L’allergie aux acariens est une des allergies les plus fréquentes. Et pourtant, on a tendance à la sous- estimer, car on banalise ses symptômes. On s’habitue à avoir le nez bouché, on incrimine le chauffage. C’est souvent pourtant la première étape de la marche allergique, à ne pas négliger.

Il y a 20 ans, la notion de marche allergique, qui réfère à cette évolution que connait l’allergie au fil du temps, était méconnue. Et pour cause: cette marche allergique se fait sur des décennies, pendant lesquelles le patient voit plu- sieurs médecins, pédiatres ou généralistes. Pourtant, on sait depuis longtemps que les tout jeunes enfants souffrant de dermatite atopique, par exemple, ont un risque accru de développer une allergie respiratoire, plus tard dans l’enfance ou à l’adolescence.

Dr Caroline Jentges, généraliste à Luxembourg: "On retrouve cette marche allergique lorsque l’on interroge les patients. On constate aussi que des patients d’abord connus comme allergiques aux acariens deviennent un jour allergiques au bouleau, par exemple. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui plus interventionnistes. Car nous espérons, par une meilleure prise en charge, éviter ou à tout le moins ralentir la marche allergique."

De l’allergie aux acariens au risque asthmatique

"Si la conjonctivite domine souvent dans les allergies aux pollens, l’entrée dans l’allergie aux acariens passe également souvent par la rhinite. Les patients ont souvent tendance à se soigner avec des vasoconstricteurs, en automédication. Cela échappe donc souvent au médecin - et même au pharmacien car les patients ne vont pas toujours dans la même pharmacie. On se retrouve ainsi avec beaucoup de personnes souffrant de rhinites chroniques, de rhinites vasomotrices (dues à l’abus de vasoconstricteurs nasaux), alors qu’à la base il s’agit souvent d’allergies aux acariens qui auraient pu être prises en charge différemment."

Vous avez dit acariens ?

Les acariens appartiennent à la famille des araignées. Ils seraient apparus il y a environ 400 millions d’années et sont parents des escargots, crustacés et coquillages. Ce sont des animaux invisibles à l’œil nu, qui vivent 2 à 3 mois.

L’acarien provoque des allergies, qu’il soit vivant ou mort. C’est le corps de l’acarien ainsi que ses déjections qui contiennent des particules allergisantes. Ces particules se mettent en suspension dans l’air et pénètrent profondément dans les voies respiratoires. Les acariens sont ainsi la cause majeure d’allergie respiratoire (rhinite ou asthme allergiques).

Les acariens sont présents dans tout ce qui garde la poussière: matelas, tapis, moquettes, rideaux, peluches... Ils y trouvent les éléments essentiels pour se développer :

  • la nourriture (les acariens raffolent de squames et de débris de poils  d’origine humaine ou animale),
  • l’humidité (à 60-80%, elle est idéale pour le développement des acariens)
  • la température (à plus de 26°C, elle favorise la prolifération des acariens).

"Or le risque est l’évolution vers un asthme, qui lui-même est souvent sous-diagnostiqué dans ses premiers stades. Combien d’enfants, que l’on pense simplement 'pas bons en sport', car ils toussent et sont un peu essoufflés pendant le sport sont en réalité des enfants souffrant d’un asthme débutant? Combien de ces enfants ne seront diagnostiqués que des années plus tard, voire à l’âge adulte? C’est pour- quoi il faut rechercher les signes d’un asthme lors du diagnostic d’une allergie, car les premières manifestations sont souvent déjà présentes, préparant le terrain à un asthme vrai chez le jeune adulte."

Messages importants

  • Tout symptôme même banal, comme une rhinite, qui s’installe dans la durée, devrait être discuté avec un professionnel de la santé. L’automédication doit être limitée dans le temps. Dans le cas des vasoconstricteurs nasaux, la recommandation officielle est de ne pas dépasser 7 jours sans avis médical.

  • Il en va de même pour les alternatives telles que les sprays à base d’huiles essentielles, qui peuvent certes parfois ai- der pour une rhinite virale aiguë, mais dont les principes actifs ont aussi souvent un effet vasoconstricteur.

  • La toux nocturne ne doit pas être négligée. Elle fait partie de ce que l’on appelle les équivalents asthmatiques, des signes très précoces d’un asthme débutant. Une toux nocturne, sèche, récidivante, survenant hors de tout épisode infectieux, ne doit pas être banalisée. Rappelons aussi que les antitussifs sont déconseillés jusque l’âge de 12 ans.

  • Enfin, les patients voient trop souvent l’allergie comme une fatalité, alors qu’il existe aujourd’hui des traitements efficaces. Ces traitements nécessitent évidemment une motivation du patient, mais ils permettent d’améliorer grandement les symptômes et de freiner la marche allergique. Il est dès lors dommage que sou- vent, les patients ignorent que les traitements existent et sont remboursés.

La désensibilisation ou immunothérapie allergénique (ITA)

La désensibilisation cible la cause de l’allergie. Cette option est proposée par le médecin si les symptômes persistent malgré la prise de médicaments symptomatiques. Le traitement par désensibilisation est pris par voie sublinguale (sous la langue), sous forme de comprimés ou de gouttes, en fonction des allergènes responsables. La durée préconisée du traitement de désensibilisation est de 3 ans.

La désensibilisation a pour objectifs de :

  • Développer une tolérance vis-à-vis de l’allergène afin de réduire les symptômes d’allergie et d’obtenir un effet persistant après l’arrêt du traitement.
  • Réduire la prise de médicaments symptomatiques.
  • Éviter l’aggravation de l’allergie.

La désensibilisation est remboursée à hauteur de 80% par la sécurité sociale au Luxembourg.

Cet article vous a plu? N'hésitez pas à aller faire un tour sur le site web de Letz be healthy, votre magazine santé au Luxembourg.