Comment ne pas s’inquiéter lorsque son bébé ne parvient pas à s’endormir, son enfant souffre de somnambulisme ou son adolescent ne dort plus?
Le sommeil de bébé
Lui apprendre à s'endormir: pour un nourrisson, faire sa nuit, ce n’est pas avoir une continuité nocturne mais bien de ne pas réveiller ses parents. Le fait de se réveiller toutes les heures en début de vie est important pour sa survie. Mais s’il ne parvient pas à se rendormir seul, les conséquences familiales peuvent être importantes.
Un enfant sur deux de moins de 5 mois arrive à faire ses nuits. Pour lui permettre de gérer son endormissement en toute autonomie, l’enfant s’auto-apaisera en suçant son pouce ou en se blottissant contre son doudou. Si votre enfant pleure la nuit, veillez à ne pas intervenir précocement et à lui laisser suffisamment de temps pour privilégier ses capacités et ses stratégies d’auto-apaisement.
Ne pas interrompre son sommeil: pendant les 2-3 premières semaines de sa vie, un bébé en bonne santé se réveille quand il a faim et se rendort aussitôt rassasié. Le nourrisson ne connaît pas l’alternance du jour et de la nuit. En général, 4 à 8 semaines sont nécessaires pour que le nourrisson puisse trouver le bon rythme.
Lors de son sommeil, le nouveau-né semble parfois agité: son visage est très expressif, alternant des sourires aux anges, des mimiques de douleur ou d'extase. Parfois même, ses yeux sont ouverts et il remue les bras et les jambes. N'intervenez surtout pas à ces moments ! En réalité, votre bébé dort. Il est dans un stade appelé "sommeil agité", qui correspond à notre sommeil paradoxal d'adulte. Si vous réveillez intempestivement un bébé, à la longue, ces réveils imposés risquent de le déconnecter de son rythme naturel de sommeil et d'induire un conditionnement anormal. Il se réveillera toutes les 2 heures, à la fin de son sommeil paradoxal, il pleurera, mangera si on le nourrit, même en l'absence de faim, sera fatigué et perdra les repères nécessaires à l'établissement et à l'évolution normale de son sommeil.
Insomnie du jeune enfant: des solutions?
Sachez que certaines méthodes ne fonctionnent que très rarement en cas d’insomnie d’un enfant âgé de moins de deux ans: ostéopathie, homéopathie, sirops, phytothérapie, somnifères, acupuncture… De manière générale, mieux vaut consulter votre pédiatre ou un psychologue formé aux troubles du sommeil chez le jeune enfant.
Le sommeil de votre enfant peut être considéré comme perturbé, si:
• il s’endort difficilement (un temps d’endormissement dépassant 30 minutes),
• il se réveille souvent pendant la nuit,
• il se réveille trop tôt (réveil avec impossibilité de se rendormir en fin de nuit ou très tôt le matin).
L'adolescent et son sommeil
Un adolescent sur deux se plaindrait de son sommeil et surtout d’insuffisance de sommeil, de fatigue et de somnolence.
Des études scientifiques ont pu démontrer que l’adolescence est une période durant laquelle se produisent des changements majeurs du sommeil et du rythme veille-sommeil. En effet, les adolescents souffrent souvent d’une diminution progressive du sommeil lent, et en parallèle, d’un décalage du sommeil. Ils se couchent et se lèvent tard et récupèrent leur sommeil durant le week-end. Or, ce décalage de phase engendre une insuffisance chronique de sommeil.
Par ailleurs, d’autres facteurs influencent les difficultés d’endormissement tels que les effets psycho-sociaux (internet, TV, activités sportives le soir, job d’étudiants…) et le mode de vie (caféine, tabac, alcool, sédentarité…).
Les insomnies d’endormissement de l’adolescent peuvent s’expliquer par le décalage de phase, le mode de vie, l’anxiété et le stress, la dépression ou le syndrome des jambes sans repos.
Une somnolence diurne est généralement relative à diverses pathologies médicales et psychiatriques (thyroïde, infections, dépression) ou à la présence de réelles pathologies du sommeil (narcolepsie, apnées du sommeil, syndrome de Kleine-Levin…).
N‘hésitez pas à consulter votre médecin traitant. Celuici pourra établir un diagnostic correct et guider ensuite votre adolescent vers une approche cognitivo-comportementale ou médicamenteuse. En cas de troubles du sommeil, notamment liés à une dépression, la luminothérapie peut être proposée. Elle consiste à s’exposer quotidiennement à une lumière artificielle blanche, dite «à large spectre», imitant celle du soleil.
Chez l’adolescent, les conséquences des modifications du sommeil sont multiples:
• somnolence diurne,
• fatigue,
• sédentarité,
• dépression,
• anxiété,
• difficultés scolaires,
• prise de substances “pour s’endormir” ou pour “rester éveillé” particulièrement le soir,
• prise de poids.
Mon enfant dort-il assez ?
Tout est une question d’âge. Il faut savoir que le besoin de sommeil varie d'un individu à l'autre, et évolue au cours de la vie. Un bébé dormira 16 à 18 heures par jour. Les enfants de 6 à 12 ans, ont généralement besoin de 10 à 11 heures de sommeil. Tandis que les adolescents doivent pouvoir dormir entre 9 et 10 heures par nuit.
Focus sur quelques pathologies du sommeil
La narcolepsie
La narcolepsie est assez rare, elle ne concernerait environ que 2 personnes sur 1000. Ce trouble du sommeil se caractérise par un endormissement incontrôlable qui survient à n'importe quel moment de la journée. Et ce, quelles que soient les activités réalisées par la personne narcoleptique. La narcolepsie débute souvent vers l'adolescence et perturbe fortement la vie sociale (scolaire, familiale…) de la personne qui en souffre. Il n’est pas rare qu’elle soit accompagnée par d’autres phénomènes:
• la cataplexie qui se caractérise par un relâchement brutal du tonus musculaire. Elle peut être généralisée ou localisée à certains muscles (mâchoires par exemple).
• les paralysies du sommeil qui surviennent au réveil. La personne est incapable de bouger alors qu'elle est éveillée. Ce phénomène est très angoissant. Mais il est passager et sans danger.
• les hallucinations qui peuvent survenir au moment du réveil ou de l'endormissement (hallucinations hypnagogiques).Elles se manifestent par la perception de sons, d'images, de sensations cutanées qui ne correspondent pas à la réalité.
Le somnambulisme
Le somnambulisme survient en phase de sommeil profond, lorsque l’éveil est incomplet. Le promeneur nocturne donne l'impression d'être éveillé car il a généralement les yeux ouverts. Parfois, il parle ou urine.
Heureusement, l’épisode de somnambulisme est généralement de courte durée (rarement jusqu'à une heure). Ce trouble du sommeil n'est pas dangereux en soi. La déambulation en état d'inconscience présente toutefois des risques de chute. Il n’est pas nécessaire de réveiller un somnanbule pour autant. N'intervenez que si vous constatez un danger potentiel pour votre enfant (approche d'un escalier, d'une fenêtre ouverte, etc). Dans ce cas, essayez de le ramener en douceur vers son lit, en le guidant par les épaules ou en lui prenant la main. S'il est agité, parlez-lui doucement et calmement pour le rassurer, sans chercher à obtenir une réponse ou à le réveiller. Si vous constatez que cela se reproduit souvent chez votre enfant, placez une barrière de sécurité devant les escaliers.
Ce phénomène est assez fréquent. On estime que près d'1 enfant sur 3 ferait un épisode occasionnel de somnambulisme. Ce trouble du sommeil disparaît d’ailleurs généralement à la puberté.
Les terreurs nocturnes
Ce sont souvent les enfants âgés de moins de 8-9 ans qui sont confrontés à ce trouble du sommeil lent profond.
L'enfant se réveille brusquement en poussant des cris de panique. En réalité, il est encore partiellement endormi. On dit d’ailleurs souvent que la terreur nocturne se rapproche du somnambulisme. Si on réveille complètement l’enfant, il sera incapable d'expliquer ce qui l'a effrayé. Le lendemain matin, il n’aura généralement plus aucun souvenir.
Que l’on se rassure: ce trouble est sans conséquence sur le développement et la vie diurne de l’enfant et il disparaît spontanément avec l'âge. Il suffit généralement de le recoucher doucement et de lui parler à voix douce pour le rassurer. Il se rendormira habituellement rapidement.
Comprendre les cycles du sommeil
Chaque nuit, notre sommeil passe par plusieurs étapes: ce sont des cycles qui se répètent (généralement 4 à 6 cycles par nuit). Chaque cycle a une durée de 1h10 à 1h40 et comporte quatre phases de "sommeil lent" et une phase de "sommeil paradoxal":
• Phase 1: c’est le moment de l’endormissement (pour le premier cycle). Cette phase est une transition entre l’état d’éveil et le sommeil: le cerveau du dormeur se prépare. A partir du deuxième cycle, cette phase correspond à des épisodes de pré-réveil ou micro-réveil. Ces pré-réveils sont très courts (2 à 3 minutes). Ils passent inaperçus si le dormeur n’est pas perturbé par une sollicitation extérieure (bruit, douleur, etc).
• Phase 2: un sommeil léger se développe, généralement après 15 à 20 minutes.
• Phase 3 et phase 4: après environ 30 minutes, un sommeil profond s’installe. Le dormeur est difficile à réveiller.
• Phase de sommeil paradoxal: chaque cycle se termine par une période de sommeil paradoxal (appelé aussi sommeil REM), très profond, qui dure entre 10 et 15 minutes. C’est le sommeil des rêves. Au début de la nuit, la quantité de sommeil lent est abondante. Elle se réduit progressivement au fil de la nuit, tandis que la quantité de sommeil paradoxal augmente.
Ronflements et apnées du sommeil: découverte de nouveaux muscles
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil est causé par un relâchement des muscles et de la gorge qui provoque des arrêts intermittents de
la respiration (de 20 secondes à 2-3 minutes au maximum) durant le sommeil. Ces arrêts respiratoires causent des micro-réveils inconscients induits par les reprises de la respiration. Mais ils sont surtout à l’origine d’une diminution de la quantité d’oxygène apportée aux organes par le sang. Il est donc essentiel que les personnes souffrant de ce trouble soient traitées rapidement car ce syndrome peut entraîner des conséquences graves comme des troubles cardiovasculaires et même un décès prématuré.
Des chercheurs suédois ont récemment découvert un nouveau type de fibres musculaires particulières présentes dans le palais mou, en plus grande quantité chez les personnes souffrant d’apnées du sommeil. En réalité, c’est surtout la structure moléculaire de ces fibres qui est mise en question. Selon le Dr Farhan Shah, premier auteur de l’étude, certaines de ces fibres présentent une absence de protéines clés déjà observée dans certaines maladies musculaires génétiques. Si ces fibres spécifiques apparaissent bien comme un marqueur du syndrome d’apnées, les chercheurs pensent qu’il serait alors possible de mettre au point de nouvelles thérapies pour améliorer sa prise en charge.
Céline Buldgen