Une manifestation pacifique contre les violences conjugales a dégénéré lors du match de football Luxembourg-Slovénie, vendredi soir, lorsque les agents de sécurité sont intervenus, blessant au moins un manifestant, selon les organisateurs.

Une manifestation a dégénéré lors du match de football Luxembourg-Slovénie vendredi soir lorsque les forces de sécurité sont intervenues de force, faisant au moins un blessé parmi les manifestants, selon les organisateurs.

L'action, menée par l'association de défense des droits des femmes "CID Fraen an Gender", a été organisée en réaction à la décision de l'équipe nationale d'inclure Gerson Rodrigues dans son effectif.

L'attaquant international a récemment été reconnu coupable de violences conjugales et condamné à 18 mois de prison avec sursis – confirmée en appel – et à 1.500€ d'amende pour avoir agressé son ex-compagne.

Au stade de Luxembourg, la manifestation, qui a duré environ 20 minutes, est restée non violente jusqu'à ce que les agents de sécurité commencent à saisir et déchirer les banderoles, et à s'en prendre aux manifestants.

Dans un communiqué publié après l'incident, la police judiciaire a accusé les agents de sécurité du stade d'avoir fait un usage excessif de la force. Des manifestants auraient été bousculés et des objets leur auraient été arrachés brutalement des mains. Une manifestante aurait été blessée lors de l'altercation et transportée à l'hôpital, probablement avec un doigt cassé.

Selon le groupe, un agent de sécurité "aurait violemment tiré sur sa veste et son bras" même après qu'elle ait lâché la banderole. "Nous sommes consternés par ce niveau de violence totalement injustifié infligé à un groupe de manifestants pacifiques", a déclaré l'organisation. "L'ironie est stupéfiante : les personnes qui protestaient contre les violences faites aux femmes ont elles-mêmes été violemment réprimées."

Interrogé par des journalistes vers 22h, Joël Wolf, secrétaire général de la Fédération luxembourgeoise de football (FLF), a reconnu avoir donné l'ordre de retirer la première banderole, sur laquelle était écrit "Carton rouge à la FLF", au motif qu'il avait cru à tort qu'elle affichait un message blasphématoire adressé à la FLF.

La fédération estime ainsi se conformer au règlement de l'UEFA, qui interdit toute banderole insultante, incitant à la violence ou au racisme, ou véhiculant des messages politiques.

Wolf a toutefois affirmé n'avoir jamais donné l'ordre de retirer les banderoles condamnant la violence faite aux femmes, affirmant qu'il ne s'agissait en aucun cas d'un message politique et que la FLF soutenait pleinement la cause. "Ce sont les agents de sécurité du stade qui ont pris cette initiative", a-t-il précisé.

Joël Wolf a également précisé que le retrait de la première banderole a conduit à l'agression d'un agent de sécurité et a entraîné l'expulsion de six ou sept individus du stade.

À l'approche du match, la Fédération luxembourgeoise de football (FLF) avait défendu la sélection de Rodrigues en affirmant qu'elle ne voulait pas lui infliger une "double punition".

Le ministre des Sports exige des excuses de la part de la FLF

Dans une interview accordée à RTL Luxembourg ce samedi, le ministre des Sports, Georges Mischo, a vivement critiqué les actions des forces de sécurité et des responsables de la FLF. Il a qualifié de "terrible" l'interruption de la manifestation, la qualifiant de violation de la liberté d'expression.

"Des excuses sont nécessaires", a-t-il souligné, ajoutant qu'il prévoyait d'aborder la question avec les responsables dans les prochains jours.

Concernant les nouvelles sélections de Gerson Rodrigues, le ministre des Sports estime qu'il aurait dû être écarté par la FLF, ne serait-ce que pendant 6 mois.

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