Me voilà qui écris, derrière la sécurité anonyme de mon écran. Cette sécurité anonyme j’en ai besoin, car je viens vous parler de mon choix de ne pas me faire vacciner.

Je ne suis pas souvent sur les réseaux sociaux, je ne suis pas en train de me frotter les mains à l'idée de vous traiter de moutons, je ne crois pas aux complots, au contraire. Ma foi est dévouée aux sciences. Aux sciences politiques, sociales, médicales, culturelles. La connaissance. J'aime lire des textes académiques, j'aime analyser leurs méthodologies, j'aime imaginer l'auteur de l'article se dépêcher pour respecter son horaire pointilleux.

Aujourd’hui, je suis enfermée dans une boîte qui m’a avalée sans crier garde. La boîte des « antivax », ces ennemis de la nation, la raison pour laquelle nous ne sortons pas de la crise, ces complotistes acharnés coiffés du bonnet d'âne de la solidarité. Pourtant je ne retrouve dans cette boîte que des citoyens comme moi, inquiets et incrédules. On nous dit que le vaccin marche, que ceux qui le reçoivent sont protégés. Finalement il faut tous se faire vacciner, sous peine d’être égoïste, complotiste ! Je sais bien qu'ils existent mais sont-ils vraiment si répandus ces complotistes, ou bien est-il plus facile de diaboliser des gens qu'on ne comprend pas que d'essayer de les entendre ?

Dans votre imaginaire, je suis peut-être un quarantenaire antisocial, platiste, égoïste et inconscient. Mais non, je suis un être humain au cœur brisé, terrifié pour sa santé, sa société et son futur. Comme vous. Peu importe ceux et ce qu'on croit, nos décisions prennent source dans le même puit émotionnel: la peur. La peur pour ceux qu'on aime, la peur pour soi, la peur pour la vie. Mon corps, je vis dedans depuis que je suis née, et je vivrai dedans jusqu'à ma mort. Je suis l'unique récepteur de ses souffrances, de ses douleurs et de ses maux. J'ai reçu un diagnostic d'une maladie auto-immune très répandue quand j’avais 13 ans, puis un autre, cumulatif, à 25 ans. Entre temps, ma vie était une succession de dépressions, de crises d'anxiété, de carences graves, de prises de poids, de migraines et de fatigue. Une fatigue incessante qui m'a privée de bien des opportunités – de travail, de relations, d'expériences de vie.

En perpétuelle recherche d'un guide médical, j'ai dû progressivement me résigner à ce que mon médecin me disait: « c'est dans ma tête, c'est psychologique ». J'ai donc vu des psys. Il se trouve qu'après des années d'errance médicale et d'enquêtes sur ma supposée psychopathologie, c'est la médecine dite intégrative qui m'a sauvé la vie. À force de recherches persistantes, j'ai trouvé des médecins et une pratique qui me maintiennent vivante. Grâce aux conseils bienveillants de ces médecins et mes propres recherches en médecines traditionnelles, j'ai pu enfin atteindre un niveau de vie tolérable. Je leur dois beaucoup, et aujourd'hui, ces mêmes médecins sont menacés par l'État car ils préfèrent être dévoués à la santé de leurs patients plutôt qu'à la politique « sanitaire » de leur gouvernement.

Je vis chaque jour comme un funambule sur une corde tendue entre deux immeubles de 5 étages, pas assez haut pour que la chute me tue, mais suffisamment pour qu'elle me heurte violemment. Ma santé est déstabilisée par le moindre écart. Certains médicaments me mettent au tapis pendant des semaines, m'immobilisant, me privant de vie sociale et professionnelle. Le COVID, je fais de mon mieux pour ne pas l'attraper, je sais que ce virus raffole des petits systèmes immunitaires comme le mien. Mais le vaccin, je le refuse par survie, j’ai pesé la balance bénéfice-risque avec des médecins, avec des études. Que j'aille à l’hôpital à cause du virus est statistiquement improbable, voire impossible (dixit la science). Que je transmette le virus à quelqu'un d'autre est une possibilité à laquelle même mes concitoyens vaccinés n'échappent pas (dixit la science). Pourquoi donc cet acharnement ? Mr Bettel a décidé de nous imposer sa vision sanitaire en établissant une barrière numérique à l'entrée de la vie sociale et professionnelle. Ces portes restent fermées à ceux qui ne peuvent ni se faire vacciner ni se payer des tests régulièrement. J'oscille donc aujourd’hui entre perdre ma santé ou perdre mon travail et mon argent. Dans les deux cas, je suis perdante. La nouvelle serait sûrement plus facile à avaler si elle était logique. Si les vaccinés sont protégés, et que les non-vaccinés sont immunisés par leurs propres moyens, pourquoi donc ce chantage cruel ?

La santé, pour certains, se résume à vivre le plus longuement possible. Pour moi, la santé, c'est réussir à me lever le matin. Pour moi, la santé c'est un fleuve de maux qui sort de son lit pour m'inonder à chaque anomalie. Pour moi, la santé est un équilibre instable fait de compromis, de sacrifices. Nous avons tous le droit de choisir le chemin qui nous conduit vers la santé. Nous avons le droit de décider si nous, uniques habitants de nos corps, courrons plus de risques en combattant un virus qu'un médicament irréversible. Se faire vacciner est une procédure médicale. Imposer la vaccination comme si c'était un geste anodin n'est pas raisonnable. Je ne suis ni antivax, ni complotiste, ni extrémiste. Je suis un être humain à la santé fragile qui demande à ses compatriotes de la compassion, de l'écoute et de l'aide. Face au COVID, armez-vous du bouclier qui vous convient, et laissez les autres s'armer comme ils le peuvent. Je ne suis certainement pas seule dans cette situation. Nous ne voulons pas être dans l'opposition et le combat. Nous voulons le droit de vivre une vie qui nous appartient. Nous voulons une gestion de crise basée sur la connaissance, la logique et le dialogue en remède à la culpabilisation, la restriction et la division. Rappelons que le socle d'une société c’est l'unité, et non l'uniformité.

Nous sommes tous différents, nous vivons des vies différentes, nous avons vécu des expériences différentes, des obstacles différents, des deuils différents. Et pourtant nous voulons tous les mêmes choses : la sécurité, l'amour, la joie, la santé. Il faut urgemment cultiver la compassion, l'écoute, le soin et redescendre de l'hystérie vaccinale imposée par nos médias et gouvernements. Les restrictions sanitaires ne reposent pas sur les épaules des boucs émissaires, seuls les politiques en décident. Ne vous trompez pas de cible dans vos critiques. Ceci est mon plaidoyer pour laisser une chance aux plus malchanceux, chers patrons, chères patronnes, refusez le Covid-Check sur les lieux de travail, je vous en prie. D'autres solutions existent. Je vous tends la main en espérant que quelqu'un me la prenne, me dise que tout ira bien, me rassure que mon corps m'appartient. Je veux construire avec vous, ensemble, une société libre et unie, pas uniforme, pas répressive.