Après le ministre du Travail Georges Mischo, le front syndical cible désormais la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez.

Le LCGB et l’OGBL ont adressé dimanche une nouvelle lettre de protestation au Premier ministre Luc Frieden. Les attaques personnelles sont cette fois absentes de ce nouveau document, dont RTL dispose, mais le gouvernement est accusé de vouloir brader, commercialiser et privatiser le système de santé.

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La médecine ambulatoire ne doit pas être privatisée

Les fondements de notre système de santé sont la solidarité, l’accès universel aux soins, le libre choix du patient ou encore le conventionnement obligatoire, écrivent l’OGBL et le LCGB. Il est essentiel que la prise en charge ambulatoire continue d’être gérée par les hôpitaux et qu’il soit garanti qu’aucun investisseur privé ne puisse commercialiser cette médecine ambulatoire, selon les syndicats.

Malheureusement, la coalition CSV-DP et la ministre de la Santé n’apportent aucune preuve qu’elles souhaitent respecter ces principes fondamentaux, ce qui constitue une attaque frontale contre la base du système. Le gouvernement veut le démanteler en libéralisant totalement les services ambulatoires, et ce le plus rapidement possible, estiment l’OGBL et le LCGB.

Avec la résiliation de la convention avec la CNS, l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) souhaite supprimer le conventionnement automatique et obligatoire.

À la place, un système sélectif serait instauré, dans lequel les riches bénéficieraient de prestations de haute qualité tandis que la grande majorité des patients devraient se contenter de services médiocres et de longs délais d’attente, selon le front syndical.

L’AMMD s’accorde bien avec le gouvernement, car, tout comme lui, elle attaque le modèle social, écrivent les présidents des syndicats Nora Back et Patrick Dury.

Martine Deprez ferme les yeux sur les revendications de l’AMMD

La ministre de la Santé et de la Sécurité sociale CSV ne fournit aucune réponse à toutes les questions en suspens. Les syndicats veulent notamment savoir si le gouvernement entend maintenir le principe du conventionnement automatique, ce qu'il en est des tarifs et remboursements en “milieu extra-hospitalier” et quel sera le statut des médecins qui exerceront dans ces structures.

Si aucune réponse n’est donnée, les syndicats connaîtront la position du gouvernement, affirme le front syndical, qui se laisse l'option de se défendre par tous les moyens à sa disposition.

Un autre sujet abordé dans la lettre concerne le financement de l’assurance maladie. Les syndicats dénoncent ici un “cavalier seul” de la direction de la Caisse nationale de santé (CNS) en ce qui concerne le catalogue de mesures proposé.

Selon les syndicats, la CNS a outrepassé ses compétences en agissant comme si elle gérait seule l’assurance maladie-maternité, alors que le conseil d’administration est organisé en tripartite avec des représentants du salariat, du patronat et de l’État. Plus grave encore, un membre de la direction de la CNS a exigé, lors d’un récent comité de coordination, que toutes les parties décident d’un plan d’économies de plus de 100 millions d’euros d’ici 2026.

Les syndicats lancent un appel à la ministre Martine Deprez pour qu’elle recadre ce responsable de la CNS.

La lettre est datée du 10 novembre et signée par les présidents respectifs de l'OGBL et du LCGB, Nora Back et Patrick Dury. Outre le Premier ministre Luc Frieden, le vice-premier ministre libéral Xavier Bettel et la ministre Martine Deprez ont reçu une copie de ce document.