
Nimkee Gupta Cancer Survivor / © Nimkee Gupta
Du diagnostic à la rémission partielle, Nimkee partage avec courage son parcours face au cancer et les leçons tirées de cette épreuve.
Symptômes et diagnostic
Nimkee Gupta, résidente au Luxembourg, se trouvait en vacances dans son pays natal, l’Inde, lorsque sa vie a basculé. Un simple examen médical de routine a révélé une tumeur, suivie d’un diagnostic accablant : un cancer de l’ovaire de stade 3.
Surnommé le "tueur silencieux", le cancer de l’ovaire se manifeste par des symptômes discrets – fatigue persistante, ballonnements, diarrhée, douleurs abdominales – souvent confondus avec ceux d’autres affections comme le syndrome du côlon irritable, le syndrome prémenstruel, l’endométriose, voire la dépression.
"Le symptôme le plus évident était la fatigue", confie Nimkee. "Comme cela peut être lié au SPM ou au stress quotidien, je ne me doutais pas qu’il pouvait s’agir d’un cancer. Mon ventre était un peu gonflé, mais ce n’était pas comme d’habitude. J’ai eu la chance que la tumeur soit détectée lors d’un contrôle de routine."
Ce qui devait être un séjour d’une semaine s’est rapidement prolongé. Elle a choisi de rester en Inde pour suivre un traitement.
"Mes parents sont médecins, ce qui m’a permis d’obtenir rapidement un rendez-vous avec un spécialiste. En quelques jours, la biopsie a confirmé le diagnostic. Nous avons alors consulté plusieurs oncologues à travers le pays, et j’ai pu choisir un consultant. Heureusement, il n’y avait pas de métastases, mais une chirurgie suivie de six cycles de chimiothérapie m’a été immédiatement recommandée."
Traitements et interventions chirurgicales
Très vite, Nimkee a compris que son combat serait plus complexe que prévu. "De novembre 2023 à février 2024, j’ai subi au moins trois interventions chirurgicales par mois, en raison de complications et d’infections", raconte-t-elle. Naviguer dans les démarches administratives à l’étranger n’a pas été simple : le système de remboursement de la CNS (Caisse nationale de santé) s’est avéré difficile à comprendre depuis l’Inde. Heureusement, grâce au soutien de son employeur, elle a pu faire valoir ses droits et obtenir le remboursement de ses frais médicaux.

Nimkee in hospital during treatment / © Nimkee Gupta
De retour au Luxembourg, elle a également bénéficié d’une prise en charge pour ses séances de physiothérapie, ainsi que d’indemnités journalières pendant toute la durée de son arrêt de travail. Un soutien qu’elle ne prend pas pour acquis : "J’en suis extrêmement reconnaissante."
Face à la chimiothérapie, Nimkee a choisi de garder la main sur son image. "Quinze jours après le début du traitement, j’ai commencé à perdre mes cheveux. Je savais que cela arriverait, alors j’ai pris les devants : je me suis rasé la tête et j’ai fait confectionner une perruque."
Une décision autant pratique qu’émotionnelle, notamment pour préserver la relation avec son jeune fils. "Je ne savais pas comment il réagirait en me voyant chauve. Porter une perruque m’a permis de maintenir une forme de normalité à la maison." Pour Nimkee, il existe de nombreuses façons d’affronter la maladie : "Pour moi, s’entourer de beauté en fait partie."
Réseau de soutien
L’un des grands réconforts de recevoir son traitement en Inde a été de pouvoir compter sur le soutien de ses parents et de sa famille élargie. Un appui précieux, en particulier pour son fils de six ans. "Pendant environ douze jours autour de mon opération, je ne l’ai pas vu en personne. On s’appelait au téléphone, mais c’était difficile", confie Nimkee.
Après chaque séance de chimiothérapie, elle s’isolait une semaine pour protéger son système immunitaire. "Même si je devais rester à l’écart, mon fils était entouré d’amour et de stabilité. On avait organisé plein d’activités pour lui. Il a appris à dessiner, à jouer au football et au cricket."
Consciente de l’importance de la continuité scolaire, Nimkee et son mari ont contacté l’école luxembourgeoise de leur fils depuis l’Inde. "Pour qu’il ne prenne pas de retard, son enseignant lui a proposé deux cours par semaine. On se connectait sur Teams pour des séances de lecture. L’école nous a vraiment soutenus, c’était remarquable."
De retour au Luxembourg, le professeur a rapidement détecté que le petit garçon traversait une phase de repli. "Il était plus silencieux que d’habitude, mais il a vite retrouvé sa vivacité."
La guérison sous toutes ses formes
Pour Nimkee, la musique est bien plus qu’un passe-temps : c’est un véritable baume pour l’âme. "Nous sommes une famille musicale : je chante, mon mari joue du piano et de la guitare, et mon fils suit des cours de musique classique, occidentale et indienne." Lorsque le professeur de son fils a appris son diagnostic, il l’a invitée à participer aux cours. Une proposition qui s’est révélée précieuse. "Je m’asseyais dans la classe et je chantais avec lui. Ça me faisait du bien."
Mais la musique n’est qu’une facette de sa stratégie de guérison. L’activité physique et une alimentation saine sont devenues centrales dans son quotidien après son hystérectomie. Elle suit désormais un régime strict, sans viande, produits laitiers ni alcool. Par solidarité, son mari et son fils ont aussi adopté ce mode de vie. "Les aliments transformés et sucrés sont tellement ancrés dans notre quotidien que changer demande un vrai effort. Je sais que cela n’a pas été facile pour mon mari."
Outre la médecine conventionnelle, Nimkee a recours à des pratiques complémentaires comme l’ayurvéda, le reiki et la méditation, qui l’aident à atténuer les effets de son traitement d’entretien. La thérapie joue également un rôle central dans son équilibre mental. "Je suis en thérapie depuis des années. Ce n’est plus seulement pour résoudre des problèmes, mais pour m’explorer en profondeur."
Elle espère transmettre cette conscience de soi à son fils. Ensemble, ils ont participé à des séances de thérapie familiale. "Mon thérapeute me répète que cette expérience peut rendre mon fils plus fort, à condition de bien doser ce que je partage avec lui. Il n’y a aucun besoin de cacher la vérité, tant qu’on ne lui projette pas ses propres peurs."

Nimkee with her family before cancer / © Nimkee Gupta
Communiquer ouvertement
Nimkee et son mari ont toujours mis un point d’honneur à encourager une communication ouverte au sein de la famille. Leur fils, aujourd’hui âgé de sept ans, n’hésite pas à poser des questions sur des sujets profonds, comme la mort. "Il nous demande : “Que se passe-t-il après la mort ? Est-ce que je vais mourir ? Est-ce que tu vas mourir ?” ou “Je suis malade, est-ce que je vais mourir ?”", raconte Nimkee. Pour elle, l’important est de comprendre ce qui motive ces questions : une simple curiosité ou une véritable inquiétude. "Il sait très bien, d’un point de vue factuel, que tout le monde meurt. Alors on parle philosophie avec lui. On lui explique que la vie est un voyage, et que ce voyage compte autant que la destination. Et puis, on essaie de garder une touche d’humour : si ce n’est pas amusant, à quoi bon ? Autant mourir d’ennui !"
Un état d’esprit que leur fils semble avoir parfaitement intégré. Nimkee se souvient d’un moment particulièrement émouvant survenu lors d’un festival, il y a quelques mois. Son fils y a interprété la chanson Unstoppable de Sia. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait choisi ce titre, il a simplement répondu : "Je ne sais pas… Ça me rappelle comment tu t’es rétablie." Nimkee, touchée, confie : "J’étais à la fois surprise et fière. Il a seulement sept ans, et il pense déjà comme ça. C’est incroyable."

Nimkee after chemotherapy / © Nimkee Gupta
Partager son histoire
Aujourd’hui, Nimkee se consacre à plusieurs projets de sensibilisation autour du cancer, de la prévention, du dépistage précoce et de la santé des femmes. Son objectif : briser le silence et encourager la parole. "Le plus grand problème que je constate chez de nombreux patients atteints de cancer, c’est qu’ils n’osent pas parler de ce qu’ils ont vécu, parce que c’est trop triste. Pourtant, même une fois la chimiothérapie ou l’opération terminée, le cancer laisse une cicatrice mentale immense."
Portée par une énergie combative, elle transforme sa colère en action. "Je me suis dit que la seule façon de répondre à cette maladie, c’était de sensibiliser." En racontant son histoire, Nimkee espère éveiller les consciences, inciter à la vigilance, et rappeler que la guérison ne se limite pas à l’aspect physique. "Je crois profondément que lorsqu’on reste ouvert, des choses positives arrivent."
Suivez Nimkee sur LinkedIn, Instagram ou Facebook pour plus d'informations sur le cancer de l'ovaire, son travail avec la World Ovarian Cancer Coalition et des nouvelles de son parcours personnel.
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