
© Letz Be Healthy
Depuis qu’il est petit, il n’a pas ou très peu d’amis. L’absence de vie sociale chez votre enfant, désormais adolescent, peut être source d’inquiétude, mais est-ce forcément le signe d’un mal-être?
Quel que soit l’âge d’un enfant, entrer en interaction physique et émotionnelle avec des camarades, autrement dit “se faire des copains”, est une étape de son développement. Pourtant ce n’est pas inné et comme pour nous, adultes, certains sont plus réservés que d’autres. Être sociable, faire preuve d’empathie, font partie des facultés que tout le monde ne possède pas, mais par chance ça se travaille.
Petits, à la crèche ou dans une aire de jeux, certains enfants cherchent spontanément le contact alors que d’autres répondent aux questions sans chercher à créer une interaction. Doit-on intervenir ? Non, car c’est inutile et contre-productif d'essayer de jouer les entremetteurs pour faire rencontrer d'autres amis potentiels à son enfant.
Amitié exclusive: est-ce à proscrire ?
"L'amitié ne se commande pas", rappelle Philippe Duverger, pédopsychiatre et auteur du Guide indispensable des ados heureux et épanouis. Et c’est la même chose à 10-14 ans, "même si à cet âge-là c’est fondamental car les copains sont comme une boussole, ils aident à grandir, à se sentir compris." Il est donc naturel que les parents s’inquiètent lorsque l’enfant passe beaucoup de temps seul. Néanmoins certains ados sont, par nature, très solitaires et ne le vivent pas forcément mal.
Il existe aussi des amitiés dites exclusives, voire fusionnelles qui concernent davantage les filles. Lou connait Anaë depuis l’école élémentaire. C’est sa BFF,"best friend forever». Malgré quelques disputes, elles sont restées proches au collège au gré de week-ends partagés, d’options similaires pour être dans la même classe et de centres d’intérêts identiques… Mais quand l’une manque à l’appel, c’est la fin du monde. "Demandez à votre enfant s'il discute avec les autres, à l'école, au sport, durant les activités de loisirs ou sur les réseaux sociaux, conseille le Pr Duverger, et vous entendrez sans doute parler d'autres copains."
Une amitié à deux peut être rassurante. Nul besoin de s'inquiéter devant ce genre de relation même s’il est vrai qu’à l'adolescence on recherche habituellement à être en bande, mais on peut aussi être entouré et se sentir seul… Toutefois, restez vigilants car être trop fusionnel, peut devenir étouffant voire toxique et source de grande tristesse."Elle supportait mal mes autres copines ou que je sois différente d’elle", témoigne Zoé, qui, en grandissant, a pris ses distances avec Solenne. "Finalement, on s'est perdues de vue, c'est dommage", dit-elle, s'appuyant sur l'expérience de sa mère, qui a longtemps eu une seule confidente, la même depuis l'enfance, et l'a gardée. "En fait, c'est comme en amour, cela doit évoluer pour durer", estime la maman de Zoé.
Monde virtuel et relations à distance
Nos jeunes sont ultra connectés. Ils manient Facebook, qu’ils jugent ringard, Snapchat et Instagram qu’ils adorent. Les adultes redoutent les mauvaises rencontres virtuelles ou le cyberharcèlement. Emmanuelle Piquet, thérapeute et auteure de Votre Enfant face aux autres –L’aider dans les relations difficiles, tempère: "Ils sont nés avec internet. Ils sont au courant des risques et font attention à ce qu’ils postent. Lorsqu’il y a harcèlement sur les réseaux sociaux, c’est toujours le prolongement d’une situation réelle."
Et ne voyons pas tout en noir, car il y a aussi de la magie dans ce monde virtuel qui facilite les rencontres par l’intermédiaire de groupes musicaux ou sportifs. Certains jeunes se découvrent des atomes crochus alors qu’ils vivent à 500 km l’un de l’autre. Grâce à sa passion pour la série Stranger things, Lou a connu Louann, il y a deux ans, puis elle a rencontré Ilyana récemment. "On se parle tous les jours sur Snap ou au téléphone, ce sont de vraies amies même si on ne s’est vues qu’une ou deux fois", explique la demoiselle de 13 ans.
Faites leur confiance et surtout ne leur forcez pas la main. Un jeune peut être bien dans sa peau sans pour autant être entouré d’une dizaine de personnes. Du moment qu’il est heureux… "Et un ado qui se plaint, qui râle, c’est le signe qu’il va bien", rappelle le pédopsychiatre Philippe Duverger.