Telle fut la première réaction de Nora Back, la présidente de l'OGBL, après le discours sur l'état de la nation du Premier ministre Luc Frieden mardi.

Le Premier ministre Luc Frieden a tenu ce mardi son deuxième discours sur l'état de la nation devant la Chambre des députés et a fait plusieurs annonces concernant la retraite, la flexibilisation du travail ou encore les gros efforts qui seront fait pour la défense de l'Europe.

Après l'allocution du Premier ministre, la présidente du syndicat OGBL a parlé d'attaques et de rupture. Bien avant mardi, le syndicat savait déjà que le dialogue social n'était pas rose, mais la manière, dont les points qui intéressaient particulièrement les syndicats ont été abordés par Luc Frieden dans son discours, confirme qu'il faut manifester le 28 juin, selon Nora Back. Le Premier ministre a adressé aux organisations syndicales un message clair: le gouvernement est favorable au dialogue social, mais "le dialogue n’implique pas nécessairement une codécision sur chaque point". Il s'agit d'une attaque majeure et d'une rupture avec la tradition tripartite des 50 dernières années, affirme la présidente de l'OGBL. Jusqu’à présent, les trois parties avaient négocié sur un pied d’égalité et tenté de trouver des compromis.

"Et il n'était pas seulement dit: 'nous écoutons l'un puis l'autre, et ensuite le gouvernement décide seul. Ce n'était pas le modèle de la tripartite luxembourgeoise et du modèle social luxembourgeois. Et manifestement, le gouvernement dénonce désormais ce modèle."
 
A propos du travail dominical, Luc Frieden a dit mardi: "Le dimanche ne deviendra pas un jour ouvrable ordinaire."
 
Mais c'est un mensonge absolu, rétorque Nora Back: "Car il y a une différence fondamentale entre le fait d’avoir eu auparavant une loi interdisant le travail dominical et autorisant des exceptions uniquement si cela se faisait par le biais de conventions collectives. Et d'avoir maintenant une loi qui légalise simplement globalement le travail dominical. Premièrement, cela nous enlève notre possibilité de négocier des conventions collectives dans ce secteur et deuxièmement, cela normalise complètement le travail du dimanche."

Le fait de dire aux salariés qu'ils ont le choix de dire "non", est très éloigné de la réalité des entreprises, d'après Nora Back.

Les conventions collectives constituent une autre source de tension entre gouvernement et organisations syndicales et, après le discours de mardi, il ne semble pas non plus y avoir de perspective de consensus avec les syndicats.
 
Nora Back regrette que le Premier ministre ait tenu mardi les mêmes propos que le ministre du Travail il y a sept mois. Les syndicats n'ont toujours aucune garantie qu'ils conserveront l'exclusivité pour négocier et signer les conventions collectives.
 
"Au fond, tout cela confirme ce que nous craignions et ce à quoi nous nous sommes opposés. Il est regrettable que des solutions plus concrètes n'aient pas été proposées.
 
Ce qui a le plus surpris Nora Back, c’est que le Premier ministre ait vendu la mèche en matière de retraites. La présidente de l'OGBL ne juge pas pour autant positivement ce qui a été annoncé: "Il semble que désormais nous allons tous devoir travailler plus longtemps. L’âge effectif de la retraite sera relevé, ce qui touche surtout les jeunes."
 
Pour les personnes proches du seuil de pauvreté, il n’y aura qu’une aide sociale supplémentaire, ce qui est très éloigné de la logique de notre système de retraite, déplore Nora Back. Dans le dossier des retraites, l'OGBL s'estime une nouvelle fois mis devant un fait accompli, ce qui est inacceptable. La présidente de l'OGBL a ajouté que le discours de mardi confirme au front syndical OGBL-LCGB qu'il doit continuer à travailler en étroite collaboration et à défendre les intérêts des salariés et des retraités. Et elle a une fois de plus appelé à manifester le 28 juin.