"Veiller sur elle"Le prix Goncourt à Jean-Baptiste Andrea

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Le prix Goncourt a été décerné ce mardi à Jean-Baptiste Andrea pour "Veiller sur elle" (éditions L'Iconoclaste), une histoire d'amour au temps du fascisme en Italie déjà récompensée par le prix Fnac. Auparavant, il avait réussi dans le cinéma.
© Photo: Joël Saget / AFP

Le romancier âgé de 52 ans a été récompensé au 14e tour, preuve des dissensions au sein du jury présidé par Didier Decoin, dont la voix compte double.

C’est un grand moment d’émotion, on vient juste de sécher nos larmes dans le taxi”, a réagi l’auteur, très ému, à son arrivée au restaurant Drouant, où le prix était décerné comme le veut la tradition depuis plus d’un siècle.

Il faisait face à Eric Reinhardt, considéré comme favori, Gaspard Koenig et Neige Sinno, récompensée lundi par le prix Femina.

Avec seulement quatre romans à son actif, Jean-Baptiste Andrea décroche le plus prestigieux des prix littéraires francophones grâce à une longue fresque sur la sculpture et l’Italie.

“Envie de briser toutes les frontières

Le roman suit Mimo, né pauvre et confié en apprentissage à un sculpteur de pierre. Il va tomber fou amoureux d’une héritière, Viola Orsini, et traverser avec elle les années, jusqu’au moment où l’Italie bascule dans le fascisme.

Je prépare toute mon histoire. Celui-là c’est 10 mois de préparation, dans ma tête, sur un carnet. Je n’écris pas une ligne du roman. Et un jour, je me dis: mon histoire est là, je peux donc ne pas réfléchir en me demandant où ça va”, confiait-il à la rentrée sur France Inter. “Mes trois premiers romans étaient des huis clos. Là, j’avais envie de briser toutes les frontières”, détaillait-il.

Jean-Baptiste Andrea est encore un “jeune” auteur, arrivé au roman en 2017. Le grand écran a été son premier métier, dès la sortie d’études qui ne devaient pas forcément l’y mener. Après avoir grandi sur les bords de la Méditerranée, à Cannes, dans une famille qui mêlait des origines italiennes, grecques, baléares et pied-noir d’Algérie, il est parti vers de grandes écoles prestigieuses qui rassuraient ses parents, Sciences-Po Paris puis une école de commerce, l’ESCP.

“Je heurtais un mur”

Seulement, ce passionné de romans depuis le plus jeune âge ne voulait exercer qu’un seul métier: écrire. “Après mes études je n’ai pas eu de vrai boulot. J’ai écrit tout de suite”, déclarait-il à la radio publique.

Il va percer dans le 7e art, jusqu’à réaliser son propre film, “Dead End” en 2003, remarqué pour son humour très noir. En 2006, il convainc David Schwimmer (Ross dans la série Friends) de prendre un rôle principal. Et en 2013, dernier tour à la réalisation, avec le thriller “La Confrérie des larmes”.

La critique est mitigée. Et à 45 ans, en 2016, Jean-Baptiste Andrea n’est plus sûr de vouloir se lancer une nouvelle fois dans l’immense entreprise qu’est de réunir le budget pour un film. “J’ai senti que je heurtais un mur”, se souvenait-il, interrogé par Actualitté cet été.

Pourquoi pas enfin écrire le roman qu’il avait en lui? “Je savais écrire un scénario, pas un roman. Un scénario c’est bordé, c’est confortable, et un roman tout est permis”, relevait-il. Il rédige “Ma reine”, qu’il envoie à une quinzaine d’éditeurs.

Refusé partout ailleurs, ce roman sur une enfance cruelle enthousiasme Sophie de Sivry, des éditions de L’Iconoclaste. Mais pas qu’elle: il décroche le prix Envoyé par la Poste, qui récompense des auteurs venus sans recommandation, ainsi que le Femina des lycéens.

L’Iconoclaste le couve. Et si son deuxième roman marche moins bien, le troisième, “Des diables et des saints”, est un beau succès, couronné par le prix RTL-Lire.

Le prix Goncourt est l’assurance de ventes considérables lors des deux derniers mois de l’année, les plus importants pour les libraires.

Elles atteignent en moyenne quelque 400.000 exemplaires. Mais le Goncourt 2022, “Vivre vite” de Brigitte Giraud, avait déçu de ce point de vue, en restant en dessous de 300.000 exemplaires.

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