
Malgré les menaces, Anas al Sharif n’a pas hésité à montrer et à raconter la situation désastreuse des habitants de la bande de Gaza. Jusqu’à dimanche. Ce jour-là, lui et son équipe ont été victimes d’une attaque ciblée de drone israélien, à laquelle ils n’ont pas survécu. Mardi soir, le Luxembourg a rendu hommage à Anas al Sharif et aux plus de 225 autres journalistes qui ont perdu la vie depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza.
Sur la place Hamilius à Luxembourg, des bougies ont été allumées, des fleurs ont été déposées et des photos des dizaines de journalistes décédés au cours des 22 derniers mois ont été accrochées. Anas al Sharif et ceux qui l’accompagnaient sont morts parce qu’Israël accusait le jeune homme d’appartenir au Hamas depuis des mois. Une accusation largement critiquée ces derniers jours, notamment lors de l’hommage rendu dans la capitale luxembourgeoise.
“C’est bien sûr très pratique pour un gouvernement israélien de pouvoir affirmer qu’il y avait là quelqu’un qui était la tête pensante d’une cellule terroriste. Je trouve extrêmement inquiétant et effrayant qu’un gouvernement utilise ce prétexte pour tuer des personnes qui tiennent des propos dérangeants pour lui”, explique Cléo Thoma de l’association Collectives for Palestine.
C’est également l’avis de Fahdi, un jeune Palestinien vivant au Luxembourg. Israël trouve toujours une explication à la mort des journalistes, et il y aurait une raison à cela: “Anas al Sharif était journaliste, il n’appartenait pas au Hamas. Ils l’ont tué parce qu’ils veulent cacher la vérité.”
La vérité, dit Fahdi, c’est que les habitants de la bande de Gaza sont livrés à eux-mêmes. Sa famille vit toujours à Gaza et il essaie d’entretenir le plus de contacts possible avec sa sœur et son frère. La mère de Fahdi n’est plus en vie. Elle est décédée il y a presque un an. Sept mois après que son fils ait demandé au gouvernement luxembourgeois s’il pouvait au moins veiller à ce que sa famille puisse être évacuée en Égypte. Il se demande souvent comment irait sa mère s’il avait reçu une autre réponse à l’époque.