
Joao Russo et Bruno Fernandes, le manager et le chef du Scott's Pub et du First Floor. / © Raphaël Ferber/RTL Infos
Depuis six mois, le restaurant perché au-dessus du Scott’s Pub s’offre une nouvelle impulsion culinaire. À la tête des cuisines, le chef capverdien Bruno Fernandes insuffle fraîcheur, originalité et énergie dans une adresse qui revendique sa différence.
Installé dans la cuisine du First Floor depuis six mois, Bruno Fernandes trouve peu à peu son rythme. "J’ai dû beaucoup apprendre, c’est une cuisine différente. Mais je suis passionné. Finalement ce n’était pas si difficile que ça d’entrer dans cette nouvelle philosophie", confie-t-il, toujours avec ce sourire tranquille.
Arrivé en mars 2025, le chef capverdien a adopté la ligne de ce restaurant qui se veut gastronomique, situé au-dessus du Scott's Pub, dans le Grund, à Luxembourg-ville : produits locaux, saisonnalité, zéro gaspillage et goût avant tout. Avec les 100 couverts du pub - où sont servis des plats de type brasserie - et les 50 du First Floor, le rythme est soutenu. "On mise sur les produits frais. C’est sur le goût qu’on attire les gens. Ça fait la différence. Je suis content d’être là."
"Bruno a sa liberté dans le cadre de notre philosophie", répond de son côté le manager, Joao Russo. "Chaque chef apporte sa touche mais on garde notre identité. On n’a par exemple pas de fruits exotiques, pas de fruits de la passion, pas d’ananas."
En six mois, Bruno Fernandes "Patanegra" a déjà participé à trois changements de carte. Celle-ci change tous les deux mois. "On monte de plus en plus, on met au point de nouvelles recettes. Tout ce qu’on fait est maison", souligne-t-il.
Son intégration s’explique sans doute par sa complicité avec le manager, puisque les deux hommes ont travaillé ensemble au Bazaar, dans le quartier de la Gare. "J’aime son attitude. Il est motivé, il aime le changement et partage notre philosophie : travailler des produits locaux et avancer comme une famille" précise Joao Russo.
Le menu ne dépend pas entièrement de Bruno : il s’inscrit dans une démarche un peu plus collective. "Joao donne une direction, on adapte, on fait des tests et à la fin, ça donne quelque chose de bon", explique le chef.
Avant de rejoindre le First Floor, celui-ci a enchaîné les expériences. À la tête du Déjà Vu, qui se situait dans une galerie du centre-ville, il a voulu voler de ses propres ailes avant de vivre une aventure éphémère chez Trust, quelques centaines de mètres plus loin. "Quand on veut être son propre patron, il faut bien réfléchir et tout étudier avant de se lancer. À Déjà Vu, c’était ma première fois en tant que patron. C’était comme un rêve, mais ensuite viennent les responsabilités. Il faut être très fort pour tenir le coup."
Aujourd’hui, il préfère la stabilité et un poste un peu plus en retrait : "Je montre ce que je sais faire et à la fin du mois, j’ai mon salaire. Mon truc, c’est d’essayer d’être un bon cuisinier. Chacun a sa place." Même son court passage chez Trust, où il n’est resté que quatre mois, s’inscrit dans cette logique, à l'en croire. "Joao est venu me chercher… sinon je serais resté. Mon défi ces dernières années, c’était d’enchaîner tout de suite après mes diverses expériences: je n’ai jamais été au chômage. J’ai continué d’avancer. J’aime apprendre et apprendre aux autres."
Objectif: attirer plus de clients en semaine
Créatif et curieux, Bruno Fernandes avoue avoir un style parfois peu conventionnel. "J’ai progressé au niveau du dressage. Des fois, je fais des trucs bizarres ! J’aime être original." Le chef, qui avait pris le pli de proposer des formules lunch, doit cette fois penser les cartes autrement. "À Déjà Vu, c’était plus des plats old school de base française que je revisitais. Ici, on est ouvert uniquement le soir. On voyage un peu plus mais j’apporte toujours ma touche à la fin." Quant au contact avec la clientèle, il reste essentiel à ses yeux : "J’aime avoir du feedback, même si c’est pour des plats à 10 euros."
Parmi les plats "signatures" actuellement, on trouve notamment à la carte un filet de bœuf maturé sauce tasca (32€), un rouget aux palourdes (30€), et deux entrées : le chou, carotte, tomate, poireau (15€) et le kefta de cabillaud, pois chiches noirs et blancs (19€).
Après sept ans au Bosque Fevi et quatre ans au Bazaar, Bruno Fernandes dit vouloir s’inscrire dans la durée. "J’aimerais rester ici longtemps. L’énergie est top. Mon ambition, c’est de continuer à être créatif et discipliné." Une stabilité que Joao Russo espère également : "Je pense qu’on peut s’inscrire dans du long terme avec Bruno. Au début, c’était difficile de trouver le rythme, mais maintenant, il est à sa place."
Pour le manager, qui a vu son chef précédent, Ben Ho, tenter une nouvelle aventure à Londres, le défi est désormais de remplir le restaurant en semaine autant que le week-end. "On a ouvert en 2022, on va dans la bonne direction. Quand on est dans le Grund, il faut faire venir les gens, donc avoir une philosophie particulière", rappelle-t-il. Pour Bruno Fernandes, le First Floor est peut-être enfin un port d’attache durable.