Colère en FranceRadar brûlé et routes bloquées, les agriculteurs prêts à "passer Noël" dehors

RTL Infos
Dans la nuit du 14 au 15 décembre, l’autoroute A63 a été le théâtre d’une mobilisation spectaculaire des agriculteurs en colère.

Au sud de Bordeaux, une trentaine de tracteurs ont bloqué la circulation dans le sens Espagne–Bordeaux, paralysant le trafic et provoquant d’importants bouchons. L’action, menée par la Coordination rurale de Gironde, visait à dénoncer la politique sanitaire du gouvernement face à la dermatose nodulaire contagieuse, qui impose l’abattage total des troupeaux dès qu’un cas est détecté.

Au cours de ce blocage, les manifestants ont arraché un radar automatique à l’aide d’un tracteur avant de l’incendier devant un entrepôt logistique de Carrefour. Ce geste de vandalisme, lourd de conséquences judiciaires, illustre la radicalisation d’un mouvement qui se dit prêt à maintenir la pression « jusqu’à être entendu », quitte à passer les fêtes de fin d’année sur place. Les sanctions encourues pour la destruction de radars sont sévères: jusqu’à 75.000 euros d’amende et 5 ans de prison, voire 100.000 euros et 7 ans en cas d’action collective ou masquée.

Face à cette situation, le préfet de la Gironde a pris des mesures exceptionnelles pour sécuriser le trafic. Des déviations obligatoires ont été mises en place et les poids lourds ont été stockés sur des aires de repos afin d’éviter tout accident. La circulation est restée fortement perturbée, soulignant l’impact immédiat de ce type d’action sur les automobilistes et les transporteurs.

“Plus d’espoir”

Tronçonneuse en main, les agriculteurs abattent des arbres en bord de route pour alimenter le grand feu qui brûle sur le terre-plein central et consolider leurs barrages. Les tracteurs et engins agricoles, pavoisés aux couleurs de la CR, vrombissent à hauteur de l’échangeur de l’autoroute, que les milliers de camions qui remontent quotidiennement d’Espagne sont contraints de quitter pour emprunter une déviation.

Dans ce département où la majeure partie des surfaces sont dédiées à la viticulture, autre filière en crise, nombre de vignerons se sont joints aux manifestants, comme Olivier Nadal, âgé de 56 ans. Son exploitation viticole est en redressement judiciaire, son vin ne se vend pas (1.600 hectolitres d’invendus) et il ne se verse aucun salaire “depuis neuf ans”.

“On est partis pour rester ici”, prévient cet ancien militaire, gilet fluo sur le dos, se disant prêt à résister aux forces de l’ordre. “Ils savent qu’on a des tracteurs qui peuvent pousser leurs blindés. Ils ne nous font pas peur”, dit-il, jugeant “disproportionné” le récent déploiement de force en Ariège dans le cadre d’un abattage de troupeau.

“Il y a un ras-le-bol général”, prévient-il, jugeant la mobilisation “plus forte” que lors de l’hiver 2023-2024. “Il y a deux ans, il y avait de l’espoir. Là, quand on est arrivés dimanche soir, personne n’avait de l’espoir. Tout le monde a dit: +De toute façon, on n’a rien à attendre+", conclut-il.

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