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Le député (RN) Laurent Jacobelli a été condamné mardi à Thionville (Moselle) à 300 euros d'amende avec sursis pour "diffamation non publique et outrage" à l'encontre du député (ex-macroniste, désormais non inscrit) Belkhir Belhaddad, qu'il avait traité de "racaille" lors d'un déplacement ministériel en 2023.
L'élu du Rassemblement national, qui a en revanche été relaxé du chef d'"injure non publique à raison de l'origine", devra également verser 150 euros de dommages et intérêts à son collègue.
La peine prononcée est en deçà des réquisitions du parquet, qui avait demandé un total de 500 euros d'amende.
Les propos litigieux avaient été prononcés à Hayange, en marge d'une visite officielle du ministre d'alors, Olivier Véran, où étaient présents de nombreux élus locaux.
L'élu RN avait lancé à son adversaire:"Tu me parles autrement, je te le dis tout de suite, racaille!", avant de chuchoter à son oreille: "Joue pas les racailles" - des propos en partie enregistrés par les nombreuses caméras présentes ce jour-là.
En politique, on utilise "fréquemment" le mot "racaille" pour "signifier que quelqu'un se comporte mal", a minimisé M. Jacobelli devant le tribunal correctionnel, lors de l'audience du 17 juin.
Le procureur Brice Partouche, lui, avait vu dans les propos prononcés une "charge hostile" et "symbolique", qui visait la "fonction" de M. Belhaddad, "avec l'idée que si c'est une racaille, il ne devrait pas être député". Le magistrat avait également fustigé le caractère "dégradant" des propos, "en raison des origines" algériennes de M. Belhaddad, et ce "à partir du moment où ils sont prononcés par le porte-parole du RN".
Le député RN minimise ses propos
Dans un communiqué, M. Belhaddad a regretté le caractère "dérisoire" de la sanction infligée à son adversaire. "La main de la justice semble trembler lorsqu'il s'agit des élus du RN", a déploré le député, qui juge "incompréhensible" que le tribunal n'ait pas retenu le caractère raciste des propos.
De son côté M. Jacobelli s'est félicité que la justice ait mis fin à "une entreprise de calomnie et de victimisation", et reconnu que le terme "racaille", "entré depuis de nombreuses années dans le langage politique courant", ne revêtait "aucune connotation raciste".