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Parmi les virus qui circulent particulièrement en cette saison, trois d’entre eux se ressemblent fortement: la grippe, la Covid-19 et le VRS. Comment les distinguer ? Quelles sont leurs conséquences ? Le Professeur Renaud Louis, pneumologue au CHU de Liège, les décrypte pour nous.
Si la virulente pandémie de Covid-19 a long- temps placé ce virus au top des maladies les plus redoutées mondialement, ce dernier semble aujourd’hui s’apaiser, pour devenir le troisième maillon de la "tripledémie" hivernale: la grippe, le VRS (Virus respiratoire syncytial) et donc, la Covid-191.
"Il y a bien sûr d’autres virus qui circulent", précise le Professeur Louis. "Le plus fréquent étant le rhinovirus. Ce qu’ont en commun la grippe, la Covid-19 et le VRS, c’est qu’il s’agit de virus ARN aux symptômes similaires3,4."
Quelle sévérité pour ces virus respiratoires?
"Si je devais les grader par degré de sévérité aujourd’hui, je dirais que la grippe est le plus agressif, suivi du VRS, et enfin de la Covid-19", explique le Professeur Louis.
Ces trois virus respiratoires touchent généralement d’abord la sphère ORL, provoquant dans un premier temps des rhino-pharyngites, avant de descendre vers des trachéites ou bronchites, et dans le pire des cas, des pneumonies.
"C’est d’ailleurs ce à quoi on a été confronté dans la première phase de la Covid-19, lors delaquelle le virus présentait un important tropisme pulmonaire. Heureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui avec le variant Omicron, qui est nettement moins menaçant", précise le Pro- fesseur.
"Une vraie grippe est, à l’heure actuelle plus agressive que la Covid, qui est devenue un virus respiratoire comme un autre", affirme notre interlocuteur. Quant au VRS, il est responsable des bronchiolites chez les nourrissons, et peut causer des pneumonies chez l’adulte7.
Des symptômes similaires
En termes de symptômes, ces trois virus sont similaires, "si ce n’est que la grippe et le VRS peuvent aujourd’hui davantage toucher les structures respiratoires basses, avec une symptomatologie variable."
Que ce soit pour la grippe, la Covid-19 et le VRS, on retrouve les mêmes symptômes respiratoires: gorge qui gratte, nez qui coule, toux, éventuel sifflement bronchique et/ou difficultés respiratoires, jusqu’à une cyanose dans les cas les plus graves.
"Ils présentent donc les mêmes symptômes cliniques, ce qui les rend extrêmement difficiles à distinguer", explique le Professeur Louis. "Pour ce faire, il faut passer par des tests, ou analyses du génome viral, sur des échantillonnages de nez ou de gorge".
Des triples autotests sont notamment accessibles en pharmacie et permettent de se tester facilement aux trois virus, à partir d’un seul kit.
Les profils à risque
"On dit généralement qu’au-delà de 65 ans, le risque de faire des infections plus agressives est accru. Mais c’est surtout le cas après 70 ans", explique le spécialiste.
À côté du facteur de l’âge, ce sont les comorbidités qui jouent, "entre autres, les comorbidités cardiaques et respiratoires, rénales, métaboliques (diabète). Tous les patients immunodéprimés, comme les personnes greffées par exemple, sont également plus à risque."
Comment se prémunir de ces virus ?
Pour se prémunir de ces virus, les gestes sont les mêmes que ceux d’application pour la Covid: se laver régulièrement les mains ou utiliser une lotion hydro-alcoolique, aérer ses pièces de vie, porter un masque en cas de symptômes pour éviter de contaminer autrui, etc. "Il existe également des vaccins particulièrement indiqués pour les personnes à risque", insiste le Professeur Louis.
Côté contagion, ces virus ne sont pas en reste: "comme la Covid, le VRS est très contagieux. Plus que la grippe", explique le pneumologue. C’est le fameux R0, taux de reproduction d’un virus, c’est-à-dire le nombre moyen de nouveaux cas qu’une personne infectée va générer. "Pour la Covid et le VRS on est clairement au-dessus de trois on a même été jusque cinq dans la période forte du Covid. Pour la grippe, on est à 1,515."
"À côté de ces virus, il y a aussi les pneumocoques. Ces bactéries peuvent provoquer des pneumonies sévères, en particulier chez les personnes âgées ou présentant des comorbidités. On sait également qu’une infection virale peut présenter une surinfection à cause de cette bactérie. Heureusement, il existe également des vaccins pour ces pneumocoques."
L’hiver, une période critique
Pourquoi tombons-nous plus souvent malades en hiver? "Parce que le froid réduit l’escalator mucociliaire, c’est-à-dire la défense de nos voies aériennes, ce qui limite nos défenses immunitaires locales", explique le Professeur Louis.
"L’autre raison, c’est que quand il fait plus froid, on vit à l’intérieur, dans des environnements clos, ce qui augmente la contagion. C’est pourquoi il est si important de ventiler les pièces pour éviter la propagation du virus", conclut le pneumologue.
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