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Contenus sexualisés et positions radicales sont disponibles en abondance sur Internet. Les jeunes y sont exposés de plus en plus tôt.
L'initiative Bee Secure agit pour une plus grande sécurité sur Internet. Le service explique non seulement comment éviter de tomber dans le piège des arnaqueurs en ligne, mais soutient également les victimes avec ses conseils, si la fraude s'est déjà produite.
Mais en ligne, vous ne pouvez pas seulement être victime d'une fraude. La radicalisation est un risque auquel les jeunes sont particulièrement exposés sur Internet. RTL a discuté avec Igor Loran de Bee Secure pour savoir comment gérer cette menace et d'autres qui pèsent sur les jeunes.
Les idées radicales trouvent leur public sur Internet
La radicalisation revêt de multiples facettes: elle peut être religieuse ou politique, mais elle peut aussi concerner différentes représentations de genre, par exemple. Dans la "manosphère", un espace en ligne aux contenus extrêmement misogynes, ce sont surtout de jeunes hommes qui se radicalisent. Mais il existe aussi des mouvements radicaux du côté féministe.
Les membres de la "manosphère" et de la communauté dite "incel" souhaitent rétablir une représentation patriarcale et masculine. La force et la domination y sont des valeurs importantes, tandis que les droits des femmes et des groupes, comme la communauté LGBTQI+, sont rejetés, explique Igor Loran de Bee Secure. "Beaucoup de gens se sentent attirés par cela", selon l'expert, particulièrement des adolescents et des jeunes hommes.
Dans ce contexte, les adolescents et les hommes se voient parfois proposer des "cours" coûteux censés leur apprendre la "bonne" façon de se comporter avec les femmes, voire le moyen d'accéder à une richesse rapide, explique Igor Loran. La "Hustlers University", dirigée par le célèbre influenceur de la manosphère, Andrew Tate, qui fait actuellement l'objet d'enquêtes dans plusieurs pays, en est un exemple. "Ce n'est rien d'autre qu'une escroquerie financière", selon l'expert.
Cependant, la radicalisation ne se passe pas toujours sur des plateformes aussi visibles que les réseaux sociaux. "Les échanges se déroulent généralement, là où il n'y a pas de modération." Sur des forums dédiés, sur la messagerie Telegram ou sur le darknet, les options ne manquent pas.
"Les personnes qui se radicalisent se retrouvent prises dans un tourbillon de contenus similaires. Elles ont peu d'échanges et sont socialement isolées. Si elles ont des échanges, c'est avec des personnes qui renforcent encore leur façon de penser", explique l'expert de Bee Secure. La radicalisation se produit généralement de manière cachée. Avant que le monde extérieur ne s'en aperçoive, les dégâts sont souvent déjà considérables.
Radicalisation, contenus pornographiques: que peuvent faire les parents?
Cependant, les jeunes utilisateurs d'Internet sont exposés à de nombreux autres dangers, notamment les contenus à caractère sexuel. Que peuvent faire les parents? "L'éducation ne doit pas être laissée au hasard ", dit Igor Loran. Les jeunes ont besoin d'un interlocuteur stable, d'un "roc inébranlable" avec qui ils peuvent avoir des conversations ouvertes.
Là où aucune explication n'est fournie et où les parents sont plutôt perçus comme l'autorité répressive, le risque est accru que les enfants et les jeunes gardent leurs pensées et leurs inquiétudes pour eux. Cela vaut non seulement pour les jeunes à risque de radicalisation, mais aussi pour les adolescents victimes, par exemple, de harcèlement scolaire ou de "sextorsion", c'est-à-dire de chantage au moyen de contenus intimes. L'expert de Bee Secure a lui-même vécu de tels cas. "Par honte et par peur des sanctions, les enfants ont été incités à transférer de l'argent. Ils n'avaient personne pour les conseiller dans leur situation."
Retrouvez des informations sur les concepts de "sextorsion" et de "grooming" dans cet article.
L'expert de Bee Secure recommande aux parents d'informer leurs enfants des dangers d'Internet et d'aborder avec eux certains sujets préventivement. C'est souvent nécessaire plus tôt qu'ils ne le pensent. Les jeunes passent de plus en plus de temps et de plus en plus tôt dans le monde numérique.
Selon le Bee Radar 2025, 43% des jeunes de 12 à 17 ans déclarent que les personnes de leur âge consultent "souvent" ou "très souvent" des sites à contenu pornographique, tandis que 43% des jeunes de 12 à 16 ans déclarent que les jeunes de leur âge envoient "parfois" (24%), "souvent" (9%) ou même "très souvent" (9%) des photos intimes d'eux-mêmes.
Lorsque vous abordez ces sujets avec vos enfants, il est important de ne pas le faire de manière conflictuelle, mais simplement d'engager la conversation, conseille Igor Loran. Vous pouvez apprendre comment procéder, par exemple, lors des soirées dédiées aux parents ou auprès des trios d'experts de Bee Secure. "Mais souvent, les parents qui viennent, sont ceux pour qui ce n'est peut-être pas forcément nécessaire, car ils se sont déjà intéressés au sujet en amont", remarque l'expert de Bee Secure.
Selon Igor Loran, diaboliser globalement Internet n'est pas non plus la solution. "Il y a temps d'écran et temps d'écran", explique-t-il. Il s'agit aussi de la façon dont les gens passent leur temps en ligne. Bien sûr, il y a des dangers, mais pour les enfants et les jeunes, cela peut aussi être un moyen de s'informer sur leur environnement et d'apprendre de nouvelles choses.
Enfin, en tant que parent, vous devez également montrer l'exemple. "Si vous dites à vos enfants de ranger leur téléphone, mais que vous restez assis à scroller, vous ne serez pas pris au sérieux", ajoute Igor Loran.
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