En coulisses, le Luxembourg travaille sur son système des retraites. Bien que largement bénéficiaire aujourd'hui, les projections lui prédisent un crash d'ici quelques dizaines d'années. Les représentants des salariés et du patronat ont dévoilé des avis complètement opposés sur la marche à suivre pour éviter une faillite.

Les représentants des salariés et ceux des employeurs ne sont pas parvenus à une position commune. Un euphémisme à la lecture de leurs avis déposés au Conseil économique et social concernant la situation du régime général de pension.

Solide à court terme, avec ses 27 milliards d'euros mis en réserve, le système qui finance les retraites privées devrait devenir déficitaire d'ici une vingtaine d'années. C'est en tout cas ce que prévoient les dernières projections : faute d'un nombre suffisant de travailleurs pour payer les retraites des pensionnés, le système deviendrait déficitaire au cours des années 2040, avant un épuisement total de la réserve mise de côté.

Pour garantir le financement des retraites, le gouvernement prévoit donc une réforme ! Et c'est le point d'affrontement de deux visions économiques du problème.

Les salariés refusent toute baisse des retraites

Dans leur avis remis au Conseil économique et social, les représentants des salariés soulignent que les réserves du régime général, c'est-à-dire les retraites pour le secteur privé, sont élevées. Et surtout, que les projections par le passé ont toujours été trop pessimistes. Enfin, que la réforme de 2012 a déjà apporté une détérioration substantielle pour les assurés.

Au lieu d'une réduction des prestations, les représentants des salariés proposent de réfléchir à la recherche de nouveaux financements. Par exemple, en augmentant les cotisations de 8% à 9% (pour les salariés, l'employeur et l'État). Mais aussi en supprimant le plafond cotisable, ou en incluant carrément un impôt sur la fortune, afin de rendre le système plus indépendant de la croissance du marché du travail.

Les patrons préfèrent une plus petite retraite... à plus long terme

L'analyse des représentants des employeurs est différente. Pour eux, le régime général des retraites n’est pas garanti au-delà d'un horizon temporel fixé à 2070. Le système de retraite luxembourgeois est le plus généreux en comparaison internationale.

Ils militent donc pour une réforme orientée du côté des dépenses, c'est-à-dire des prestations versées aux assurés. Pour eux, il ne peut être question d'une augmentation des cotisations, car elle provoquerait une perte de compétitivité des entreprises.

Ils proposent donc d'approfondir la réforme de 2012 et d'abaisser le plafond cotisable, pour réduire les cotisations à la source, et donc les prestations à la sortie.

Selon eux, on pourrait ainsi garantir que le système puisse payer de plus petites retraites à plus long terme. Le groupe patronal ajoute que le Luxembourg doit rester crédible vis-à-vis des acteurs internationaux, afin de ne pas perdre son triple A et qu'il a besoin d'un véritable plan à long terme en matière de productivité, de compétitivité, d'attractivité, d'infrastructures et de cohésion sociale.

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