Les parents ont souvent peur des allergies alimentaires pour leurs enfants. Parfois de manière exagérée.

Une étude réalisée en Allemagne a montré que jusqu’à 70 % des parents pensaient que leurs enfants souffraient d’allergie alimentaire alors qu’en réalité seuls 6% des enfants concernés souffraient effectivement d’allergie. D’où l’importance de faire diagnostiquer l’allergie par un pédiatre spécialisé en allergologie.

De quoi parle-t-on? 

Les enfants et notamment les tout-petits, sont fréquemment suspectés d’être allergiques au lait de vache, aux noisettes, aux œufs, aux arachides, au blé, au soja et au poisson. La suspicion la plus fréquente jusqu’à l’âge de deux ans étant l’allergie au lait de vache et aux œufs.

Qu’en est-il vraiment ?

Les chiffres:
• En réalité, seulement 3 à 6 % des enfants ont des allergies alimentaires.
• 50 % des enfants qui font de l’eczéma atopique développent une allergie alimentaire.
• 95 % des enfants avec une allergie alimentaire sont touchés par l’eczéma atopique.

Il s’agit surtout d’une question héréditaire. S’il existe des antécédents d’allergies au niveau familial, le risque d’allergie est évidemment plus élevé. Si les deux parents souffrent d’eczéma atopique, le bébé a 80 % de risque de développer cet eczéma. L’allergie représente toujours un risque possible sans être jamais certain.

Que peut-on faire ?
En présence d’une allergie alimentaire, le traitement possible est d’éviter l’aliment allergène. Une désensibilisation aux aliments allergènes est parfois également proposée, cependant elle n’est pour l’instant pas recommandée.

Entre l’âge de deux et quatre ans, il existe 80-90 % de chance de voir disparaître l’allergie au lait de vache et aux oeufs tandis que les allergies aux noisettes et aux cacahuètes risquent de persister. C’est pourquoi il est important d’établir un second diagnostic après quelques années afin de mesurer le niveau réel des intolérances.

Il existe des tests qui permettent de diagnostiquer ou de prouver une allergie. Il s’agit des tests de provocation orale qui permettent de mettre en évidence des symptômes allergiques. Les tests sanguins ou cutanés positifs seuls ne suffisent pas à prouver une allergie. En effet, une allergie se confirme à la fois par un test positif et des symptômes correspondants. Un test (sanguin ou cutané) est toujours beaucoup moins important que les symptômes.

Les tests de provocation orale peuvent être effectués à partir de quelques mois chez l’enfant et il n’y a pas d’âge limite.

Comment prouve-t-on une allergie? 

Un test est utile uniquement dans le cas de produits sur lesquels il y a une suspicion.

Les tests de provocation orale obéissent à des standards précis et sont réalisés dans un milieu hospitalier sous surveillance stationnaire. Le test de provocation se déroule en sept séquences de 30 minutes, avec des doses qui augmentent progressivement pour arriver par exemple à 150 ml de lait ou un oeuf par jour. On évite ainsi les réactions trop sévères et trop brutales qui pourraient survenir si les quantités étaient données en une seule fois. Le test se réalise également sous surveillance: une perfusion est mise en place et les médicaments permettant de traiter une urgence sont immédiatement disponibles. Si les 7 séquences se déroulent bien, l’enfant est gardé sous surveillance jusqu’au lendemain. En effet, 10 % des enfants réagissent seulement le lendemain après l’absorption d’un produit auquel ils sont allergiques. Enfin, on redonne en une seule fois la quantité donnée la veille afin de vérifier la tolérance.

Le test de provocation peut se faire, soit en double aveugle, soit de manière ouverte. En double aveugle signifie que ni les parents, ni le médecin ne savent ce qui est donné à l’enfant. Cela aide à mieux observer tous les symptômes qui vont se présenter sans idée préconçue et sans influencer le test. En mode ouvert, chacun sait quels produits sont donnés à l’enfant. Les réactions au niveau de la peau, de la respiration et des intestins sont alors observées.

Exemple: Pour poser le diagnostic d’une allergie au lait de vache chez un enfant en bas âge qui vomit souvent après avoir bu du lait et dont le test est positif il faut chercher à prouver que ses symptômes font suite à sa consommation de lait. Pour cela, le lait sera retiré de sa consommation puis réintroduit deux à quatre semaines plus tard si les symptômes ont disparu. Si les symptômes reviennent, l’allergie est dans ce cas prouvée. Un test de provocation orale pourra être réalisé 6 à 12 mois plus tard pour savoir si l’allergie persiste. À ce moment là, il se pourrait que l’enfant tolère le lait à nouveau bien que le test soit toujours positif.

Le conseil à suivre
Il faut éviter d’auto-diagnostiquer une allergie à son enfant conduisant à l’empêcher de manger certains aliments sur lesquels une allergie est suspectée. En effet, si un aliment est bien toléré, sans aucun symptôme, c’est que l’enfant n’a pas d’allergie, même si le test pour cet aliment est positif.

Un risque de malnutrition pourrait survenir, potentiellement beaucoup plus grave à long terme qu’une allergie. Les diététiciens ont un rôle important à jouer: proposer une alternative aux aliments allergènes et permettre ainsi une alimentation équilibrée malgré la suppression du lait, des œufs ou de tout autre aliment.