À la veille d'un jour décisif pour le Portugal, RTL Infos a cherché à savoir comment était vécu, au Luxembourg, le virage à droite dans la péninsule ibérique. En particulier dans une ville comme Dudelange où vivent beaucoup de Portugais.

Dudelange fait partie, derrière Esch, Differdange et bien sûr Larochette, des communes luxembourgeoises où l'on trouve le plus grand pourcentage de Portugais - près d'un tiers des habitants -, c'est donc logiquement que nous avons choisi cette ville du sud du pays pour y tendre notre micro.

À un mois des célébrations des 50 ans de la Révolution des Œillets, il est légitime de tenter d'analyser le retour en force de la droite et la poussée de l'extrême droite dans un pays qui a connu quarante ans de dictature salazariste.

La première chose qui frappe, c'est la perception du parti populiste Chega ("Assez" en français) pas forcément considéré comme une menace par les résidents de Dudelange, qu'ils soient d'origine portugaise ou pas : "Il fallait un petit changement", "Les salaires, ils sont bas, niveau santé, c'est le bordel. Il y a franchement beaucoup de choses qui doivent changer au Portugal", "Ça ne peut pas faire trop de mal, en sachant que les gouvernements portugais, sur les derniers mandats, ont été ciblés par beaucoup de problèmes de corruption."

Nous avons tout de même croisé des personnes que la montée du populisme inquiète, comme cette femme d'origine espagnole : "Ça fait peur. Et en tant que femme, nos droits peuvent être bafoués très vite."

Mercredi, journée décisive

Le chef du parti d'extrême droite portugais qui a fortement progressé aux législatives du 10 mars a réaffirmé lundi sa volonté de conclure un accord de gouvernement avec la droite modérée, qui a remporté le scrutin de justesse.

"Nous continuerons de mener tous les efforts (...) pour arriver à un accord qui assure la stabilité du pays", a déclaré le président de Chega, André Ventura, à l'issue d'une rencontre avec le président de la République, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa.

Juste après sa victoire, le président du Parti social-démocrate (PSD, centre droit) Luis Montenegro avait pourtant dit vouloir former un gouvernement minoritaire, réitérant son refus de gouverner avec le soutien de l'extrême droite.

"S'il n'y a pas d'accord de gouvernement, le PSD sera responsable de l'instabilité que cela générera", a mis en garde M. Ventura lundi.

Après huit ans de gouvernement socialiste, l'opposition de centre droit a remporté les élections avec 29,5% des suffrages et 79 sièges sur un total de 230, selon des résultats quasi-complets, car les quatre mandats des circonscriptions de l'étranger ne seront attribués que mercredi.

M. Montenegro n'atteindra donc pas le seuil de 116 députés requis pour avoir la majorité absolue, même en s'alliant avec la formation Initiative libérale qui a obtenu 5% des suffrages et huit élus.

Le Parti socialiste a terminé deuxième, avec 28,7% des voix et au moins 77 députés, tandis que Chega a renforcé son rang de troisième force politique du pays, en passant de 12 à 48 députés avec un score de 18%.

Le président terminera mercredi de consulter les partis représentés dans le futur Parlement en recevant Luis Montenegro, qui devrait ensuite être nommé Premier ministre et invité à former le gouvernement.

Au Portugal, l'exécutif n'a pas besoin d'un vote au Parlement pour entrer en fonctions, ce qui pourrait arriver début avril.

Mais, compte tenu du rapport de forces issu des élections, M. Montenegro aura du mal à faire adopter son budget de l'Etat pour 2025 à l'automne prochain sans le soutien, ne serait-ce que tacite, des socialistes ou de l'extrême droite.