Encore une start-up universitaire il y a cinq ans, Urbanloop est lancée vers un avenir radieux. Boostée par les J.O. de Paris, la petite capsule écolo transportera bientôt les Nancéens, puis des Émiratis et peut-être un jour des frontaliers mosellans.

C'est le transport en commun le plus proche de la voiture individuel et dont l'innovation consiste à transporter sur des rails et à la demande, deux, quatre, bientôt six -et peut-être un jour dix passagers- sur un circuit en boucle. En centre-ville, d'un P+R vers un centre urbain, vers une gare TER ou même à l'intérieur d'un grand site industriel ou touristique. Les capsules entrent et sortent de la boucle, sans jamais perturber le flux.

Mais le plus grand atout d'Urbanloop, c'est qu'il consomme très peu d'énergie au kilomètre. Il avait même décroché le record du monde en mai 2021. "Aujourd'hui on est le transport homologué le plus léger au monde, sans avoir quelqu'un en cabine, ni en station". C'est le slogan de Jean-Philippe Mangeot, le "papa" de la petite capsule devenue adolescente grâce aux J.O. et qui s'apprête à grandir vite, à en croire les commandes et nombreuses études en cours.

RTL

© Urbanloop

Au bord de l'A31 pour commencer

La première commande "de plus de 10 millions d'euros" est arrivée de la Métropole du Grand Nancy en septembre 2023. La start-up y a été développée avec des élèves ingénieurs de l’Université de Lorraine. Aujourd'hui Urbanloop compte une trentaine de salariés répartis sur deux sites à Tomblaine (activité logicielle, mécanique, usine et piste d'essais) et un second bureau à Lyon où sont concentrées les études et le développement commercial.

Un circuit avec sept stations et 7 km sur lequel circuleront 40 capsules sera créé à la limite de Nancy "pour que tous les gens qui viennent du nord de Nancy, de la Moselle et du Luxembourg puissent venir au centre-ville de Nancy en déposant leur voiture sur un P&R à Champigneulles, juste à la sortie de l'A31", explique Jean-Philippe Mangeot, président d'Urbanloop. Les usagers seront déposés à l'arrêt Saint-Georges avec accès direct à la ligne du trolleybus.

RTL

© Maurice Fick / RTL

Sa mise en service est prévue pour 2027. Toutes les études ont été lancées, les plans sont réalisés et la présentation du plan guide au grand public a été faite samedi. L'Ubanloop va s'intégrer dans la revalorisation du quartier désindustrialisé des Rives de Meurthe. Son circuit, croisé en 15 endroits, suivra le tracé d'une ancienne voie ferrée et sera longée par une une piste cyclable et une voie piétonne.

De l'étincelle des J.O. à Abu Dhabi

Le coup d'envoi des J.O. de Paris en juillet 2024 a marqué l'envol de la start-up régionale. "On a plus de 10 collectivités qui ont déjà signé et une centaine avec lesquelles on discute", glisse le président.

Le premier circuit technique implanté sur 2 km dans l'île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, au sud-ouest de Paris a été l'étincelle: "On a eu grand succès aux Jeux olympiques", sourit Jean-Philippe Mangeot, avec "10.000 personnes transportées" et une exposition maximale. Le circuit est toujours ouvert car Urbanloop a besoin du retour d'expériences dans toutes les conditions climatiques.

RTL

© Urbanloop

Grâce à lui, Urbanloop a décroché son premier contrat à l'international à Abu Dhabi: "C'est un projet de centre-ville entre les gratte-ciel. C'est un circuit de 800 m avec trois stations et cinq capsules qui va être un peu un showroom de ce qu'on sait faire, pour tous les pays du Golfe. En particulier on va pouvoir tester la résistance au sable. Ce seront des capsules climatisées. et ça va vraiment permettre à tous les habitants d'Arabie saoudite, du Qatar et de tous les pays du Golfe de venir voir Urbanloop et de l'essayer", résume un Jean-Philippe Mangeot enthousiaste.

RTL

© Urbanloop

Frontière luxembourgeoise, parc touristique, centrales nucléaires

Parallèlement aux projets concrets sont menées des études pour installer de nouveaux circuits. "Huit études actives sont en cours" pour des projets touristiques, industriels, urbains ou périurbain dans des métropoles, annonce Noémie Bercoff, directrice générale d'Urbanloop.

Des discussions sont par exemple en cours "avec EDF pour desservir l'intérieur des futurs EPR de nouvelle génération" qui seront construits, comme annoncé par Emmanuel Macron, à Penly, Bugey et Gravelines. Actuellement "on travaille avec EDF sur l'EPR de Penly pour desservir l'intérieur de la centrale et transporter entre 10.000 et 12.000 salariés dans le site industriel de très grande taille et dans lequel les salariés perdent un temps fou à se rendre de l'entrée aux vestiaires, à la cantine à l'usine".

Dans le Parc de loisirs d'Ohlain dans le Pas-de-Calais, qui s'étend sur plus de 170 hectares et qui attire près de 700.000 visiteurs par an, le trajet de 1 km entre le parking et le point d'intérêt principal du parc pourrait être proposé en capsules à l'avenir.

À la frontière entre Thionville et le Luxembourg "on a deux études en cours qui ont été commandées par le TEMO" (Territoires et Mobilités Moselle Nord) qui organise les transports collectifs urbains et scolaires pour les 250.000 habitants des 54 communes du périmètre du nord mosellan englobant le Thionvillois et la Vallée de la Fensch.

"Aujourd'hui on a des axes extrêmement congestionnés, que ce soit la voie ferrée ou l'autoroute frontalière entre Thionville et le Luxembourg. L'idée est de voir comment Urbanloop peut contribuer à la décongestion de ces axes en travaillant sur des systèmes de rabattement vers les futures services express métropolitains qui visent à augmenter la capacité ferroviaire. Nous on se positionne sur le rabattement, c'est-à-dire ramener les gens qui sont à 5, 8 ou 10 km de la gare TER pour qu'ils ne prennent pas leur voiture. Parce que une fois qu'ils ont pris leur voiture , souvent ils ne s'arrêtent pas à la gare TER, ils vont directement à la destination au Luxembourg en prenant les embouteillages", explique Noémie Bercoff.

Couteau suisse du transport en zones intermédiaires, Urbanloop est face a un double enjeu: remplir son carnet de commandes et développer l'entreprise pour répondre à ces commandes. Pour cela "on est en train de planifier la construction d'une usine" qui devrait voir sortir les premières capsules de ses chaînes à l'horizon 2026-2027, lâche le patron.

RTL

© Maurice Fick / RTL

À lire également:

La petite capsule Urbanloop bat un record du monde à Nancy

Une piste pour la mobilité à Luxembourg? Urbanloop: la capsule du futur