Resilience, l'engin spatial d'Ispace qui transporte le rover fabriqué au Luxembourg s'est envolé ce matin vers la Lune.

Une seule fusée pour deux missions  lunaires: les appareils de deux entreprises privées, l'une américaine et l'autre  japonaise, se sont envolés mercredi vers la Lune, une nouvelle illustration de  l'importance croissante prise par le secteur privé dans l'exploration spatiale. Les deux engins spatiaux, chargés d'instruments scientifiques, seront envoyés dans l'espace par une fusée Falcon 9 de l'entreprise américaine du milliardaire Elon Musk, SpaceX.

Cette dernière a décollé ce mercredi matin à 7h10 (heure luxembourgeoise) depuis le Centre spatial Kennedy, sur la côte est américaine. Témoin de cette importante mission pour le Luxembourg, le Premier ministre Luc Frieden qui s'est rendu dans les locaux d'iSpace pour assister à la séparation du module lunaire de la fusée Falcon vers 8h30.

A son bord, le robot spatial Blue Ghost, développé par l'entreprise Firefly Aerospace pour le compte de l'Agence spatiale américaine, la Nasa, et Resilience de la société japonaise ispace avec le rover "made in Luxembourg", construit en plastique renforcé de fibres de carbone et équipé d’une caméra HD et d’une pelle.

Toutes deux espèrent reproduire l'exploit réalisé par l'entreprise américaine Intuitive Machines, qui a réussi début 2024 à poser un engin spatial sur la surface lunaire, une première mondiale pour une société privée.

Jusqu'alors, cette manœuvre périlleuse n'avait été réussie que par une poignée de pays, à commencer par l'Union soviétique en 1966.

Il s'agira de la première tentative de Firefly Aerospace et de la deuxième d'ispace, dont un appareil avait échoué à alunir en douceur en 2023.

Connaître la surface lunaire

Le robot spatial américain Blue Ghost passera environ 45 jours en transit vers la Lune et sera chargé de dix instruments scientifiques de la Nasa.

Quant à Resilience, il prendra entre quatre et cinq mois à rejoindre l'astre et transportera entre autres un rover, des instruments scientifiques développés par d'autres entreprises, et une maquette de maison réalisée par un artiste suédois, Mikael Genberg.

Le micro rover lunaire a été conçu, fabriqué et assemblé au Luxembourg grâce à un cofinancement de l'Agence spatiale luxembourgeoise dans le cadre d'un contrat de l'Agence spatiale européenne.

Le micro rover lunaire, appelé "Tenacious" et destiné à être descendu sur la surface lunaire à partir de l'atterrisseur lunaire Resilience, devra mener l'exploration de la zone autour du site d'atterrissage. Ce nom incarne à la fois les caractéristiques humaines de la petite taille et de l'entreprise implacable du rover, ainsi que l'équipe ispace-EUROPE qui l'a développé en s'appuyant sur l'héritage d'ispace en matière de conception et de fabrication de rovers.

L'objectif affiché par ispace est d'effectuer sur la Lune des démonstrations technologiques de plusieurs de ces instruments.

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© ispace

Côté américain, la Nasa prévoit de mener grâce à Blue Ghost des "recherches scientifiques très diverses" allant de "la compréhension de la poussière lunaire à la caractérisation de la structure et des propriétés thermiques de l'intérieur de la Lune", a expliqué Maria Banks, une responsable scientifique de l'agence.

La Nasa compte par exemple forer le sol lunaire et tester des technologies visant à améliorer la navigation, dans l'objectif d'approfondir ses connaissances sur la Lune et d'aider à la préparation des "futures missions humaines".

Les Etats-Unis ambitionnent d'y renvoyer prochainement des astronautes. Après de multiples reports, la Nasa table aujourd'hui sur un retour à l'horizon "mi-2027".

Privatisation

A défaut d'être les premières, Firefly Aerospace et ispace cherchent à consolider leur place dans ce marché en plein essor, les vols vers la Lune se multipliant, tant du côté des gouvernements que de celui des entreprises privées.

"Chaque étape franchie fournira des données précieuses pour les missions futures et permettra aux États-Unis et à leurs partenaires internationaux de rester à la pointe de l'exploration spatiale", a assuré Jason Kim, le patron de Firefly Aerospace.

La Nasa a choisi voici plusieurs années de charger des sociétés privées, dont cette société texane, de l'envoi de matériel et de technologies sur la Lune - un programme baptisé CLPS destiné à faire baisser les coûts des missions.

Il s'agit du troisième lancement mené dans le cadre de ce programme, la première mission ayant échoué et la deuxième menée par Intuitive Machines, ayant réussi à alunir, mais sous un mauvais angle.

Sa sonde Odysseus s'était approchée trop vite de la surface lunaire durant sa descente, et avait cassé au moins l'un de ses six pieds.