À mi-chemin entre le sport de combat et la reconstitution historique, le béhourd captive les passionnés de traditions chevaleresques. Des clubs existent dans 42 pays. Découverte.

Héritage des joutes médiévales à pied, le béhourd n’est pas une simple reconstitution mais bien une discipline à part entière comparable aux sports de combat. Quarante-deux clubs sont recensés dans le monde par la fédération Historical Medieval Battle International Association (HMBIA) dont plusieurs en France, un au Grand-Duché,les Knights of Luxembourg, et un en Belgique,Les Dragons d’Armes.

Béhourd est un mot dérivé du vieux français qui signifie tournoi ou lance.C'est aujourd'hui un sport, avec des règles officielles, des ligues et un classement.

Ce n'est pas uniquement un spectacle de reconstitution historique, même si de nombreux pratiquants participent aux fêtes médiévales, comme celles de Sierck en Moselle au mois d’août. Les armures, les blasons et les reproductions d'armes doivent toutefois être conformes à la réalité historique.

Un jeu de rôles avec des armes

Le béhourd, c’est quoi ? Des affrontements cinq contre cinq dans une arène ou un combat seul à seul. Des rôles adaptés au physique de chacun (du Tank massif au Runner léger). Des armes en acier non tranchantes (hache, masse d'arme, fauchon et arme d'hast). Un mélange de lutte et de frappes pour amener les adversaires au sol. À savoir que tous les coups (ou presque) sont permis. 

Une pratique très physique

Cardio, renforcement musculaire, escrime, séances de boxe et différentes techniques de combats sont développés lors des entraînements. Course à pied, pompes, abdos, fentes, squats et gainage complètent le tout.

Les séances d'entraînements sont conformes aux méthodes modernes des sports de combat comme la lutte, la MMA, la boxe ou le judo.  À cela s'ajoutent des échauffements spécifiques en armure. Le crossfit et le powerlifting sont aussi utilisés. C’est donc un sport ultra complet.

Un équipement lourd et onéreux

Avant de combattre, il faut compter une bonne demi-heure pour s'équiper. Chaussures médiévales, veste matelassée, cagoule, casque, cotte de mailles… Les armures coûtent en moyenne 3.000 euros et pèsent entre 20 et 45 kg. Elles sont faites pour ceux qui ont déjà un peu d'expérience. Il est tout à fait possible de s'exercer avec des armes en mousse et sans armure pour commencer. L’équipement est souvent prêté lorsqu’on débute. Puis, il s’achète au fur et à mesure.

La protection est leur priorité

Ce sport doit se pratiquer en club, pour des raisons de sécurité.Contrairement aux reconstitutions de batailles historiques, le béhourd est un sport régi par des règles et nécessite la présence d’arbitres. Afin de réduire les blessures, le matériel est soigneusement vérifié avant les batailles, toutes les armes sont émoussées, c’est-à-dire qu’elles ont perdu leur tranchant. 

"Nous pratiquons un sport d’inspiration historique, où la règle qui prévaut est l’historicité visuelle. Nous ne sommes pas une équipe de reconstitutions et nous n’avons aucunement la prétention d’avoir des armures parfaitement historiques. En revanche nous pratiquons un sport de combat, donc la protection est vitale", précise le président du club Lotharii Regnum de Lorraine, une association qui existe depuis 2018 et rassemble vingt membres de Metz, Thionville et du Luxembourg. "On compte deux femmes et des champions du monde dans nos rangs." Voilà un sport loin d’être passé de mode.

"Il ne s’agit pas d’un divertissement décontracté mis en scène par des geeks ou des comédiens, mais bien d’un sport extrême pratiqué par des athlètes."Edouard Eme, président de la Fédération française de béhourd.