Même si personne n’a encore revendiqué l’attaque, le Hezbollah, parti politique et un groupe paramilitaire islamiste basé au Liban, directement visé par ces explosions, a aussitôt condamné Israël. Tout comme certains journaux américains, le mouvement islamiste est persuadé que les services secrets de l’État hébreux sont bien responsables de cette attaque.
Pour le professeur à l’Université de Luxembourg, il faudra d’abord que plusieurs de ces bipeurs, ainsi que leurs composants, soient analysés afin de découvrir la vraie raison de leur explosion: “une lourde tâche vu les intérêts politiques majeurs qui se cachent derrière cette tragédie”, explique Joachim Arts.
Il est certain que seuls des professionnels auraient pu planifier et préparer cette opération dont les prémices pourraient remonter jusqu’à un an avant les faits. “Les responsables avaient le temps, l’énergie et l’argent pour mener à bien cette mission”, relate le professeur qui ne nomme pas directement le Mossad, mais seul un service secret pourrait remplir ces trois critères.
Plus la chaîne d’approvisionnement est éloignée de l’endroit où le matériel sera utilisé, plus il est simple d’intervenir: “le montage du boîtier est le meilleur moment pour une telle manipulation. Lors d’une chaîne qui va du matériel brut provenant d’une mine au moment où le consommateur final tient l’objet en main, le produit va passer par au moins 20 étapes différentes, parfois même jusqu’à une centaine d’étapes supplémentaires”, précise Joachim Arts.
Notre expert part du donc du principe que les bipeurs ont été “préparés” dès leur production en usine sans oublier qu’ils ont dû tous être bien conditionnés afin qu’on soit sûr qu’ils soient acheminés au bon endroit, donc au Liban: “ces objets sont composés d’une platine principale et de composants électroniques, le tout recouvert d’une coque en plastique, donc je pense que c’est au moment de placer tous ces éléments dans le boîtier que la charge explosive a dû être insérée. Ces composants se trouvent dans tous les objets du quotidien qui nous entourent: voiture, téléphones, télécommandes, même dans votre frigo, ils sont vraiment partout!”, glisse le professeur.
L’expert rassure et explique que tous les composants sont tracés et que les livreurs doivent tout d’abord vérifier d’où viennent les différents éléments. Il précise également qu’il s’agit ici d’une attaque terroriste clairement menée dans un but bien précis et qu’une manipulation globale d’appareils n’aurait aucun sens économiquement parlant.
Ces appareils existent au Luxembourg, ils sont notamment utilisés par les membres du CGDIS, car leur fonctionnement est garanti même en cas de panne des autres moyens de communication. Les services de secours luxembourgeois ont cependant programmé leurs boîtiers eux-mêmes.
Pour le professeur, il n’est pas encore clair comment la charge explosive a été déclenchée au Liban.
Plusieurs experts ont expliqué qu’un gramme de matière explosive suffisait pour que la personne qui porte le dispositif perde sa main. Vu le degré des blessures lors de l’attaque terroriste, il est possible que la charge utilisée au Liban dans les bipeurs atteigne les cinq grammes. Ce type d’explosif peut être aplati comme une feuille de papier et, par exemple, enroulé autour de la batterie.
Jusqu’à présent, il ne s’agit que d’hypothèses, mais comme l’indique le professeur Joachim Arts, tout laisse à croire qu’il s’agit bien d’une opération menée bien à l’avance et de manière extrêmement professionnelle avec une manipulation réalisée dans l’usine de fabrication des appareils.
Les explosions de mardi ont fait au moins 12 morts plus de 2.800 blessés.
