
Le 25 avril marquera le 50ème anniversaire de la « Révolution des Œillets » au Portugal. Un coup militaire pacifique ouvrait la voie de la dictature vers la démocratie. 4 ans plus tôt, les gouvernements luxembourgeois et portugais trouvaient un accord pour permette la migration de travailleurs portugais au Luxembourg. Dans son édito, François Aulner fait une déclaration d’amour.
Environ 15% des habitants du Luxembourg ont la nationalité portugaise. Chaque sixième personne – si pas plus – ont un lien direct avec le Portugal. Selon moi, le vivre-ensemble fonctionne bien, même s’il reste toujours des progrès à faire. Exemple : les élèves portugais ont toujours plus de mal que les Luxembourgeois. Des efforts sont entrepris et ne suffiront jamais. Néanmoins l’évolution semble positive. On lit en Effet, dans une étude de Jérôme Tourbeaux de 2012 pour le Ceps/Instead (aujourd’hui Liser), que l’intégration serait « relativement réussie ». Les descendants des Portugais immigrés des années 60 et 70 « connaissent une mobilité sociale ascendante ». Leurs ancêtres venaient de milieux « modestes » : les hommes on construit les maisons au Luxembourg, les femmes étaient dans le nettoyage. Souvent c’est toujours, mais désormais, les Portugais, respectivement les Luxembourgeois d’origine portugaise ont intégré tous les niveaux de la société. Ils ont des entreprises, ils ont des postes élevés dans les secteur privés et publics et même des rôles politiques.
Jérôme Tourbeaux m’excusera j’espère pour un résumé très simplifié de son étude. Le chercheur note notamment que le « Luxembourg offre aujourd’hui un environnement qui favorise cette conciliation, à la fois par un contexte et une politique qui n’entrave pas, voire soutient cette interculturalité et par l’attitude plutôt bienveillante de la société envers l’immigration. Toutefois, on peut se demander si, à l’avenir, un essor du chômage, la remise en cause du généreux système de sécurité sociale grand-ducal ou l’immigration d’une population extra-européenne réputée - à tort ou à raison - difficile à intégrer, pourrait bouleverser cet équilibre ».
On peut y ajouter le constat de mon collègue Pit Everling qui posait il y a deux ans la question : « est-ce que le Luxembourg est encore attractif ? ». De nombreuses personnes avec qui j’ai parlé récemment confirment la pertinence de la question. Et que la politique doit préserver l’intérêt des travailleurs de s’occuper de ces tâches que de nombreux d’entre nous ne peuvent ou veulent plus. Par ailleurs, à un moment ou d’aucuns critiquent la migration, l’histoire – luso-luxembourgeoise pourrait nous apprendre beaucoup. Le journaliste de Contacto, Ricardo J. Rodrigues découvrait d’ailleurs il y a deux ans une insulte luxembourgeoise envers les Portugais, qui toutefois éveille sa fierté et celle de ses compatriotes.
Le 25 avril, le Portugal fêtera le 50ème anniversaire de sa révolution. Pour marquer cet évènement, le Musée National d’Histoire et d’Art proposera une exposition, qui selon moi est une juste reconnaissance de rôle important qu’ont joué nos amis Portugais là-bas et ici. Cela dit, mon ami Ricardo me demandait un jour s’il existait une « Avenue du Portugal » au Luxembourg ? La réponse est « non ». A Mamer une « rue de Lisbonne » croise celles de « Rome », « Berlin » et « Athènes », mais au fait, le Portugal a depuis longtemps mérité une Avenue ou un Boulevard.
Certes personne ne doit rien à l’autre et personne ne l’a formellement demandé. Mais si l’on me poste la question, j’estime que les Portugais, tout comme les Italiens et les Capverdiens et tous les autres qui sont venus au pays, ont enrichi nos vies. Je fête cela.