
Une scène posée sur un lac. Il n’en fallait pas plus pour créer un concept, enflammer un public et donner à l’écrin de Neufchâteau un visage qu’on ne lui connaissait pas. Le Summer Lake Festival faisait partie des petits derniers dans la grande famille des concerts de la Province mais la cinquième édition ne viendra pas égayer les habitués d’un rendez-vous qui drainait 10.000 personnes au cœur de l’été. Si les organisateurs évoquaient le besoin de repenser le concept, le difficile équilibre financier faisait forcément partie d’une équation dont ils ne sont pas les seuls à essayer de résoudre.
On rappellera que le Ward’in Rock Festival, longtemps porte-drapeau de la Province, s’est retiré après plus de 20 ans, essoufflé par un modèle économique énergivore et chronophage, peu en adéquation avec le fonctionnement d’un ensemble de bénévoles.
La crise sanitaire continue de charrier derrière elle des boulets aussi lourds à porter qu’une croix. Les sponsors se font rares, voire moins généreux dans leurs engagements. Les cachets des groupes ont augmenté. Les tournées restant un moyen efficace de faire rentrer de l’argent dans les caisses à l’heure où l’industrie musicale s’est réinventée, vivant à l’ère du numérique avec les avantages et les inconvénients de la chose. La logistique n’est pas non plus une mince affaire dans un budget festival qui ne peut plus se permettre de lésiner sur la sécurité et donc sur les coûts exorbitants qui vont avec.
Il faut donc tabler sur une fidélité de tous les instants d’un public demandeur, mais dont le pouvoir d’achat n’est pas extensible à merci dans le contexte économique actuel. Même le Baudet’stival, à Bertrix, devenu “The Place to Be” de l’autre côté de la frontière, s’est interrogé sur sa pérennité.
Il joue sur un budget qui oscille entre 1,3 et 1,5 M d’euros et a essuyé de pertes de l’ordre de 200 à 300.000 euros l’an dernier, ce qui pourrait donner à l’édition 2025 une allure de quitte ou double.
Les organisateurs ont misé sur des noms connus pour faire le plein comme Gims, Kendji, Vitaa ou encore Eddy de Pretto qui se relayeront sur la scène de la Place des 3 Fers ces 11, 12 et 13 juillet.
Il reste à prier pour que la météo soit au rendez-vous pour que ce festival familial s’inscrive dans la durée. Comme a réussi à le faire les Aralunaires alors que le Let There Be Rock, à Vielsam, n’a pas totalement rencontré son public désiré le week-end dernier.
Les amateurs de musique trouveront aussi leur compte dans les prochaines semaines avec le Donkey Rock Festival les 8, 9 et 10 août à Sélange, près de Messancy ou, dans un tout autre genre avec le 45e Gouvy Jazz & Blues Festival, les 1, 2 et 3 août et avec le Gaume Jazz Festival les 8, 9 et 10 août.
La Province n’a pas encore rendu les armes. Le Festival international des arts de la rue de Chassepierre (16 et 17 août) et, dans un tout autre genre, la Foire Agricole de Libramont (25 au 28 juillet) restent des piliers quasiment indéboulonnables du paysage.