Dans son édito d’aujourd’hui, François Aulner est masochiste. Car il se demande quand les montants des avertissements taxés seront augmentés.

En Effet, ces montants n’ont plus été adaptés depuis l’introduction de l’Euro. Il y a 20 ans une prune faisait bien plus mal qu’aujourd’hui. Tandis que l’inflation était assez stable jusqu’à récemment, les salaires sont eux aussi montés. Admettons que l’inflation aurait été de 2% en moyenne au cours des 20 dernières années, alors une amende de 24 Euros devrait désormais en coûter 36. Pour illustrer l’évolution des salaires, quelques chiffres du Statec : dans la catégorie des 30 à 49 ans le revenu médian est monté d’environ 2.550 Euros il y a 20 ans à 3.550 Euros en 2019. Dans la catégorie des plus de 65 ans il est monté de 2.450 à 4.000 Euros.

Il est donc clair, que si l’on veut décourager les gens de mal se garer, les infractions doivent coûter plus cher. Evidemment, on peut comprendre dans le contexte actuel – une inflation élevée et des élections à l’horizon – que la politique n’osera pas y toucher. Cela dit, il ne faut pas s’étonner de voir par exemple un avocat en fin de carrière se garer dans la zone piétonne, tandis que le jeune avocat ou un freelance, dont les revenus ne sont pas toujours indexés respecteront les règles, car pour eux une amende leur coûte un bras. Un compromis pourrait être trouvé en échelonnant les tarifs des amendes. Il existe des modèles dans les pays scandinaves, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Là certaines amendes ne sont pas uniquement déterminées par la sévérité de l’infraction, mais également en fonction du revenu de l’auteur d’infraction.

Hélas, la tripartite de septembre a démontré que la politique n’est pas d’humeur à décider des mesures socialement sélectives ou écologiques. On peut le comprendre, mais également regretter. Car pour combattre la crise énergétique et derrière surtout la crise climatique et écologique, combinées à la croissance des inégalités il faut des mesures impopulaires. Tant pis si elles ne plaisent pas aux « happy few ».

Les amendes ne sont évidemment qu’un exemple pour illustrer les inégalités. Afin de réduire ces dernières, quelques petites mesures sociales ne suffisent pas. Des changements structurels sont nécessaires, dont une réforme fiscale qui apporterait une réelle redistribution et augmenterait l’imposition du capital par rapport à l’imposition du travail. Les recettes fiscales, elles, ne doivent pas être simplement distribuées sous forme de salaires, mais doivent servir aux investissements dont le pays a besoin. En outre, il faudrait faire table rase en ce qui concerne les structures salariales, car certains écarts entre les salaires ne sont tout simplement plus compréhensibles. D’ailleurs, freiner l’évolution des salaires pourrait réduire l’inflation et favoriser la protection de l’environnement.