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C'est l'évènement de la semaine : ce jeudi 26 septembre, le pape François sera en visite dans la capitale, une première depuis près de 40 ans. Mais la venue du chef de l'Église catholique pose aussi plusieurs questions, note une association.
Alors que la ferveur religieuse grimpe à quelques jours de la venue du pape, l'AHA (alliance des humanistes, athées et agnostiques Luxembourg) a exprimé dimanche soir ses inquiétudes dans une lettre ouverte. "En tant que représentants d'organisations engagées pour la séparation de l'État et des institutions religieuses, nous estimons qu'il est de notre devoir de soulever plusieurs questions qu’engendre cette visite" écrivent les présidents Bob Reuter et Jean-Jacques Ruppert.
Leur premier motif d'inquiétude concerne le financement de cette visite : "Selon les informations de la presse, le pape François a été invité sur initiative personnelle du Chef d’État, le Grand-Duc Henri." Or, l'AHA rappelle que le Grand-Duc, en refusant en 2008 de signer la loi sur l’euthanasie pour des raisons de croyance privée, avait failli provoquer une crise politique, qui n’a pu être évitée que par un changement de la constitution.
Dans ce contexte, puisque le Grand-Duc a invité le représentant du Vatican pour ses croyances privées, il se pose alors la question de savoir "si les frais engendrés par cette visite ne devraient pas être imputés aux frais personnels du Grand-Duc. En effet, dans un État laïque, l'utilisation de fonds publics à des fins à caractère religieux doit faire l'objet d'un examen attentif" plaide l'AHA, qui réclame donc une totale transparence sur le coût de cette visite, en particulier pour savoir si l'argent des contribuables est utilisé.
Une majorité de non croyants au Luxembourg?
L'AHA dit d'ailleurs avoir mené une enquête récemment prouvant que plus de la moitié des résidents au Luxembourg se déclare "non religieuse". "Nous sommes donc en droit de questionner le bien-fondé de l’invitation du Grand-Duc au pape et de la visite de ce dernier, qui ne reflète point les valeurs et les croyances de la majorité de la population du Luxembourg".
Enfin, l'AHA rappelle que selon la convention de Montevideo de 1933, le Vatican n’est pas un État au vrai sens du terme. Donc "prétendre que la venue du pape François n’est autre que la visite d’un Chef d’État est malhonnête. En effet, le Vatican n’est que le support territorial d’une simple croyance religieuse dont le pape est le représentant. Or, c’est le pape a « accordé » une rencontre à Luc Frieden, Premier ministre du Luxembourg, qui place ce dernier dans une position subalterne qui n'est ni appropriée ni digne d'un représentant d'une nation souveraine laïque" conclut l'AHA.
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