l’armada parisienne et un FC Metz dernier de Ligue 1 au bout de 6 journées de championnat. L’absence de Messi ? Julien n’en fait pas une montagne. “Ça ne change rien, je le verrai bien à un moment donné dans la saison. J’ai même nargué des amis lorrains qui ont acheté leur billet juste pour le voir!”

Quant à son père, supporter des Grenats, il le retrouvera certainement après la rencontre. Peut-être même qu’ils boiront un verre ensemble, en débattant des actions les plus chaudes qui auront eu lieu... sur le terrain.

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