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Commerces en centre-ville, construction de logements limitée, sécurité.. Quels sont les grands défis de la troisième plus grande ville du pays? Et qui pourrait bien succéder aux Verts? Voici les grands enjeux des élections communales à Differdange.
"C'est une ville en plein développement qui est en train de chercher sa nouvelle voie", résume d'un trait Christiane Brassel-Rausch sa bourgmestre déi Gréng que rien ne prédestinait, il y a trois ans et demi, à prendre les rênes de la troisième commune du pays. Débarquée là après l'affaire de l'abri de jardin de son prédécesseur, Roberto Traversini, elle a relevé le challenge, mais ne se représente pas aux élections communales de ce dimanche 11 juin.
Sur le point de passer la barre des 30.000 habitants (soit 7.200 de plus qu'il y a dix ans), Differdange est, comme beaucoup de grandes communes du Sud du pays, confronté à son passé sidérurgique et à la nécessité de se réinventer. Chose d'autant plus complexe dans la "Cité du fer" que l'immense site de production d'ArcelorMittal (dont les poutres et palplanches sont renommées mondialement) se trouve en plein milieu de Differdange. Et que le chemin de fer, coupe physiquement la ville en deux.

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"Le" défi qui se pose aujourd'hui à la ville est de redéfinir son centre-ville puisque le plateau du funiculaire, son centre commercial Opkorn et ses nouvelles tours d'habitation ont déplacé le centre économique de la ville. À l'inverse le centre-ville historique, entre Place du marché et Parc Gerlache, se vide de ses commerces. Au point que "la commune a commencé à acheter des locaux commerciaux vides pour y faire implanter de nouveaux commerces susceptibles de relancer l'économie locale", explique le CSV, aux affaires aux côtés de déi Gréng, dans son programme électoral.
Un état de fait dont se sont saisis la plupart des partis (ils sont neuf en tout) qui présentent une liste électorale. Le LSAP, principal parti d'opposition, préconise d'"attirer des commerces nouveaux et modernes", promet d'"élargir le pont ferroviaire par un nouveau passage piétonnier" et de créer des "zones d'espace partagé dans le centre-ville". Le DP veut aussi "augmenter l'attractivité du centre-ville" et "attirer des commerces spécialisés".
Des logements à prix abordables
Comme dans tous les grands centres urbains du pays, la pression démographique accentue le manque de logements à Differdange. La majorité Déi gréng-CSV a décidé de ne pas élargir le périmètre de construction mais de miser à l'avenir sur des constructions plus hautes et sur les "dents creuses". Sa fierté est d'avoir créé le Service logement au sein de la commune, tout en sachant bien qu'il ne résoudrait pas la crise d'un coup de baguette magique, et d'avoir concrétisé le projet Gravity. Une "ville dans la ville" qui compte 80 logements abordables et où ont déménagé les premiers habitants. La Ville de Differdange a aussi acheté 50 chambres meublées sur le plateau du funiculaire, qu'elle loue à la Miami University.
D'autres projets sont envisagés: "Nous sommes en pourparlers avec un promoteur pour un nouveau projet de logements abordables à Niederkorn, mais c'est trop tôt pour en parler", glisse la bourgmestre.

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"Jamais auparavant il n'a été investi autant dans la construction ou la mise à disposition de logements abordables et de logements pour seniors", souligne le CSV. Il préconise de prendre des mesures pour "lutter contre les logements non occupés et délaissés". Le DP penche pour "une approche proactive" et compte prendre contact avec les privés et entreprises "qui ne construisent pas sur leurs terrains". Il entend "mobiliser le plus rapidement possible" les terrains communaux en friche pour créer des logements abordables.
Déi Lénk regrettent que "toutes les billes" aient été mises "dans le seul projet Gravity". le parti de gauche propose d'"étoffer le parc de logements communaux à au moins 10% (soit environ 1.200 logements) de l'ensemble du parc de logements d’ici 2030 et de les louer sous forme de logements abordables".
La sécurité, un vrai souci
La situation sécuritaire autour du Parc Gerlache a beaucoup fait parler d'elle à Differdange ces dernier mois. La commune vient d'inaugurer son tout nouveau commissariat à proximité du parc et s'est donnée un Plan local de sécurité en septembre. Depuis la situation se serait calmée, assure la bourgmestre. Le parc, très central, attire de nombreuses familles avec enfants.
La problématique concerne davantage la rue Michel Rodange qui longe le parc et "où se rassemblent beaucoup de jeunes, dont quelques-uns font du commerce de la drogue illégale", explique Christiane Beissel-Rausch. Elle estime qu'il faut continuer de miser sur la prévention et la ville a pérennisé le projet-pilote de Streetwork "CollecDiff".

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Le CSV veut accroître les mesures de répression et endiguer le trafic de drogues via des actions policières "coup de poing". Le parti chrétien-social revendique "depuis des années", que soit installé un "système de vidéosurveillance dans les zones sensibles" de Differdange, comme le centre-ville ou la gare d'Oberkorn. Idée soutenue par le DP et le LSAP. Déi Lénk est d'avis que la sécurité est "avant tout le résultat d'un tissu social qui fonctionne" et préconise que cette compétence reste aux mains de la commune et n'aille pas aux mains de sociétés privées. Ce que pensent aussi les Pirates.
Des élections très ouvertes
Elle l'avait annoncé. Devenue bourgmestre de la 3e ville du pays après la démission précipitée de Roberto Traversini en septembre 2019 (suite à l'affaire de l'abri de jardin), Christiane Brassel-Rausch (Déi Gréng), ne se représente pas et laisse le siège du bourgmestre vacant. Une nouvelle fois, les Differdangeois se retrouvent privés de la possibilité de réélire le bourgmestre élu. C'était déjà le cas aux élections communales il y a six ans.
Ces élections représentent un énorme challenge pour Les Verts qui sont à la tête de la ville depuis janvier 2014. Date à laquelle Roberto Traversini avait succédé à Claude Meisch (DP) nommé ministre de l'Éducation nationale. D'autant que l'équipe des écolos emmenée par le duo Paulo Aguiar et Manon Schütz, est jeune en politique. Plusieurs expérimentés du parti, comme Roberto Traversini (5.105 voix en 2017), Frentz Schwachtgen (3.186 voix) ou Yvonne Nilles-Richartz (2.597 voix) ne sont plus de la partie.
De sorte que les élections de ce 11 juin à Differdange sont plus ouvertes que jamais dans un paysage politique duquel aucun candidat ne se démarque avec évidence. Mais ça se bouscule au portillon puisque dans la troisième ville du pays, les 13.371 électeurs auront le choix entre neuf listes.

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la liste du CSV, partenaire de coalition (4 sièges), est emmenée par le Premier échevin et membre du conseil communal de longue date, Tom Ulveling, et Emina Ceman. Dans ce paysage politique morcelé et grandement renouvelé, Tom Ulveling apparaît à 63 ans, comme le visage le plus familier. Sera-t-il enfin bourgmestre?
Pas loin de dix années après le départ de Claude Meisch (bourgmestre de Differdange de 2002 à 2013) pour intégrer le premier gouvernement Bettel, se pose la question d'un retour aux affaires du DP. Tête de liste aux côtés d'Elisabeth Da Silva, le conseiller communal François Meisch (frère de Claude Meisch) tente à nouveau l'aventure.
Plus grand parti d'opposition (4 sièges), le LSAP conduit par le conseiller communal et président de section locale, Guy Altmeisch et Zenia Charlé, est en embuscade. Le parti qui a dirigé le bastion historiquement de gauche durant des décennies, s'est bien renouvelé.
Parmi les cinq autres partis en lice, on trouve déi Lénk emmené par Gary Diderich (un siège), le KPL d'Ali Ruckert, conseiller communal sortant (un siège) et trois nouveaux partis. Les Pirates représentés par Morgan Engel et Granit Shala, le nouveau parti Fokus emmené par un trio (Gary Kneip, Jean-Marie Schrioeder et Lex Schroeder) et déi Konservativ conduits par Chantal Thein. L'ADR n'a pas présenté de liste, contrairement à 2017. Le parti avait à peine atteint la barre des 3% de suffrages.
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