Décrit comme "l'homme parfait" par son ex-épouse, Dominique Pelicot nous rappelle que le profil type du violeur est complexe mais surtout banal et familier.

À Mazan, des monstres ont frappé au domicile de Gisèle Pelicot. Et c'est un spécimen du même acabit qui a ouvert la porte.

L'horreur dévoilée lors du procès de Dominique Pelicot et des 50 coaccusés a donné une ampleur jamais vue à ce que #MeToo avait déjà mis en lumière : tous les hommes ne sont pas des violeurs, mais un violeur peut se cacher derrière n'importe quel homme. Qu'il soit militaire, ancien boulanger ou infirmier.

Cette avant-dernière semaine d'octobre, lorsqu'elle est entendue au procès de son ancien mari, qu'elle nomme désormais "ce monsieur", Gisèle Pelicot l'a décrit comme "l'homme parfait". Celui dont elle n'avait jamais douté, se demandant encore comment il avait pu la "trahir à ce point".

C'est ce même homme "parfait", banal à bien des égards, que des spécialistes (une enquêtrice de personnalité, une experte psychologue et deux psychiatres) ont décrit comme "sans pathologie mentale" ni "antécédents psychiatriques", avec un "rapport à la réalité correct". Le même qui est poursuivi pour avoir drogué son épouse, l'avoir violée et avoir invité des dizaines d'hommes à en faire autant.

Certains sont aussi parfaits et banals que Dominique Pelicot. D'autres ont des profils plus instables. Pères de famille. Oncles. Frères. Maris. Petits-amis. Des identités tellement variées qu'il devient impossible d'en tirer un portrait.

Du procès des viols de Mazan, on peut retenir une vérité simple : puisqu'il peut avoir toutes les apparences, le violeur n'en a aucune. Pas même celle de cette ombre "qu'on peut rencontrer très tard dans un parking" comme l'a évoqué Gisèle Pelicot.

Le violeur peut vivre dans votre rue. Partager votre repas à Noël. Occuper votre lit un week-end, une année ou même cinquante. Il peut vous accueillir au restaurant ou à l'hôpital. Pour certains, les plus rares heureusement, il peut même se cacher derrière cette silhouette aperçue dans le reflet d'un miroir. Aussi parfaite semble-t-elle à la surface.

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