Dossier sensible au LuxembourgLa discussion sur le travail dominical est repoussée

Marc Hoscheid
C'est l'un des dossiers sensibles sur lesquels le gouvernement et les syndicats s'affrontent actuellement: le travail du dimanche. Une discussion à la Chambre a été reportée hier. Voilà pourquoi.
© AFP (Archiv)

Le gouvernement a déposé un projet de loi visant à autoriser les commerces à ouvrir plus longtemps ou plus souvent le dimanche. Non seulement les syndicats et les partis d’opposition s’y opposent, mais une partie du CSV, emmenée par le président du groupe parlementaire, Marc Spautz, est également mécontente du texte, et le Conseil d’État a aussi exprimé ses inquiétudes. Mercredi, le projet de loi figurait à nouveau à l’ordre du jour de la commission parlementaire compétente.

L’ambiance avant la réunion était étonnamment bonne. Même auprès du ministre du Travail, qui a dû faire face à une forte résistance de l’opposition ces dernières semaines et ces derniers mois. Sans oublier le Conseil d’État, qui n’a certes pas formulé d’opposition formelle dans son avis sur le projet de loi, mais a néanmoins donné matière à réflexion au législateur, en soulignant que si l’on souhaite trouver un équilibre entre le pragmatisme de l’employeur et la protection des salariés, il ne faut pas sous-estimer les effets négatifs que le travail dominical pourrait avoir sur la vie de famille.

De leur côté, les syndicats en ont remis une couche, en exigeant, dans une lettre adressée au Premier ministre Luc Frieden, que le travail dominical soit discuté lors de la réunion entre le gouvernement, le patronat et les syndicats du 9 juillet et que le texte de loi précise qu’une extension de 4 à 8 heures ne pourrait être possible que s’il existe une convention collective ou un accord interprofessionnel.

Discuter “sur un pied d’égalité”

En raison de la réunion du 9 juillet, le point sur le travail dominical a été retiré mercredi de l’ordre du jour de la Commission du Travail. Le fait qu’il y ait des revendications préalables n’enthousiasme pas le ministre du Travail Georges Mischo: “Ce n’est évidemment pas optimal et je pense que le Premier ministre va maintenant chercher à faire avancer le dialogue dans la bonne direction, afin que nous ne restions pas bloqués dès le début et que nous puissions tous discuter les uns avec les autres sur un pied d’égalité.”

Il y a un peu plus de compréhension au sein de l’opposition, mais aussi au sein de la majorité à la Chambre des députés.

Marc Spautz, président du groupe parlementaire CSV explique: “D’un côté, j’ai été un peu surpris par une telle lettre, mais d’un autre côté, je dois dire que j’ai aussi compris qu’ils voulaient rappeler ce qu’étaient leurs préoccupations et leurs priorités. Mais il est donc logique que s’ils formulent des revendications, les employeurs en formuleront également, si ce n’est pas déjà le cas. Je suis toutefois confiant que le 9, on pourra discuter de chaque dossier en toute connaissance de cause.”

Marc Baum, député déi Lénkpense qu’“qu’il s’agit surtout pour eux de dire ce que sera l’ordre du jour. Auparavant, ils ont dû faire l’expérience d’arriver dans de telles réunions institutionnelles et d’être plus ou moins traînés autour de la table. Donc, dire dès le début que c’est dans ce cadre-là que nous souhaitons discuter, si nous voulons mener la discussion sur un pied d’égalité, comme l’a dit le Premier ministre, je trouve cela tout à fait compréhensible.”

Écoute mutuelle

L’opposition est plutôt sceptique quant à la possibilité de trouver une solution en une seule réunion.

Georges Engel, député LSAP pense qu’”il faudra maintenant voir s’ils peuvent mettre tous ces sujets sur la table le 9 juillet. Cela m’étonnerait qu’ils y parviennent en une matinée. Sinon, ils devront prendre le temps, car cela fait aussi partie du dialogue social: chacun prend le temps d’écouter l’autre.”

Djuna Bernard, élue déi Gréng estime que “l’ensemble doit se dérouler dans un format où les participants s’écoutent mutuellement de manière constructive, lors d’une ou, très probablement, de plusieurs séances. Au fond, c’est ce qui définit une tripartite et c’est aussi le sérieux de la situation qui définit cela.”

Il reste à voir quelles en seront les répercussions sur les discussions de mercredi prochain.

Back to Top
CIM LOGO