"Les syndicats ont toutes les raisons de hausser le ton. On commence à se demander quel impact ce gouvernement va finalement avoir avec toutes ces différentes attaques”, a déclaré jeudi matin sur RTL le député déi Lénk, Marc Baum.

L'élu s’interroge également sur ce que le gouvernement entend par dialogue. Tout a commencé avec le droit du travail, c'est-à-dire le travail dominical et les horaires d’ouverture des commerces. Ensuite sont venues les pensions et l’annonce que les gens devraient travailler cinq ans de plus. Et maintenant, on continue avec le démantèlement du système de santé, critique le député de la Gauche. Il reproche au gouvernement de n’avoir "aucune stratégie" en matière de politique de santé. Il est évident qu’à long terme, il manquera du personnel et que c’est avant tout une question d’organisation. Mais actuellement, c’est un grand cafouillage avec davantage de privatisation. Cela mènera en réalité uniquement à "des doublons du fait que des sociétés privées voudront encore s’approprier les meilleurs morceaux", critique Marc Baum.

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La vision de l'AMMD est dystopique

"Le système de santé luxembourgeois est solidaire, public et universellement accessible. L’objectif est d’offrir à chaque être humain la meilleure prise en charge médicale possible, indépendamment de sa situation sociale", souligne l'élu de la Gauche. Les évolutions récentes remettent cela en question. Avec les initiatives privées telles que la Findel Clinic, certains secteurs "lucratifs vont être extraits pour encore une fois tirer de l’argent du système de santé. C’est une évolution très, très dangereuse", estime Marc Baum. "Cela ne sert en aucun cas les patients". Le député qualifie la vision de l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) de “dystopique”. "Ils s'imaginent que la CNS ne propose plus qu’un pack de base aux assurés. Ils veulent à l’avenir décider eux-mêmes du montant à facturer aux patients. Cela mènerait évidemment à une médecine à deux vitesses. Et cela ne peut en aucun cas être la voie à suivre”, critique Marc Baum. Bien sûr, des initiatives privées comme la Findel Clinic ou l'Association Imagerie Médicale Potaschbierg voient le jour, car le législateur n’a “pratiquement rien faitces 20 dernières années". Là, "le LSAP devrait aussi balayer devant sa porte".

"Le promoteur est déjà prêt à passer à table"

La Gauche plaide bien sûr pour des structures médicales décentralisées, proches des citoyens, mais Marc Baum a fermement critiqué une éventuelle antenne hospitalière du CHEM au complexe commercial GridX à Wickrange. Premièrement, un tout nouveau "Südspidol" est déjà prévu. Deuxièmement, il existe deux antennes de ce type, à Dudelange et à Niederkorn. Mais surtout, le député estime qu’il est inacceptable que le plus gros promoteur du pays veuille encore une fois s’approprier une part du gâteau. Le GridX est "une catastrophe en matière d’aménagement du territoire", selon l'élu de déi Lénk. Et Marc Baum de détailler : le promoteur a déjà obtenu pour ce projet son propre accès autoroutier, qu'il a construit lui-même parce qu'il a reçu le marché, l’État va maintenant lui louer des locaux pour y installer l’école hôtelière, et il faudrait en plus que la puissance publique paie pour offrir des services médicaux sur ce site. Sans analyse préalable pour savoir si cela a du sens à cet endroit, explique le député. “Nous voyons ici encore une fois un promoteur, qui a bien compris que le système de santé est en train d’être démantelé, et qui est déjà prêt à passer à table pour prendre sa part du gâteau.

Déplafonner les cotisations à la CNS 

Pour que la Caisse nationale de Santé sorte du rouge, il existe une solution simple, qui est aussi socialement juste, selon Marc Baum : déplafonner les cotisations. Ainsi, les personnes qui gagnent plus de cinq fois le salaire minimum cotiseraient proportionnellement davantage. Cela générerait environ 300 millions d’euros de recettes supplémentaires par an. C'est "la mesure la plus simple et la plus équitable socialement". Elle concernerait 5% des personnes qui travaillent au Luxembourg. “Mais malheureusement, ce sont ces 5% que le gouvernement a décidé de représenter, et non le reste des 95%”, ajoute Marc Baum.

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