
L’image n’est pas encore devenue banale, mais elle ne fait plus sursauter comme avant. Une vidéo d’un loup dans un pré a forcément défilé sur l’un des vos réseaux sociaux favoris ces derniers mois. Hans Westerling, spécialiste de la question pour avoir suivi des scientifiques sur le terrain pendant de nombreuses années, apporte son savoir-faire à Natagora-GT Loup, une association qui défend et protège les espèces.
Ce photographe a pris son bâton de pèlerin pour sillonner sa Province et informer la population à travers plusieurs conférences. “J’insiste d’abord pour souligner qu’il s’agit d’un retour naturel et nullement d’une réintroduction comme certains agriculteurs et chasseurs le pensent. Il s’agit d’espèces qui transitent par nos contrées. Certaines sont issues de la région germano-polonaise, d’autres d’Italie”, confesse le citoyen de Bouillon.
Ces loups isolés que l’on a tendance à appeler “solitaire”, Hans Westerling les nommes “loups dispersants”. “A un moment donné, le loup opère un choix. Soit il reste au sein de la meute, soit il l’a quitte parce qu’il est mature sexuellement et qu’il s’en va chercher un ou une partenaire.”
A la recherche de nouveaux territoires, le loup est ainsi aperçu un peu partout. Dans le nord du Grand-Duché ou ces derniers mois dans la région de Bastogne ou de Bertrix. “Mais ça lui arrive de parcourir 70 km sur une journée, ce qui peut donner lieu à une migration de 1.000 km en quelques mois.”
Cette réapparition n’a pas plu à certains éleveurs qui voient là une menace pour leurs troupeaux. “Une étude montre que 97% de la nourriture du loup provient du gibier et que 3% sont des brebis. Il y a bien plus d’attaques de chiens sur du bétail que de loups”, poursuit Hans Westerling qui explique comment protéger son cheptel en Belgique.
“Wolf fencing team Wallonie et Natagora peuvent offrir des conseils pour l’installation de clôtures électriques qui sont à charge des particuliers. Lorsqu’un animal est tué, l’éleveur est totalement remboursé. L’une des solutions futures passera par des chiens entraînés à ces fins, mais ça prend trois ans pour les former.”
Le statut du loup a lui aussi changé. La modification de la Convention de Berne l’a déclassé d’espèce strictement protégée en espèce protégée en décembre 2024, ce qui ne change pas fondamentalement les choses car certains pays ne se privent pas pour violer ces règles et ainsi chasser le canidé.
Le débat, que certains scientifiques n’hésitent pas d’alimenter en raison, parfois d’un certain lobbying, est rendu complexe par des comportements qu’il est impossible de généraliser. Les espèces de l’Est n’ont pas nécessairement les mêmes attitudes que celles de l’Ouest. Les spécialistes se concentrent, pour le moment sur les traces que peut laisser l’ADN des bêtes et les empreintes observées.
La tendance est à une présence plus importante, ce qui est confirmé par les attaques plus nombreuses en 2024 qu’en 2023 mais les déplacements nocturnes et la diversités dans l’alimentation (fruits, insectes, …) ne facilitent pas toujours les choses. Un carnassier est souvent discret et la priorité est avant tout au rassurement de la population. “Nous devons
trouver une cohabitation harmonieuse. Un tel animal maintient un certain équilibre et je suis certain que l’on pourra arriver à un consensus”, ponctue Hans Westerling.