
Mieux vaut anticiper que de constater les dégâts. Promemploi, qui regroupe les forces vives socioéconomiques de la Province de Luxembourg et qui poursuit la mission de développer quantitativement et qualitativement l’offre d’accueil pour soutenir vie familiale et vie professionnelle, a fait le point sur la situation.
“La situation est bonne mais fragile. La province compte 3.083 places d’accueil pour la petite enfance, 88 crèches et plus de 200 accueillantes”, détaille Sylvie Lefèbvre, directrice de l’asbl.
Les taux d’occupation sont élevés. Au-dessus de 100% dans la majorité des communes. Ce qui veut dire qu’il n’y a quasiment aucune place libre et que les parents doivent prendre leur mal en patience.
“Et la province dispose d’un taux de couverture de 40,8%, ce qui signifie qu’il existe 40 places pour 100 enfants. On n’est pas le meilleur élève de la Fédération Wallonie-Bruxelles mais pas le pire non plus. L’Europe nous demande de dépasser les 33%. Ce qui ne nous empêche pas de déployer des moyens pour encore faire mieux.”
L’asbl pousse pour l’ouverture d’endroits mais ça ne compense pas les fermetures constatées un peu partout. Sylvie Lefèbvre en explique la raison. “Le chèque-service accueil au Grand-Duché a été un coup dur pour nous. Beaucoup d’enfants ont migré vers des structures d’accueil de l’autre côté de la frontière, ce qui a non seulement entraîné la fermeture de structures ici mais aussi l’arrêt de certaines indépendantes.”
Le Grand-Duché ne s’est pas bien sûr pas gêné pour capter le personnel frontalier diplômé et les difficultés de recrutement ont constitué un frein au développement en province.
D’autres dangers guettent le secteur. La volonté d’économie témoignée par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’envoie pas de signal positif et la réforme des APE (aides publiques à l’emploi) pourrait fragiliser encore davantage le secteur. “Les contours de cette réforme ne sont pas encore définis mais on craint qu’elle ne soit l’occasion de revoir le mode et le volume de redistribution de subsides. Et la petite enfance en reçoit beaucoup.”
Cette potentielle non indexation des subventions a été expliquée aux acteurs locaux qui risquent de vivre des mois et des années difficiles. “Il va sans doute falloir opérer des choix, c’est la raison pour laquelle on s’est permis d’éclairer les pouvoirs organisateurs pour qu’ils agissent en connaissance de cause afin de limiter les effets sur les enfants, les familles et les travailleurs du secteur”, ponctue Sylvie Lefèbvre.