
Des clients qui changent leurs habitudes de consommation, des frais annexes qui augmentent, et les marges se réduisent.
La situation des cafés au Luxembourg est loin d'être évidente, particulièrement dans le nord du pays. Plusieurs établissements ont fermé leurs portes ces dernières années, comme l'a récemment déclaré sur RTL le secrétaire général de l'Horesca, Steve Martellini. Mais les restaurants rencontrent également des difficultés. C'est notamment le cas du restaurant "Beim Abruzzebier" à Grosbous. Menacée d'une vente forcée, la propriétaire a lancé un appel à l'aide sur les réseaux sociaux.
Sur une vidéo postée sur Facebook, elle explique:
"C'est une situation terrible pour moi en tant que restauratrice, je suis dans le métier depuis 20 ans maintenant et je n'aurais jamais imaginé que je serais assise ici comme ça."
Le restaurant "Beim Abruzzebier" existe depuis 12 ans. Il peut accueillir jusqu'à 140 convives et il est souvent bondé, en majorité par des habitués. La caisse étant généralement bien remplie le soir, elle ne pouvait pas imaginer que la situation financière était tout sauf rose. Sa fiduciaire l'avait pourtant déjà prévenue il y a trois ans. Outre un changement dans sa vie privée, cette détérioration progressive s'explique par l'évolution des habitudes des clients. D'une part ces derniers consomment moins et d'autre part, les frais annexes ont augmenté
Athenais Altamuro, propriétaire du restaurant "Beim Abruzzebier":
"Si votre marge se situe entre 3,5 et 4, c'est déjà très bien. Ça veut dire que si vous voyez une carbonara à 18 euros sur la carte, vous pouvez calculer, combien il vous faut pour faire une carbonara et nous sommes tous au-delà, à la fin, le compte n'y est pas. Bien sûr des pâtes ne coûtent pas cher, mais vous devez calculer ce que coûte le cuisinier pour la carbonara, vous devez payer quelqu'un qui fait la vaisselle pour cette carbonara, vous devez payer l'électricité pour cette carbonara."
Vous ne pouvez pas simplement répercuter ces frais supplémentaires sur le client, sinon il ne viendra plus. Et c'est ainsi que la dette envers la Caisse nationale de Santé et les fournisseurs augmente de mois en mois.
Les banques lui refusant un prêt, la propriétaire était jusqu'il y a peu menacée d'une vente forcée. Pour éviter cela, une amie a lancé un appel au financement participatif sur Internet. Avec plus de 30.000 euros, elles ont rapidement récolté suffisamment pour sauver le restaurant. Cependant, la propriétaire ne souhaite pas continuer comme si rien ne s'était passé, mais faire plus attention.
"A tout ce qui est chiffres. Comme je l'ai dit, j'ai vraiment sous-estimé ce volet. On me l'a dit, on a attiré mon attention là-dessus et puis c'est arrivé et il était trop tard. A l'avenir, je vais m'en occuper plus souvent moi-même. C'est dur parce que lorsque vous êtes sur le terrain, il ne reste souvent plus de temps."
Les entreprises qui connaissent des difficultés financières peuvent trouver assistance auprès de la House of Entrepreneurship de la Chambre de commerce, par exemple. Celle-ci constate que le secteur horeca est particulièrement sensible.
Marie-Sultana Langa, conseillère à la House of Entrepreneurship:
"Il y a une proportion générée des dettes qui est quand même importante, parce que pour lancer un restaurant vous devez mettre beaucoup d'argent sur la table. Il va falloir prendre un contrat de bail pour les locaux, il va falloir peut-être avoir des salariés, serveurs, serveuses, cuisiniers, il va falloir acheter des stocks de nourriture, il va falloir acheter le matériel et vous êtes obligé de faire tous ces investissements pour pouvoir lancer le restaurant. Donc vous avez des charges fixes qui sont assez élevées et qui viennent."
Le principal problème est que souvent, les entreprises n'en viennent à demander de l'aide que lorsqu'il est déjà trop tard.
A Grosbous, la situation semble se redresser. L’argent récolté lors de la campagne de financement sera remboursé du mieux possible.