Le robot spatial Resilience d'ispace doit se poser sur la Lune début juin avec à son bord un petit rover baptisé Tenacious. Entièrement développé et construit au Luxembourg, ce rover explorera le site d'atterrissage et collectera du régolithe lunaire.
Le siège européen d'ispace est situé dans le quartier gare de Luxembourg, dans un ancien bâtiment logistique de la société Paul Wurth. Ici, une petite équipe très cosmopolite (une quarantaine de personnes pour une trentaine de nationalités) travaille depuis depuis des années à la conception de rovers lunaires.
Leurs locaux comprennent un centre de conception technique, un laboratoire de fabrication, une salle de contrôle pour les missions lunaires et un centre d'essai. Ce dernier est un terrain d'environ 100m2 qui imite les conditions du sol lunaire et sur lequel on teste les rovers fabriqués ici. "On a des cratères, des rochers, du sable basaltique... ce n'est pas la Lune évidemment mais ça nous permet de nous entraîner et de tester le rover" explique Antoine Bocquier, ingénieur systèmes chez ispace.
Un rover 100% Made in Luxembourg
C'est d'ailleurs le cœur de la mission des ingénieurs d'ispace Europe. Concevoir et fabriquer des rovers lunaires. Leur dernier né, baptisé Tenacious, est un petit concentré de technologie à peine plus gros qu'une boîte à chaussures qui est en route vers la Lune. "Il faut imaginer 5kg pour être autonome en énergie, pour pouvoir rouler, pour avoir des caméras et des charges utiles sur la Lune avec un environnement mécanique et thermique compliqué" s'enthousiasme Antoine Bocquier avant de conclure "Bientôt il y aura un petit bout du Luxembourg sur la Lune" .
Après environ deux mois passés dans l'espace et plus d'un million de kilomètres parcourus, l'alunisseur Resilience est entré en orbite lunaire avec succès le 7 mai. L'engin avait été lancé par une fusée Falcon 9 de SpaceX le 15 janvier dernier depuis le centre spatial Kennedy en Floride.

© GREGG NEWTON / AFP
"C'est une fierté et c'est un grand pas pour l'Europe et le Luxembourg. Aujourd'hui c'est l'effort de tout le monde qui est en route vers la Lune" explique Yamin Merabet, ingénieur en robotique chez ispace.
Resilience prendra entre quatre et cinq mois pour rejoindre la Lune et transportera, en plus du rover luxembourgeois, des instruments scientifiques développés par d'autres entreprises. Un équipement d'électrolyse de l'eau, une expérience de production alimentaire, une sonde de rayonnement dans l'espace lointain ainsi qu'une maquette de maison réalisée par un artiste suédois, Mikael Genberg. L'objectif affiché par ispace est d'effectuer sur la Lune des démonstrations technologiques de plusieurs de ces instruments.
Deuxième tentative
La start-up japonaise a affirmé avoir tiré les leçons d'une tentative ratée il y a près de deux ans. En avril 2023, la première navette spatiale de la société avait effectué un "atterrissage dur" et irrécupérable, qui avait anéanti ses ambitions d'être la première entreprise privée à alunir.
Quelques temps après, la société Intuitive Machines, basée à Houston, avait réussi cet exploit avec un engin sans équipage qui a atterri sous le mauvais angle mais a pu effectuer des tests et envoyer des photos. À défaut d'être les premiers, ispace veut donc gagner sa place dans l'histoire de l'espace au moment où les missions vers la Lune sont en plein essor, tant du côté des gouvernements que de celui des entreprises privées. Et il reste encore des exploits et des premières à réaliser. "C'est la première fois qu'un rover européen est envoyé dans l'espace et on croise les doigts pour que l'alunissage se passe bien" espère Antoine Bocquier. Réponse début juin.