L'équipe de RTL Today a discuté avec Claudine Koster, directrice du Service Adoption de la Croix Rouge luxembourgeoise sur l'adoption.

L’adoption crée de nouveaux liens familiaux en offrant aux enfants dans le besoin l'opportunité de grandir dans un environnement sain et bienveillant. Les parents adoptifs et les enfants tissent des liens durables, avec les mêmes droits et responsabilités juridiques qu’une relation biologique parent-enfant.

Cependant, malgré les nombreux aspects positifs, le processus d’adoption reste complexe et long, en raison des évaluations rigoureuses visant à s'assurer que les futurs parents sont aptes à accueillir un enfant.

Au Luxembourg, trois services d’adoption sont accrédités par l’autorité centrale, qui est le ministère de l'Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse (MENJE). Celles-ci sont:

  • Service Adoption de la Croix-Rouge luxembourgeoise (partenariats avec la Bulgarie, le Burkina Faso, le Portugal et la Slovaquie) - c’est également la seule agence agréée pour les adoptions nationales et internationales. 
  • Amicale Internationale d’Aide à l’Enfance (AIAE) (partenariats avec le Vietnam et l’Inde).
  • Naledi (partenariat avec l'Afrique du Sud).

Dans certains cas exceptionnels, le MENJE peut mandater la Croix-Rouge pour superviser des adoptions dans d’autres pays que ceux avec lesquels des partenariats officiels existent.

Adoptions récentes au Luxembourg

En 2023, un total de 27 enfants ont été adoptés par des résidents du Luxembourg, dont 13 filles et 14 garçons, selon les statistiques du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse (MENJE). Parmi eux, huit enfants étaient luxembourgeois, incluant six nouveau-nés et deux enfants plus âgés.

Concernant les adoptions internationales, 19 enfants ont trouvé un nouveau foyer au Luxembourg. Dix enfants provenaient d'Afrique du Sud, cinq de Bulgarie, un du Burkina Faso et trois de Corée du Sud. Sur ces 19 enfants, 14 avaient entre un et quatre ans, et cinq étaient âgés de cinq à neuf ans à leur arrivée. Quinze de ces enfants avaient des besoins spécifiques, selon le MENJE.

Types d'adoptions

Au Luxembourg, deux types d'adoption sont disponibles pour les résidents nationaux et étrangers, selon l'Office national de l'enfance (ONE) :

L'adoption simple permet à la personne adoptée de conserver tous ses droits et obligations dans sa famille d’origine, et notamment ses droits héréditaires.

L’adoption plénière confère à l’adopté et à ses descendants les mêmes droits et obligations que s’il était né du mariage des adoptants. L’adoption se substitue à la filiation d’origine et rompt tout lien de l’adopté avec sa famille de sang, sauf lorsque l’adoption vise l’enfant du conjoint : dans ce cas, elle laisse subsister sa filiation d’origine à l’égard du conjoint et de sa famille.

Pas un Plan B

Les personnes qui envisagent d'adopter doivent comprendre dès le départ que l'adoption ne doit jamais être un plan B, explique Claudine Koster, directrice du service d'adoption de la Croix-Rouge luxembourgeoise.

"L'adoption doit être un nouveau plan A. Si le couple désire fortement avoir un enfant biologique, alors ce n'est pas le bon choix pour eux," déclare-t-elle.
 

Qui peut adopter ? 

Mme Koster précise que les futurs parents adoptifs doivent être habilités à adopter selon la législation luxembourgeoise s'ils sont des ressortissants nationaux. Pour les étrangers résidant au Luxembourg, leur éligibilité est régie par la loi de leur pays d'origine.

Par exemple, la loi luxembourgeoise exige que les deux membres d'un couple résident soient mariés pour adopter. Toutefois, pour les non-Luxembourgeois, si la législation de leur pays d'origine autorise l'adoption par une personne célibataire, cette loi prévaudra.

Elle ajoute que, selon la loi luxembourgeoise, les couples de même sexe peuvent adopter, à condition d'être mariés. De plus, un écart d'âge maximal de 45 ans entre l'enfant et le parent le plus âgé doit être respecté.

Étapes du processus d'adoption 

Le premier point de contact pour les candidats à l'adoption souhaitant en savoir plus sur la procédure est l'autorité centrale, le Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse (MENJE). Tous les futurs parents adoptifs, qu'il s'agisse d'une adoption nationale ou internationale, doivent s'inscrire au cycle obligatoire de préparation à l'adoption.

Ce cycle se compose de deux sessions d'information générale gratuites de trois heures, suivies de quatre sessions de sensibilisation à l'adoption, chacune d'une durée de quatre heures. La première session vise à expliquer ce qu'est l'adoption et ce qu'elle n'est pas, ainsi que les informations générales et le cadre juridique. "Elle est conçue pour vous aider à déterminer si l'adoption est faite pour vous", explique Mme Koster. La "Maison de l'adoption" de la Croix-Rouge, un service spécialisé avec une équipe de psychothérapeutes et de psychologues, accompagne les candidats lors de cette première séance.

La deuxième session, impliquant l'autorité centrale et les trois organismes agréés, détaille les processus d'adoption spécifiques aux pays partenaires. En 2023, 58 couples et 7 célibataires ont participé à ces premières sessions, selon les chiffres du MENJE. Après avoir suivi les sessions avec succès, un certificat de participation est délivré, permettant aux candidats de passer à la prochaine étape de l'adoption. L'année dernière, 29 attestations de participation ont été délivrées.

Avec ce certificat, les futurs parents adoptifs peuvent contacter un ou plusieurs organismes agréés pour s'inscrire et commencer la pré-évaluation.

Éligibilité

Le processus de pré-évaluation des candidats à l'adoption au Luxembourg est rigoureux et minutieux, conçu pour s'assurer que tous les critères requis sont remplis et que les futurs parents sont prêts à accueillir un enfant dans des conditions optimales. Ce processus inclut l'évaluation de divers aspects légaux, émotionnels, psychologiques et pratiques, comme l'explique Mme Koster. Si le couple a subi des traumatismes, des pertes ou des difficultés à concevoir, il doit avoir accepté ces circonstances pour pouvoir avancer dans le processus d'adoption.

Le but de la pré-évaluation est de vérifier que les conditions minimales d'éligibilité sont respectées, notamment les critères légaux tels que l'âge, la nationalité, les conditions de travail et de logement, ainsi que la motivation et le projet d'adoption du couple. Un aspect important est que les futurs parents doivent avoir renoncé à tout traitement médical de stérilité, car il est essentiel qu'ils aient accepté leur situation pour être en mesure d'offrir un foyer sain et bienveillant à un enfant adopté.

L'évaluation des capacités parentales est cruciale. Il ne s'agit pas seulement de vouloir un enfant, mais de prouver que le couple peut fournir un environnement sûr et stable sur les plans émotionnel, psychologique, physique, social et financier. Les besoins spécifiques des enfants adoptifs, qui peuvent inclure des antécédents de traumatismes ou d'abandon, nécessitent des compétences parentales adaptées.

Les considérations pratiques incluent des exigences telles que la nécessité pour l'enfant d'avoir sa propre chambre et la limite recommandée d'un seul autre enfant déjà présent dans la famille pour assurer un environnement adapté. L'équipe pluridisciplinaire du Service de l'adoption, composée de travailleurs sociaux, d'infirmières, de psychologues, de médecins et de juristes, prend la décision finale sur l'aptitude d'un couple à adopter.

En 2023, 13 couples ont reçu une évaluation positive et ont pu poursuivre leur projet d'adoption. Parmi eux, 11 couples se sont orientés vers l'Afrique du Sud, un couple vers l'Inde et un autre vers le Vietnam, selon les statistiques du MENJE.

Combien de temps ça peut durer ?

 
Le processus pour devenir parent adoptif est long et peut prendre plusieurs années, comme l'explique Mme Koster. Il est rare que le processus prenne moins d'un an, bien qu'il puisse parfois être plus rapide selon les circonstances. Les délais dépendent de nombreux facteurs, tels que le type d'adoption (nationale ou internationale), les spécificités du pays d'adoption, et la volonté des futurs parents d'accueillir des enfants ayant des besoins spécifiques ou médicaux.

Pour l'adoption internationale, les procédures sont souvent plus complexes en raison des démarches administratives et juridiques à respecter. Le délai d'attente varie d'un pays à l'autre, notamment en fonction du nombre de dossiers en attente ou des conditions dans lesquelles les enfants sont proposés à l'adoption.

Si les parents sont ouverts à accueillir des enfants ayant des besoins spécifiques, leur dossier peut être traité plus rapidement.

L'adoption nationale est également imprévisible. Certaines années, il y a un grand nombre d'adoptions, tandis que d'autres, il n'y en a aucune. Par exemple, le nombre de naissances secrètes, où les mères accouchent anonymement et l'enfant est proposé à l'adoption, peut varier chaque année.

Mme Koster recommande aux personnes intéressées par l'adoption de commencer par assister aux séances d'information pour mieux comprendre le processus, les exigences, et évaluer si l'adoption est la bonne option pour elles.