RTL Infos - Portugais et frontaliers: "Les loyers n'étaient plus possibles... mais le Luxembourg me manque"

De plus en plus de Portugais doivent quitter le Luxembourg pour s'installer de l'autre côté de la frontière. Nos lecteurs donnent leurs impressions sur cette vie de frontaliers.

Rien qu'en 2024, 2.847 Portugais ont quitté le Luxembourg (voire plus si on compte les doubles nationalités). Beaucoup ont franchi la frontière pour s'installer dans une commune frontalière. La meilleure façon de faire fondre son budget logement tout en continuant à travailler dans le Luxembourg voisin!

Un exode qui est rarement vécu dans la joie, si on en croit nos lecteurs. Il y a quelques jours, nous avons lancé un sondage s'adressant aux Portugais frontaliers. Voici une sélection de vos (nombreux) témoignages.

Sofia : "Vivre au Luxembourg me manque"

Sofia nous a écrit ce message : "J'ai toujours habité au Luxembourg, mais les prix des loyers avec deux enfants n'étaient plus possibles. Mes dernières années au Luxembourg, je payais 1350€ de loyer + charges communs dans un appartement de 60 m2 et avec 2 chambres, sans ascenseur, ni balcon ni garage. Il y a 2 ans nous cherchions un appartement avec 3 chambres au Luxembourg, mais avec charges ça tournait dans les 1650€/1700€ . Maintenant en France, nous avons notre maison spacieuse avec 3 chambres, jardin, terrasse, garage. Dans un cartier calme et nous payons à crédit + charges 1450€".

Mais tout n'est pas rose : "Malheureusement, niveau administration et sécurité le Luxembourg est bien meilleur ! Au Luxembourg, nous avions des aides grâce à la subvention de logement, et niveau scolaire la cantine et foyer de jours est devenu gratuit pendant les heures scolaires. En France nous n'avons aucune aide financièrement car nous travaillons au Luxembourg. Donc cantine plein pot et maison relais aussi. Donc c'est compliqué. Vivre au Luxembourg me manque quand même" conclut-elle.

Déménager à la frontière : "une question de survie"

Rua : "Il n'y a pas que des Portugais! Faut aller faire un tour dans les communes frontalières et on verra des Italiens, des pays de l'Est et aussi des Luxembourgeois qui quittent le pays de plus en plus."

Alves : "J'habite à Villerupt et mes voisins sont des Luxembourgeois. Donc même eux ne sont pas capables de rester [dans leur pays] car la vie est devenue très chère, et les aides logement ce n'est pas pour toutes les personnes."

Guida : "J'aime bien [vivre à la frontière] mais j'aurais préféré être rester au Luxembourg car j'habitais à 10 minutes à pied du travail."

XangoCheater : "Oui, je suis Portugais, et à mon avis les frontaliers ne s'en rendent pas compte mais les prix à la frontière sont devenus catastrophiques, 500euros pour un studio de 20m2!"

Phil : "C’est surtout que cela devient difficile de se loger tout simplement pour toute personne, famille… les prix deviennent fous, il est donc malheureusement normal pour des raisons financières et/ou de survie de se déplacer dans les zones frontalières plus accessibles."

Angelo : "Le Luxembourg un pays magnifique mais malheureusement le prix des maisons et loyer ne sont pas abordables pour la classe ouvrière dont je fait parti, donc je pars et l'unique cause pour moi c'est le prix des loyers trop élevés par rapport à mon salaire ... I LOVE LUXEMBOURG malgré tout !!!!!"

Charlotte : "Perso mon mari ne reviendrait pas au Luxembourg… ici c’est calme… il construit sa vie sur de l’acquisition et non de l’emprunt successif."

Lucie: "Les conditions de la vie, et surtout au Luxembourg nous ont poussé à passer la frontière. Étant Luxembourgeoise j’ai aussi dû le faire avec regret."

Sylvie : "Il y en a beaucoup qui regrettent aussi de quitter le Luxembourg, car dans les autres pays, les taxes sont abusées".

Rui : "Et puis ils gardent une adresse au Luxembourg pour profiter des avantages luxembourgeois."

Raoul : "Il y en a même qui sont retournés au Portugal tout simplement."

Quand le Luxembourg est pointé du doigt : "on a construit ce pays, et on nous jette"

José : "Faut demander au politiciens ce qu'ils ont fait de beau pour les dégager du pays, pas les Portugais. On a aidé à construire ce pays et puis à un moment donné on nous jette."

Juthi : "Le Luxembourg pousse les gens à quitter ce pays. Cela fait 43 ans que je vis ici. D'ici 5 ans j'espère bien pouvoir quitter ce pays définitivement."

La France est de loin le plus gros pourvoyeur de frontaliers du Luxembourg... dont un nombre croissant habitaient auparavant au Grand-Duché! / © DR

Laurent: "Sur Thionville agglomération c'est un peu le même phénomène qui est observable, de plus en plus de luxembourgeois, d'anciens résidents au Grand-Duché viennent y vivre, le coût de la vie, du logement y étant bien plus abordable pour eux. Le bémol c'est que mécaniquement les prix de l'immobilier montent, les frontaliers, mais surtout les locaux n'arrivent plus à trouver un logement à un prix abordable. Le Luxembourg devrait construire de manière massive des logements (et infrastructures) à prix "maîtrisés" pour éviter cette fuite de population aux frontières."

Vasco : "Oui, je suis un Portugais et frontalier. Mais les prix au Luxembourg sont inadmissibles. Payer presque 1500€ pour un studio? 1000€ pour une chambre ? C'est inadmissible !"

L'intégration : "pas facile de cohabiter"

Kivin : "Je confirme ils sont nombreux sur la commune, le souci c'est l'éducation et le respect, pas facile de cohabiter..."

Manuela : "L’ancienne génération s’est bien intégrée celle qui arrive depuis une voire deux décennies non pas du tout il n’y a qu’à voir entreprises, cafés, restaurants, radio, télé, fêtes même certains communiqués nationaux en portugais donc ils ne font plus d’efforts, et oui ils imposent aussi notre culture"

Ceux qui refusent de partir : "Les villages français ne donnent pas envie"

Amaro : "Jamais de la vie je ne sortirais du Luxembourg pour aller habiter aux frontières! Je préfèrerais habiter au Bangladesh que d’habiter en France."

Fernand : "Si je lis les commentaires, je dois vraiment rire. Nous, étant luxembourgeois, on a acheté notre maison quand c'était le temps. Mais on ne partait pas en vacances, on n'avait pas de Mercedes et surtout pas déjà un deuxième domicile au Portugal, comme beaucoup de mes potes Portugais. Faut savoir faire ces choix et pas pleurer quand l'immobilier monte comme une flèche."

Rosi : "Moi non plus, les villages français aux alentours de la frontière luxembourgeoise sont horribles... ça donne pas envie."

Anna : Habiter à la frontière? "Déjà fait, plus jamais ! Pour faire court, j'ai acheté un appartement, copropriété très problématique, travaux à faire beaucoup trop chers, copropriétaires qui ne paient pas, toute la résidence a été classée en insalubrité irrémédiable, nous n'avons pas été expropriés, mais nous ne pouvons ni habiter ce bien, ni louer ni revendre.. Résultat quelques années après encore je paie et je suis encore à chercher une solution parce que personne ne nous a jamais aidé….voilà la France, donc pour moi c’est plus jamais."