
© Domingos Oliveira
Mercredi, le procès d'une agression mortelle à l'arme blanche à Bonnevoie en janvier 2021 s'est poursuivi devant la chambre criminelle du Tribunal d'arrondissement de Luxembourg.
Cette affaire avait choqué de nombreuses personnes à l'époque et avait ensuite suscité des débats sur l'agressivité chez les jeunes. A l'hiver 2021, une bagarre entre jeunes à Bonnevoie avait dégénéré, une bagarre qui avait coûté la vie à un élève de 18 ans du lycée de Bonnevoie, décédé d'un coup de couteau en plein cœur.
Mercredi était le deuxième jour du procès des deux accusés.
Ce n'est pas une tâche facile de faire la lumière dans cette affaire. Mais la juge a poursuivi ses tentatives lors de cette deuxième audience. Comment en est-on arrivé à ce que les quatre, puis cinq jeunes issus de deux groupes se retrouvent à Bonnevoie ? Pourquoi l'altercation et, finalement, l'agression mortelle au couteau ont-elles eu lieu ?
L'auteur présumé, alors âgé de 17 ans, a déjà avoué les faits et déclaré qu'il regrettait profondément ce qu'il avait fait. Cela avait été un instinct, une protection. Il l'a dit à l'époque et le dit maintenant, tout comme le psychiatre à la première audience du procès et l'enquêteur lors de la deuxième audience.
Une question reste toutefois en suspens: pourquoi avait-il un couteau sur lui ce soir-là de janvier. Lui et un copain, alors âgé de 15 ans, s'étaient disputés en ligne avec des gens qu'ils croyaient des inconnus. Ils ignoraient qu'ils rencontreraient plus tard, dans le monde réel, ces hommes qu'ils avaient auparavant traités de tous les noms.
Via Snapchat, le deuxième accusé, qui était resté anonyme lors du chat vidéo, avait demandé aux deux jeunes de se rendre à Bonnevoie pour lui vendre un sachet de cannabis. Selon la thèse développée aujourd'hui au tribunal, lui et la future victime voulaient voler les deux plus jeunes.
Cela reste une thèse, mais qui pourrait s'avérer : à l'époque, ils n'avaient effectivement que 13 euros en poche. Or un témoin a déclaré que sur le marché illégal, ils n'auraient certainement pas pu se procurer un sachet entier avec une telle somme. Il aurait fallu sortir au moins 45 euros.
Les deux groupes s'étaient ensuite rencontrés à Bonnevoie et là, les faits avaient suivi leur cours. Le deuxième accusé s'était présenté comme étant l'interlocuteur du chat vidéo. Une bagarre avait éclaté, de plus en plus violente.
L'un des deux groupes avait une matraque, l'autre, au moins un couteau. Qui avait sorti une arme, comment et à quel moment ? Ces interrogations subsistent aujourd'hui.
Dans leurs déclarations présentées par l'enquêteur, l'auteur présumé et son copain, ainsi que le complice accusé du défunt, se contredisent. Un cinquième homme, membre du groupe de la victime et qui était venu ensuite au rendez-vous, n'a pas apporté de clarté dans l'affaire lorsqu'il a témoigné.
Ce qui est clair, c'est que l'auteur présumé ne nie pas avoir poignardé la victime. Seuls les circonstances et le moment restent à clarifier. L'auteur présumé a-t-il également été attaqué, et si oui, juste verbalement ou physiquement ?
Après deux jours d'audience, la tragédie de la mort de Rafael, 18 ans, devient encore plus évidente. Deux groupes de jeunes hommes se provoquent sans raison en ligne, tous ont consommé du cannabis, l'un cherche vraisemblablement à attirer l'autre dans un piège, et chacun est prêt à participer, au moins potentiellement, à une bagarre. Sans compter qu'au moins deux d'entre eux sont armés pour ce rendez-vous douteux.
Le procès se poursuivra jeudi.