L’incident, rare mais encadré par les procédures de sécurité aérienne, suscite des interrogations sur les conséquences environnementales et sanitaires d’un tel délestage.
L’appareil avait décollé peu avant 10h30 pour rejoindre New York, mais un problème détecté au niveau du train d’atterrissage a contraint le pilote à revenir vers Liège. Or, le poids maximal autorisé à l’atterrissage est inférieur à celui du décollage. Pour éviter d’endommager la structure de l’avion ou de dépasser les capacités de la piste, le commandant a déclenché la procédure dite de fuel dumping. Le kérosène a été évacué via des buses situées sur les ailes, au-dessus de communes comme Crisnée, Awans, Fexhe-le-Haut-Clocher, Verlaine, Donceel, Grâce-Hollogne, Remicourt et Saint-Georges-sur-Meuse. Après plusieurs rondes, l’avion a pu se poser sans encombre vers 11h45.
Selon les autorités aéroportuaires, une grande partie du carburant se vaporise en vol, réduisant l’impact direct au sol. Toutefois, les volumes évoqués – jusqu’à 100 tonnes – alimentent les inquiétudes locales. Le bourgmestre de Crisnée, Philippe Goffin, a annoncé vouloir obtenir le plan de vol précis et demander des analyses de pollution. Les riverains s’interrogent sur les retombées possibles pour l’air, les sols et les cultures, même si les experts rappellent que le kérosène se disperse rapidement et que les concentrations résiduelles sont généralement faibles.
Les spécialistes soulignent que le délestage de carburant reste une procédure exceptionnelle, utilisée uniquement en cas d’urgence. Les risques immédiats pour la santé sont jugés limités, car l’exposition directe est rare et le carburant se dilue dans l’atmosphère. Néanmoins, des études environnementales rappellent que ces largages contribuent à la pollution de l’air et peuvent entraîner des dépôts au sol, notamment sur les zones agricoles. Dans le cas présent, les communes concernées devraient recevoir un suivi spécifique, avec des prélèvements et analyses pour mesurer l’impact réel.
Cet incident met en lumière les tensions autour de Liège Airport, déjà critiqué pour les nuisances sonores et environnementales liées au trafic aérien croissant. Si la manœuvre a permis d’éviter un accident, elle relance le débat sur la gestion des urgences aériennes et sur la transparence des informations fournies aux habitants. Les autorités locales ont promis de communiquer les résultats des analyses dès qu’elles seront disponibles, afin de rassurer les riverains et d’évaluer les conséquences de ce largage inédit dans la région.
Le Luxembourg reste en marge de cet incident, même si la proximité géographique peut nourrir des inquiétudes. Les conséquences environnementales devraient rester confinées aux communes liégeoises directement survolées. Les autorités luxembourgeoises n’ont pas annoncé de mesures particulières, mais il est probable que le sujet soit suivi dans le cadre des coopérations transfrontalières sur la qualité de l’air.
