Communiquer avec une personne atteinte d’un cancer demande de la délicatesse et de la réflexion. Il n’est pas toujours facile de savoir quoi dire.

La Fondation luxembourgeoise contre le cancer estime qu’environ 18 000 citoyens vivent actuellement avec la maladie, et que près de 3 400 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Le cancer est l’une des pathologies les plus courantes au Luxembourg. Il est donc probable que chacun d’entre nous connaisse au moins une personne touchée, directement ou indirectement.

Mais lorsqu’un proche reçoit un diagnostic de cancer, beaucoup d’entre nous se sentent démunis. Que dire ? Que faire ? Faut-il aborder le sujet ou l’éviter ? Comment apporter du soutien sans blesser ?

Problèmes de communication 

Beaucoup de patients atteints de cancer racontent que leurs proches ne savent pas toujours comment réagir après l’annonce du diagnostic. Faut-il en parler ou, au contraire, éviter le sujet ? Certains se sentent à l’aise pour poser des questions sur le traitement ou la douleur, mais hésitent lorsqu’il s’agit d’aborder les émotions plus profondes.

Avant de poser une question, demandez-vous ce que vous attendez comme réponse. Voulez-vous simplement savoir comment va la personne physiquement ? Êtes-vous prêt à entendre ses peurs ou ses inquiétudes ? Quelle que soit votre intention, assurez-vous d’avoir le temps et la disponibilité émotionnelle pour vraiment écouter ce que votre proche a à dire.

Apprendre à écouter

Beaucoup d’entre nous ont un réflexe naturel : résoudre les problèmes. Face à la souffrance d’un proche, il peut être difficile de rester dans l’écoute sans chercher une solution. Donner des conseils ou faire des suggestions semble utile et souvent, c’est une manière sincère d’exprimer son affection.

Mais pour les personnes atteintes d’un cancer, ce dont elles ont le plus besoin, parfois, c’est simplement d’être écoutées, sans jugement ni tentative de “réparer” quoi que ce soit.

Nous voulons tous soulager nos proches, et nos questions partent souvent d’un véritable élan d’amour. Après avoir échangé avec des patients, voici quelques conseils simples pour mieux communiquer avec une personne atteinte de cancer.

Évitez de dire : Comment allez-vous ?

Avant de demander "Comment vas-tu ?", prenez un instant pour réfléchir : Pourquoi est-ce que je pose cette question ? Est-ce vraiment pour lui, ou plutôt pour me rassurer moi-même ?

Aussi banale qu’elle puisse paraître, cette question peut être pesante, surtout pour une personne atteinte de cancer. Elle suppose souvent une réponse trop large, trop vague ou trop difficile à formuler. Si vous n’êtes pas prêt à entendre une réponse honnête, ou si vous n’avez pas le temps d’écouter pleinement, mieux vaut s’abstenir. À la place, privilégiez des questions concrètes, plus faciles à aborder :

"As-tu bien dormi ?", "Est-ce que la douleur est supportable aujourd’hui ?", "Tu as pu manger un peu ?"
Ces questions invitent à un échange sincère, sans pression, et montrent que vous êtes réellement attentif à ce que vit votre proche.

Évitez de dire : Tu as l'air en pleine forme !

Évitez les commentaires sur l’apparence physique. Votre proche sait déjà que ses cheveux tombent, que son corps change, que les traitements laissent des traces. Même si vous pensez bien faire en disant « Tu as l’air en forme », cela peut sonner faux ou maladroit.

À la place, choisissez des mots qui portent sur la personne, pas sur son apparence : "Tu es incroyablement fort(e)", ou "Tu restes beau/belle à mes yeux".

Évitez de dire: Je connais quelqu'un qui a eu ça 

Évitez les comparaisons, même bien intentionnées. Dire "Je connais quelqu’un qui a eu la même chose…" peut donner l’impression que vous minimisez ce que traverse votre proche. Chaque parcours face au cancer est unique, avec ses propres émotions, défis et traitements.

Votre proche n’a pas besoin de conseils non sollicités sur un régime miracle, un complément alimentaire ou une méthode qui a “marché pour quelqu’un d’autre”. Ce qu’il ou elle a surtout besoin de sentir, c’est que vous êtes là.

Évitez de dire: Tout ira bien

Comment pouvez-vous savoir que tout ira bien ? À moins d’être un oncologue qualifié, ce genre d’affirmation repose rarement sur des faits médicaux. Dire plutôt : "Je suis vraiment désolé. J’espère que tout ira bien" témoigne d’empathie et d’un optimisme sincère.

Évitez de dire : Tu peuxc te battre ! N'abandonne pas !

Dire à un proche de “se battre” ou de “rester positif” peut, malgré les bonnes intentions, avoir l’effet inverse. Cela peut faire naître un sentiment de culpabilité ou d’échec, surtout lors des jours où la tristesse, la peur ou l’épuisement prennent le dessus.

Ce que votre proche a besoin de ressentir avant tout, c’est que vous êtes là. Montrez-lui votre affection de manière simple et sincère : offrez-lui un moment de douceur, proposez une sortie à l’air libre, prenez-le dans vos bras. Ces gestes parlent souvent plus fort que les mots.

Évitez de dire : Dis-moi si je peux faire quelque chose

On dit souvent : "Dis-moi si je peux faire quelque chose." Mais cette phrase, bien qu’empathique, reste trop vague. La plupart des gens hésitent à demander de l’aide, de peur de déranger ou d’être un fardeau. À la place, proposez des actions concrètes :

"Je t’apporte le dîner ce soir", "Je peux emmener les enfants à l’entraînement", "Je passerai demain matin pour ranger un peu."

Ces gestes simples peuvent alléger considérablement le quotidien. Ajoutez toujours que vous n’attendez rien en retour. Et soyez attentif à l’état d’esprit de votre proche : l’aider à faire une lessive est utile, mais si vous sentez qu’il ou elle a besoin de calme, partez discrètement.

Aider de loin 

Les expatriés, ou toute personne ne pouvant être présente physiquement, peuvent tout de même apporter un soutien précieux à distance. Une carte écrite à la main, par exemple, est un geste simple mais profondément touchant.
Envoyer des fleurs peut égayer une journée, mais des aides plus concrètes, comme le paiement d’une aide-ménagère, l’envoi de bons d’achat ou la mise en place d’une livraison de repas, peuvent réellement alléger la charge mentale.
Partager des liens vers des groupes de soutien ou des services locaux montre aussi que vous êtes attentif aux besoins de votre proche, même à des kilomètres de distance.

Envoyer des textos

Évitez de submerger votre proche de questions, même bienveillantes. Cela peut devenir épuisant. À la place, montrez-lui que vous pensez à lui sans lui imposer d’interaction.

Envoyez une photo, un mème drôle, une recommandation de livre ou de film. Un simple message du type "Je pense à toi, pas besoin de répondre" peut faire beaucoup de bien. Cela soulage de l’obligation de répondre immédiatement, tout en maintenant le lien.

Et pourquoi pas suggérer qu’un simple emoji suffit ? Cela permet de rester en contact sans pression.

Vous ne savez pas quoi dire?

N’ayez pas peur d’être honnête. Il vaut mieux dire "Je ne sais pas trop quoi dire" que de rester silencieux par peur de mal faire. Admettre votre incertitude montre votre sincérité, bien plus que des phrases toutes faites.

Ne sous-estimez jamais la portée d’un petit message. Un simple "Je pense à toi" ou "Je suis là si tu as besoin" peut vraiment illuminer la journée de quelqu’un et lui rappeler qu’il n’est pas seul.

Laissez le silence parler

Lorsque vous êtes auprès de votre proche, rappelez-vous : vous n’avez pas toujours besoin de parler. Parfois, le plus grand soutien consiste simplement à écouter. Laissez-le ou la s’exprimer, pleurer, se taire, ou même s’emporter. Accueillez ces moments sans jugement. Votre présence silencieuse peut dire bien plus que des mots.

En prenant le temps de comprendre les besoins de vos proches, vous cultivez une communication plus ouverte et empathique – un soutien réellement adapté à ce qu’ils traversent.

Pour aller plus loin, voici quelques ressources utiles :