Vous êtes solitaire et vous avez tendance à vous isoler ? Les autres vous semblent étrangers, vous ne comprenez pas leur mode de fonctionnement ? Et vous, non plus, personne ne vous comprend vraiment ? Si le sentiment de différence peut être bien vécu par cer-taines personnes, d’autres le vivront plus mal et auront tendance à s’isoler socialement. Revenons sur les causes et les plaintes réelles exprimées par celles et ceux qui souffrent de cette situation.

Qu’est-ce que le schéma d’isolement social et de la différence ? C’est le sentiment d’être différent des autres. C’est le sentiment de n’appartenir à aucun groupe, d’avoir plutôt un rôle de spectateur externe dans  les situations de la vie quotidienne, notamment en groupe.

Il est possible de se retrouver dans la définition de ce schéma sans que celui-ci ne soit vraiment structurel de notre personnalité. Nous pouvons donc adopter ce mode de fonctionnement en réaction à une période difficile de notre vie pendant laquelle il va être nécessaire pour nous de prendre de la distance.

En revanche, si ce schéma est structurel, cette forme d’exil sera plus envahissante et impactera nos relations (amoureuses, familiales, professionnelles, amicales). Que ce soit sur un mode structurel ou occasionnel, la personne qui vit ce schéma d’isolement social peut le vivre comme un réel handicap social, affectif et intime.

Pourquoi se sent-on différent des autres?

Voici une liste non exhaustive des différentes expériences de vie précoces qui peuvent déclencher chez l’enfant que l’on a été ce sentiment d’être différent des autres:

  • Les dons intellectuels et la manière de s’exprimer
  • Les dons artistiques
  • L’hypersensibilité
  • Le racisme
  • L’orientation sexuelle
  • L’apparence physique (laideur, beauté, poids, taille…)
  • Le handicap, qu’il soit physique, intellectuel ou cognitif (exemple TDAH et non-reconnaissance de ce trouble)
  • Les traumatismes et troubles du comportement
  • Les enfants adoptés, orphelins
  • La stigmatisation familiale (inceste…)
  • La dépression, l’alcoolisme d’un des parents
  • Une  classe  sociale  plus  haute/plus  basse  que  les  autres enfants du même âge

Les  contextes  d’apparition  du  sentiment  d’être  différent sont  multiples.  C’est  pour  cette  raison  que  le  schéma d’Isolement  social  et  de  la  Différence  se  retrouve  chez de nombreuses personnes.

Les  personnes  qui  sont  dans  un  tel  schéma  grandissent en  se  sentant  différentes  des  autres,  c’est-à-dire  qu’elles grandissent  en  se  tenant  systématiquement  à  l’écart  des groupes  et  en  les  évitant  autant  que  possible.  Les  activités  de  loisirs  choisies  sont  préférentiellement  des  activités  solitaires.  L’enfant  se  construit  la  plupart  du  temps sur  une  image  de  «perdant»,  et  sur  une  non-reconnaissance de ce qu’il est.

Dans  ce  contexte,  le  but  de  la  thérapie  va  être  d’aider  le patient  à  se  sentir  moins  différent  des  autres.  Le  thérapeute  lui  expliquera  ce  qui  lie  les  individus  les  uns  aux autres (les opinions communes, les histoires ou souffrances similaires…).

Il  s’agira  également  de  désacraliser  l’importance  d’être quelqu’un  de  différent  des  autres  et  de  travailler  sur  des pensées  («Être  comme  tout  le  monde,  c’est  perdre  l’essence de ce qui nous rend unique», «Être comme tout le monde, c’est être un mouton», etc).

Selon  Jeffrey  Young,  un  psychologue  américain:  «Nous sommes tous des êtres humains avec des besoins fondamentaux  et  les  mêmes  désirs.  Même  si  nous  sommes  différents les uns des autres, nous avons plus de similitudes que de différences.»

Un  autre  but  de  la  thérapie  sera  d’amener  le  patient à  se  tourner  davantage  vers  des  personnes  plus  empathiques (et donc plus accueillantes), même si cela implique des changements profonds de son mode de vie.  Il  devra  passer  à  l’action  et  tisser  des  liens  sociaux concrets avec les autres.

Difficultés à créer des liens

Sur le plan relationnel, ce sont des personnes qui peuvent  être  autant  sociales  et  agréables  que  sauvages et  solitaires,  avec  un  besoin  très  fréquent  de  s’isoler.  Ces personnes reconnaissent assez facilement qu’elles n’ont pas  de  sécurité  affective,  que  ce  soit  dans  leurs  relations sociales  ou  intimes,  et  qu’elles  recherchent  cette  sécurité  que  l’autre  n’est  pas  toujours  capable  de  donner, créant ainsi souvent des difficultés relationnelles.

Sur  le  plan  émotionnel,  le  patient  montre  une  certaine anxiété  que  l’on  qualifiera  d’anxiété  sociale  avec  des pensées  anticipatoires  («Ah non, je ne réponds pas au téléphone», «Ah non, on m’a invité mais je n’y vais pas»…) qui vont  l’empêcher  d’entrer  en  relation  avec  les  autres,  d’entretenir des liens avec eux, y compris des liens intimes.

Le  patient  va  également  auto-interpréter  automatiquement les situations, les attitudes des autres comme du rejet.  Sans  en  avoir  réellement  conscience,  il  aura  tendance  à  amplifier  cette  différence  qu’il  ressent  vis-à-vis des autres.

Si  la  forme  du  schéma  est  modérée,  la  personne  parvient  tout  de  même  à  tisser  des  liens  sûrs  avec  quelques personnes.  Mais  elle  choisira  de  préférence  des  relations  interindividuelles  (de  1  à  1),  générant  ainsi  moins de  risque  d’être  rejeté  ou  moqué.  Elle  va  éviter  les  relations de groupe.

Dans  la  forme  sévère,  la  personne  se  tiendra  à  l’écart  de tout  contact  social  et  fuira  les  relations  d’intimité  (relations  physiques,  parler  de  soi,  se  confier…).  Dans  des  cas très  extrêmes,  le  thérapeute  deviendra  le  seul  contact social de la personne.

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