
© Christophe Hochard / RTL
Le jour de l'an, un père a été tué par son fils et son beau-fils, tous deux mineurs, à Esch-sur-Alzette. L'un s'est retrouvé à l'Unisec à Dreiborn et l'autre au centre pénitentiaire de Schrassig.
Mercredi matin, lors d'une conférence de presse, l'ASBL "Eran,eraus… an elo ?", qui soutient les personnes incarcérées ainsi que leur entourage, a émis plusieurs critiques à propos du placement de mineurs au centre pénitentiaire de Schrassig. "Des mineurs ne relèvent pas de la prison!", cette déclaration a été répétée à plusieurs reprises. Une déclaration qu'a faite le Premier ministre Luc Frieden, entre autres, il y a 25 ans, alors qu'il exerçait la fonction de ministre de la Justice. Mais rien n'a été fait depuis. Le Luxembourg a été totalement défaillant, et cela, au détriment des enfants, affirme l'association. Notre collègue de RTL Claudia Kollwelter a recueilli les réactions du parquet et de la ministre de la Justice, Elisabeth Margue.
Cette conférence de presse intervenait dans le contexte du cas récent de deux mineurs suspectés d'avoir mortellement poignardé leur père et beau-père le 1er janvier à Esch-sur-Alzette. L'un des deux mineurs est actuellement détenu au centre pénitentiaire à Schrassig et c'est inacceptable, a souligné Grégory Fonseca, de l'ASBL "Eran,eraus… an elo ?". C'est dû au fait que pendant trop longtemps, rien n'a été fait:
"C'est un fait qu'il faut protéger la société. C'est un fait aussi que d'autres mineurs doivent être protégés. Le problème est que nous avons construit une prison pour mineurs ou pour enfants, l'Unisec, et elle a coûté 100 millions d'euros, mais elle n'est pas adaptée. Cela signifie que dès que deux personnes différentes d'une même affaire sont là, nous n'avons déjà plus de capacités et alors, l'une des deux doit être envoyée à la prison pour adultes."
L'association critique également l'absence de critères clairs pour déterminer dans quel cas un mineur est envoyé à la prison pour adultes de Schrassig et dans quel cas à l'Unisec, l'Unité de sécurité de Dreiborn réservée aux mineurs. David Lentz, procureur adjoint près le tribunal de Luxembourg, responsable pour la protection de la jeunesse, précise dans ce contexte dans une interview accordée à RTL, que dans 5% des cas seulement où un mineur a commis un acte criminel, ce dernier est envoyé dans un établissement fermé. Cela n'arrive que dans des cas extrêmes:
"En principe, nous nous sommes engagés à ce que l'Unisec soit le premier choix. Il y a là une douzaine de places pour mineurs délinquants. Et tant qu'il y a là des places disponibles, c'est systématiquement l'Unisec. Cependant, si l'UNISEC est remplie et que nous avons un mineur qui est délinquant, qui commet des actes criminels et qui attire l'attention, cela ne signifie pas que s'il n'y a pas de place, il ira automatiquement en prison. Ce n'est que si d'autres conditions cumulatives viennent s'ajouter, telles que: il constitue un danger pour l'ordre public, il n'y a absolument pas d'autre moyen et il faut faire quelque chose pour protéger le mineur. Alors effectivement, nous prenons la mesure et nous disons: 'il va en prison'".
La ministre de la Justice, Elisabeth Margue, parle également de cas exceptionnels pour le placement d'un mineur à Schrassig. Dans le cadre de la réforme de la protection des mineurs et de l'introduction d'un droit pénal pour mineurs, en cours d'élaboration, des travaux sont également menés sur une prison pour mineurs:
"Nous sommes bien avancés dans la planification. Nous la terminerons normalement d'ici la fin de l'année et ensuite nous présenterons à la Chambre une loi de financement, car il s'agit malgré tout d'un projet un peu plus important, donc cela prendra un peu de temps. Mais nous y travaillons intensivement."
La future prison pour mineurs à Dreiborn comptera 24 places pour mineurs. David Lentz souligne cependant que cela ne suffira pas à l'avenir. Selon lui, le Luxembourg manque d'infrastructures fermées et semi-fermées.