La Chambre de Commerce continuer de plaider "pour une réforme de l’indexation des salaires". Elle l'a rappelé dans son avis sur le budget 2025 de l'État luxembourgeois.

Soucieuse de la compétitivité des entreprises du pays, la Chambre a rappelé dans son avis sur le budget 2025 qu'il fallait revoir le fonctionnement de l'index. Son inquiétude : le coût du travail au Luxembourg, le plus élevé de la Grande-Région (53,90€ par heure en 2023, contre 47,10€ en Belgique, 42,20€ en France et 41,30€ en Allemagne).

"Pour ne pas creuser encore davantage le handicap compétitif du Luxembourg en matière de coût du travail, il est donc urgent de réformer le système d’indexation automatique et généralisé des salaires" écrit la Chambre. Car selon elle, 57% des entrepreneurs pensent que  coût de leur main-d'œuvre va "représenter un défi" en 2025.

Pour y remédier, la Chambre de Commerce plaide depuis longtemps pour "une réforme selon trois piliers" :

  • Un pilier économique, avec une limitation à une seule indexation par an pour offrir de la visibilité aux employeurs.
  • Un pilier social, qui garantirait une indexation intégrale aux salariés gagnant jusqu’à 1,5 fois le revenu médian. Les salariés touchant entre 1,5 fois et 4 fois le revenu médian auraient une indexation plafonnée. L’augmentation deviendrait ensuite dégressive jusqu’à 5 fois le revenu médian.
  • Un pilier environnemental, en basant l’indexation sur un panier durable."

Un index par an, oui. Un index plafonné ? Improbable

Si la Chambre est alignée avec une des ambitions du gouvernement, qui souhaite lui aussi limiter à un le nombre d'index chaque année, elle se démarque sur le deuxième point.

Dans son accord de coalition, le gouvernement CSV-DP s'est engagé à maintenir "sous sa forme actuelle" l'indexation des salaires. Soit l'inverse de la proposition des équipes de Carlo Thelen, le directeur de la Chambre de Commerce, qui suggèrent le plafonnement de l'index et un mécanisme dégressif "pour les hauts salaires".

En juillet 2024, le Statec publiait justement une étude sur les salaires au Luxembourg. Les dernières données dont il disposait indiquait un salaire médian annuel brut de 58.126€ pour un temps plein au Luxembourg (50% des salariés gagnent moins que cette somme, l'autre moitié gagne plus). Soit environ 4.843,83€ brut par mois.

Puisque la Chambre de Commerce souhaite un index complet jusqu'à 1,5x ce montant, les salariés continuerait à bénéficier pleinement de cet instrument de défense du pouvoir d'achat jusqu'à 7.265€ brut par mois. L'index serait ensuite "plafonné", donc inférieur aux 2,5% en vigueur, jusqu'à 19.373€ brut par mois, puis dégressif jusqu'à 24.216€ brut par mois.

Les revenus concernés sont donc très élevés et accordés à bien peu d'employés au Luxembourg. Mais la proposition remet en cause le caractère "universel" de l'index tel qu'il existe. Plus que le bien-fondé de limiter ou non la progression des salaires les plus élevés, la proposition de la Chambre créerait surtout un véritable précédent sur cet acquis défendu bec et ongles par les syndicats et la Chambre des Salariés. De quoi lui assurer un avenir encore très incertain.