Pour le président de l’AMMD, la Caisse nationale de Santé est composée de différents groupes d’intérêts qui ne représentent pas toujours les intérêts du patient.
En ce qui concerne la situation financière de l’assurance maladie maternité, Chris Roller y voit aussi une co-responsabilité de la CNS. Actuellement, les prestataires sont sensibilisés à l’augmentation de leurs coûts, mais la Caisse nationale de Santé elle-même a des coûts administratifs énormes et une réforme profonde de ses structures est nécessaire.
“Pour rendre cela un peu plus clair en chiffres, par exemple, dans le rapport de l’IGSS pour 2023, les frais administratifs de la CNS correspondaient à ce qui est remboursé pour les soins dentaires au Luxembourg. Cela signifie que ce que tous les dentistes au Luxembourg ont presté, et qui est remboursable, c’est le même montant [que les frais administratifs]”.
Il s’agissait d’environ 124 millions d’euros. Selon le rapport de l’IGSS, la CNS a remboursé en 2023 150 millions pour des soins dentaires.
L’AMMD a fait des propositions pour réduire les coûts, par exemple, via la maîtrise médicalisée.
“La maîtrise médicalisée, c’est en fait regarder au niveau des analyses, par exemple, lorsque nous les prescrivons, ce qui est utile, pour éviter aussi parfois que des choses soient faites deux ou trois fois. Là, il y a certainement plusieurs mesures [à prendre]”.
La Caisse nationale de Santé prévoit un déficit de 133 millions d’euros pour 2025. L’assurance maladie-maternité va continuer à puiser dans sa réserve, avec le risque d’atteindre le seuil légal minimal de 10% dès 2027. Il faudra alors soit augmenter les cotisations, soit réduire les remboursements.
Sous le précédent gouvernement, un projet de loi, qui aurait autorisé les médecins à fonder une société, était en procédure législative. Par rapport aux cabinets médicaux actuels, il y aurait eu davantage de possibilités, explique le président de l’AMMD.
“Cela signifie par exemple que certaines opérations des yeux, comme une opération de la cataracte ou des coloscopies, des interventions chirurgicales mineures en ambulatoire, pourraient y être réalisées dans ce cadre. Elles peuvent être réalisées ainsi, de sorte que les délais d’attente sont beaucoup plus brefs, parce qu’elles ne doivent pas être faites à l’hôpital, elle peuvent ainsi soulager les hôpitaux évidemment, de manière à ce que les hôpitaux puissent se concentrer un peu sur leur activité principale.”
“80% des actes médicaux peuvent être réalisés en ambulatoire”, selon le président de l’association des médecins.
La ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez (CSV), a retiré ce projet de loi en 2024. L’AMMD ignore pour quelle raison. Mais l’Association des médecins et médecins-dentistes reste d’avis que des interventions en ambulatoire dans de tels centres réduiraient substantiellement les délais d’attente.
Actuellement, seuls les hôpitaux sont autorisés à mettre en place des antennes externes. La critique est souvent que des initiatives privées conduiraient d’une part à une commercialisation des professions de santé et d’autre part que les hôpitaux craignent de perdre des médecins, car ces centres offriraient des conditions de travail plus agréables.
Le Docteur Roller ne voit pas les choses ainsi: “Dire qu’ensuite plus personne ne voudra travailler à l’hôpital, c’est une bêtise. Nous devons cependant voir que nous avons une pénurie de médecins et si nous voulons continuer à veiller à avoir une bonne prise en charge, une prise en charge de base, il serait bon d’avoir ces centres”.
L’AMMD espère un meilleur échange avec la CNS. “Le Luxembourg dispose de nombreuses ressources.” Pour Chris Roller, “il est inacceptable que les gens doivent attendre en étant malades”.
