Après quelques années d’errance médicale, c’est à l’âge de 30 ans que Déborah a découvert sa fibromyalgie et qu’elle a commencé ses insomnies. Insomnies qui ont vraiment contribué au fait qu’elle allait de plus en plus mal car ses douleurs s’intensifiaient avec la fatigue.

Le manque de sommeil est un danger pour le corps et pour  l’esprit.  Cela  a  eu  pour  conséquences  d’épuiser  Déborah  et  de  la  rendre  parfois  très  irritable.  Elle  s’est vite rendu compte que la notion de sommeil réparateur n’est pas un mythe mais une nécessité.

Votre sommeil a-t-il toujours été mauvais? 

Non,  au  contraire.  J’ai  bien  dormi  jusqu’à  l’apparition  de ma  fibromyalgie.  J’étais  à  peine  couchée  que  dans  les  5 minutes, je dormais et mes nuits étaient réparatrices. J’ai  donc  très  rapidement  décliné  quand  mes  nuits  sont devenues complètement blanches. C’était hallucinant, personne  ne  croyait  que  je  ne  fermais  pas  l’œil  de  la  nuit ou  que  ma  nuit  durait  2  heures  entrecoupées.

Ce  qui  est troublant c’est que j’ai subi deux problèmes: soit des problèmes d’endormissement, soit des réveils nocturnes. Et en me couchant, je ne savais auquel des deux problèmes j’allais être confrontée pour la nuit qui m’attendait.  De ce fait,  je redoutais  et redoute toujours  le moment de me coucher puisque je sais par avance que ma nuit ne sera pas bonne de toute manière.

Vous avez tenu combien de temps? 

Quelques  mois  avant  de  me  décider  à  aller  voir  mon médecin qui m’a persuadée de prendre des somnifères légers. J’y étais totalement opposée et avant de passer par la case somnifères, j’ai d’abord testé les plantes, l’homéopathie, les huiles essentielles sans aucun succès. J’étais  professeur    à  l’époque  et  il  était  devenu  compliqué pour  moi  d’être  vraiment  efficace  durant  8  heures  avec mes élèves.

Une fois que j’avais compris  que je n’avais plus le choix, j’ai  décidé  de  prendre  ces  médicaments  car  je  souffrais d’insomnies aigües et chroniques. Les benzodiazépines ont  évidemment  été  salvateurs  pour  moi  car  j’ai  enfin  pu retrouver des nuits de sommeil. Mais j’ai très vite constaté  que  la  qualité  de  ce  sommeil  qui  s’offrait  à  moi  était médiocre; le sommeil profond était devenu un doux rêve pour moi.

Ces cachets auxquels j’étais en train de m’habituer me donnaient une quantité de sommeil dont je manquais mais sans aucune qualité évidemment. J’insiste sur le fait que les somnifères doivent être transitoires et chez moi,  ils  ont  été  une  solution  au  long  cours  malheureusement. Je suis devenue dépendante physiquement et psychologiquement. Je n’ai jamais (comme certains) augmenté  les  doses  mais  par  contre,  j’ai  pris  ces  somnifères durant 12 longues années et je le regrette amèrement.

Pourquoi le regrettez-vous?

Je regrette que mon médecin de l’époque n’ait pas pris mon problème plus au sérieux. Les benzodiazépines que je  prenais  à  l’époque  ne  devaient  pas  être  administrés plus de quatre semaines… Au pire, le traitement n’aurait pas  dû  excéder  12  semaines  d’affilée  et  la  prise  aurait  dû être discontinue. Imaginez, j’ai pris 1/2 comprimé quasi tous les soirs durant 12 ans. Je trouve qu’il aurait dû essayer de me proposer d’autres solutions.

Avez-vous eu des conséquences et si oui lesquelles ?

Oui évidemment, des conséquences terribles. L’accoutumance: dormir était devenu accessible donc je n’essayais même  plus de m’endormir naturellement. Des  pertes  de  mémoire:  j’ai  des  pans  entiers  de  ma mémoire  qui  ont  disparu.  Cela  est  complètement  perturbant, vous n’imaginez pas. J’ai eu de gros problèmes de concentration également.

Prenez-vous toujours quelque chose pour dormir? 

Aujourd’hui j’ai 50 ans  et il m’arrive  encore très régulièrement de prendre des anxiolytiques mais plus de somnifères.  C’est  très  curieux  car  il  y  a  des  soirs  où  je m’endors  très  vite  et  c’est  le  bonheur  pour  moi.  D’autres nuits  où  je  m’endors  mais  je  suis  sujette  à  des  réveils nocturnes…  Et  certains  soirs  où  le  sommeil  ne  vient pas.  Et  mon  sommeil  est  très  léger  et  pas  réparateur  du tout. C’est triste car dormir est un besoin essentiel. Je n’ai même pas la chance comme certaines personnes de pouvoir  faire  des  siestes.  J’en  suis  incapable  et  c’est  bien dommage car cela me ferait le plus grand bien.

Aviez-vous des problèmes personnels qui vous empêchaient de dormir? 

Non, absolument pas. Je suis mariée, heureuse, j’ai un travail  que  j’aime,  une  vie  sociale.  Je  n’ai  aucune  raison qui  justifie  ce  problème  récurrent  sauf  ma  fibromyalgie. Les  personnes  atteintes de cette  pathologie ont  très souvent  un sommeil perturbé, non récupérateur. Cela semble  être  mon  cas.  Le  problème  est  qu’à  force  de  mal dormir, on accumule un déficit de sommeil important. A  bien  y  réfléchir,  il  y  a  un  élément  qui  me  semble  perturbant  lors  de  mes  nuits.  En  effet,  je  suppose  que  la  plupart des  personnes  se  couchent  et  ne  réfléchissent  pas,  ne pensent pas. Moi… c’est juste une catastrophe, mon cerveau est en totale ébullition, je refais ma journée, je pense au  lendemain,  à  ce  que  j’ai  à  faire.  Je  ne  me  mets  jamais sur «pause» alors que j’en meurs d’envie. J’emporte avec moi  mon  stress,  mes  préoccupations,  mes  questionnements, des choses parfois d’une futilité exaspérante ! Il m’est impossible de déconnecter ou rarement.

Quel serait votre rêve aujourd'hui? 

Dormir  7  heure  d’affilée  d’un  sommeil  profond  et  récupérateur.  Ce  serait  un  pur  bonheur  pour  moi.  Eteindre cette ampoule qui brille dans ma tête et  qui m’empêche de me lover dans les bras de Morphée. J’ai très sincèrement abandonné tout espoir d’avoir des nuits normales et réparatrices. Je suis complètement résignée mais pas déprimée, rassurez-vous.

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