Nos collègues de RTL Today ont parlé à Michèle Bressanutti,directtrice de l'Office national de l'enfance (ONE) sur les familles d'accueil.

Au Luxembourg, pour protéger les enfants dont les parents éprouvent des difficultés à répondre à leurs besoins fondamentaux, une prise en charge en famille d'accueil ou en institution est parfois nécessaire. La famille d'accueil n'a pas de profil type et peut être composée de couples, de personnes seules ou de familles prêtes à offrir un foyer sécurisant à des enfants vulnérables.

Selon Michèle Bressanutti, directrice de l’Office national de l’enfance (ONE), "lorsqu'il est nécessaire de séparer un jeune enfant de sa famille biologique, le placement en famille d'accueil est préférable au placement en institution." Elle explique : "La famille d'accueil peut offrir un environnement calme, sûr, stable, chaleureux et stimulant. C'est un environnement qui met l'accent sur des liens familiaux forts avec l'enfant, protégeant ainsi son bien-être et défendant ses intérêts."

Au 1er avril 2024, 533 enfants âgés de 0 à 18 ans étaient pris en charge en famille d'accueil. Parmi eux, 440 enfants ont été placés par décision judiciaire, leur bien-être ne pouvant plus être garanti au sein de leur famille. Les 153 autres placements résultent de demandes volontaires des parents ou de travailleurs sociaux, souvent pour cause de difficultés familiales. Mme Bressanutti précise que tous les efforts sont faits pour "faciliter un contact permanent entre les parents et l'enfant pendant que ce dernier est placé en famille d'accueil."

Les placements s'accompagnent de règles strictes : l’âge maximum pour devenir parent d’accueil est de 50 ans, et chaque famille peut accueillir jusqu'à quatre enfants. Le pays compte actuellement 475 familles d'accueil, certaines prenant en charge plus d’un enfant.

Les trois services d'accueil au Luxembourg qui sont des partenaires professionnels de ONE sont ARCUS, la Croix-Rouge luxembourgeoise et Lëtzebuerger Kannerduerf.

Répondre aux besoins de l'enfant

Lorsqu'il est nécessaire de retirer de jeunes enfants de leur famille biologique, le placement en famille d'accueil est privilégié pour leur offrir un environnement propice à un développement émotionnel sain. En effet, selon Michèle Bressanutti, "pour les bébés, il est toujours préférable d'être dans une famille d'accueil pour permettre un attachement sain plutôt que dans une structure. La plupart des enfants placés en famille d'accueil ont entre 0 et 12 ans."

Elle précise que le placement en famille d'accueil "répond mieux aux besoins d'attachement de l'enfant, c'est pourquoi cette forme de placement est privilégiée pour les très jeunes enfants."

Le bien-être de l'enfant reste au cœur de chaque décision : "Nous prenons toujours en compte les besoins de l'enfant et le cadre de sa famille biologique, car l'objectif premier de tout placement en famille d'accueil ou en institution est de répondre aux besoins, aux intérêts et au bien-être du mineur."

Réintégration

Pour que la réintégration d'un enfant dans sa famille biologique soit envisageable, les parents doivent démontrer leur capacité à résoudre les difficultés qui ont initialement motivé le placement, explique Michèle Bressanutti. Selon elle, "l'objectif premier de tout placement est la réintégration familiale, à condition que les parents puissent assurer la sécurité et le bon développement de leur enfant." La décision de réintégration est prise par le juge des enfants, celui-là même qui a ordonné le placement en famille d'accueil.

L'Office National de l'Enfance (ONE) joue un rôle essentiel dans le suivi des placements en famille d'accueil, en évaluant régulièrement les besoins spécifiques de chaque enfant et en émettant des avis sur les éventuelles réintégrations familiales. "Comme les besoins de chaque enfant sont différents et que les raisons du placement varient, la durée des placements varie également", précise Mme Bressanutti.

Elle souligne que "l'objectif n'est pas de garder un enfant en famille d'accueil jusqu'à ce qu'il ait 18 ans ou qu'il soit pris en charge par le système." Au contraire, l'orientation reste centrée sur la possibilité de réunification familiale : « Lorsque la réintégration est possible et que la sécurité de l'enfant est garantie, l'objectif ultime est de réunir l'enfant avec sa famille biologique."

Sensibilisation

L’Office National de l’Enfance (ONE) organise régulièrement des campagnes de promotion en collaboration avec ses partenaires pour valoriser le rôle essentiel des familles d’accueil et attirer de nouveaux candidats, explique Michèle Bressanutti. Ces campagnes visent à mettre en avant le travail remarquable des parents d'accueil et à sensibiliser le public à l'importance de ce rôle.

Mme Bressanutti ajoute que des recherches comparatives menées par l’ONE ont montré des résultats encourageants concernant le nombre de familles d'accueil au Luxembourg. "Nous avons comparé le nombre de familles d'accueil dans d'autres pays comme la Belgique, la France, l'Allemagne et l'Autriche. Nous avons regardé combien de familles d'accueil il y avait dans ces pays et, au prorata, le Luxembourg a un nombre similaire de familles d'accueil. Le pourcentage est le même pour tous les pays que nous avons étudiés."

Ces observations confirment que le Luxembourg est en bonne position pour répondre aux besoins de placement en famille d'accueil par rapport à d’autres pays européens.

Comment devenir parent d'accueil ?

Toute personne souhaitant devenir parent d'accueil au Luxembourg doit d'abord prendre contact avec l'un des trois services de soutien agréés — ARCUS, la Croix-Rouge luxembourgeoise ou Lëtzebuerger Kannerduerf — qui l'accompagnera dans les démarches initiales.

Comme indiqué sur MyGuichet, les futurs parents d'accueil doivent suivre une procédure de "sélection, préparation et formation" de 30 heures auprès de l'un de ces services pour obtenir le certificat de sélection, un prérequis pour continuer dans la démarche. Une formation de base de 54 heures, organisée sous la supervision du Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse (MENJE), est également obligatoire pour toute personne sélectionnée.

Une fois certifiés comme parents d'accueil, ils doivent également participer chaque année à des sessions de formation continue et/ou de supervision pour un minimum de 12 heures. La maîtrise d’au moins une des trois langues officielles du Luxembourg (luxembourgeois, allemand ou français) est indispensable pour assurer une bonne communication avec l’enfant placé et les services de soutien.

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