Bien avant de pouvoir mettre des mots sur leur mal-être, les enfants expriment leur détresse à travers leur comportement.

Les enfants n’ont pas toujours les mots pour dire que quelque chose ne va pas, mais leur comportement, lui, parle souvent à leur place. Savoir reconnaître les premiers signes d’épuisement, d’intimidation ou de mal du pays peut prévenir une détresse émotionnelle durable, et aider les plus jeunes à mieux gérer les émotions complexes liées aux changements, à l’expatriation ou aux défis sociaux.

Pour mieux comprendre comment les parents peuvent soutenir un enfant en souffrance, RTL Today s’est entretenu avec Béatrice Ruppert, directrice adjointe de la Fondation Pro Familia.

Burnout chez l’enfant : quand la surcharge émotionnelle prend le dessus

Si le burnout est souvent associé au monde adulte, les enfants ne sont pas épargnés. Selon Béatrice Ruppert, ils peuvent eux aussi souffrir d’un épuisement émotionnel, souvent causé par des conflits familiaux persistants, un stress scolaire chronique ou des attentes trop élevées qu’ils ne parviennent plus à combler.

Les signes avant-coureurs peuvent être les suivants:

  • tristesse ou anxiété 
  • irritablité
  • Plaintes physiques

Ces réactions sont normales dans certaines situations, précise Ruppert, mais elles deviennent préoccupantes lorsqu’elles sont fréquentes, intenses ou durables, au point d’entraver le bien-être et le quotidien de l’enfant.

Ces signes ne doivent pas être minimisés : ils agissent comme un système d’alerte. Même sans mots, un enfant peut faire comprendre qu’il est en souffrance et a besoin d’aide. C’est à l’adulte d’écouter, d’observer et d’interpréter ces signaux.

En identifiant ce qui pèse sur l’enfant, les parents peuvent agir : encourager l’expression des émotions, offrir des moments de répit, ou encore adapter l’environnement scolaire ou familial pour le rendre plus apaisant.

Les signes qui alertent

Les brimades désignent des actions ou paroles répétées visant à rabaisser, humilier ou intimider un enfant, dans le cadre d’une relation prolongée avec une personne connue de l’enfant. Elles peuvent survenir à l’école, au sein de la famille ou dans des clubs de loisirs. À cela s’ajoute le cyberharcèlement, de plus en plus courant : diffusion de photos ou vidéos humiliantes, messages insultants ou pressions psychologiques via les réseaux sociaux.

Les brimades provoquent souvent chez l'enfant un sentiment d'impuissance et d'isolement, avec des effets à long terme sur l'estime de soi et la confiance en soi.

Les signes qui peuvent alerter sont les suivants:

  • Retrait social
  • Irritabilité
  • tristesse persistante
  • Plaintes physiques (maux d'estomac, maux de tête, etc.)

"Il n’existe pas de symptôme unique ou évident", explique Béatrice Ruppert. "Le harcèlement est souvent difficile à détecter, surtout lorsque l’enfant ne parle pas. Par peur, honte ou culpabilité, certains préfèrent se taire."

C’est pourquoi il est essentiel de surveiller les changements de comportement et de maintenir un climat de confiance. Un enfant qui se sent écouté et soutenu sera plus enclin à parler de ce qu’il vit.

Les enfants expatriés sont-ils plus vulnérables ?

Les enfants perçus comme “différents” – par leur origine culturelle, sociale ou linguistique – sont parfois plus vulnérables face aux brimades, en particulier lorsqu’ils présentent aussi une fragilité émotionnelle. Mais Béatrice Ruppert nuance : tous les enfants “différents” ne sont pas harcelés.

" Le risque augmente surtout quand ces différences s’accompagnent d’une faible estime de soi ou d’une certaine fragilité émotionnelle", précise-t-elle. "Ce n’est pas le simple fait d’être expatrié ou de ne pas parler la langue locale qui rend un enfant plus vulnérable, mais la manière dont il est perçu. Un enfant qui semble manquer de confiance en lui devient une cible plus facile."

Mal du pays : reconnaître le sentiment de perte lié à une vie laissée derrière

Un déménagement à l’étranger peut provoquer chez un enfant un véritable sentiment de perte : éloignement de la famille, séparation des amis, disparition des repères culturels familiers. Cette transition est d’autant plus difficile lorsque le nouvel environnement est très différent du pays d’origine.

"Cette situation peut créer un sentiment d’insécurité, surtout durant la phase d’adaptation à un nouveau mode de vie", explique Ruppert.

Les signes peuvent être les suivants:

  • tristesse, frustration, colère
  • Difficulté à se faire de nouveaux amis

Pour accompagner au mieux les enfants dans cette étape délicate, le lien avec leur vie antérieure est essentiel : maintenir le contact avec leurs proches, préserver certains rituels ou traditions, tout en les aidant à prendre confiance en eux dans leur nouvel environnement.

"Nous pouvons les soutenir en valorisant leurs origines et en les aidant à s’épanouir dans leur nouveau cadre de vie", souligne Ruppert.

Il est aussi crucial de reconnaître et valider les émotions qu’ils peuvent ressentir. Les enfants ont besoin d’adultes stables, bienveillants et à l’écoute, capables de leur offrir un cadre sécurisant et chaleureux, pour qu’ils se sentent accueillis et pleinement intégrés à leur nouveau quotidien.