Si vous n’avez pas la main verte, et que vous avez réussi à tuer même les plantes d’intérieur les plus résistantes, imaginez un monde où vos plantes vous disent exactement quand elles ont besoin d’être arrosées. Cette idée n’est peut-être pas si idiote.
De nombreux travaux prouvent que les plantes sont capables de détecter les sons qui les entourent. Mais de nouvelles recherches suggèrent qu’elles peuvent également générer des sons en réponse au stress (comme la sécheresse ou le fait d’être coupées).
Une équipe dirigée par des experts de l’Université de Tel Aviv a montré que les plants de tomates et de tabac, entre autres, non seulement émettent des sons, mais le font assez fort pour que d’autres créatures puissent les entendre. Leurs découvertes, publiées dans la revue Cell, nous permettent d’accéder au monde acoustique des plantes. Un monde qui n’est malheureusement pas à portée d’oreille humaine.
L’équipe dirigée par Lilach Hadany a enregistré des sons produits par des plants de tomates et de tabac, et cinq autres espèces (vigne, lamier, cactus, maïs et blé). Ces sons étaient des ultrasons, de l’ordre de 20 à 100 kilohertz, et ne peuvent donc pas être détectés par l’oreille humaine.
Pour mener à bien leurs recherches, l’équipe a placé des microphones à 10 cm de tiges de plantes qui étaient soit exposées à la sécheresse (moins de 5 % d’humidité du sol), soit coupées près du sol. Ils ont ensuite comparé les sons enregistrés à ceux de plantes non stressées, ainsi qu’à des pots vides, et ont découvert que les plantes stressées émettaient beaucoup plus de sons que les plantes non stressées.
Ils ont également isolé un extrait sonore d’un enregistrement à une plage audible et accéléré. Le résultat est un son “pop” distinctif.
Le nombre de pops augmentait à mesure que le stress hydrique augmentait (avant de commencer à décliner à mesure que la plante se desséchait). De plus, les sons pouvaient être détectés à une distance de 3 à 5 mètres, suggérant un potentiel de communication à longue distance.
Quel que soit le mécanisme, il semble que les sons produits par les plantes stressées étaient informatifs. En utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique, les chercheurs ont pu distinguer non seulement quelle espèce produisait le son, mais aussi de quel type de stress elle souffrait.
Il reste à voir si et comment ces signaux sonores pourraient être impliqués dans la communication de plante à plante ou de plante à environnement.
Peut être que de telles découvertes pourraient aider à la production alimentaire future. La demande mondiale de nourriture ne fera qu’augmenter. Adapter l’utilisation de l’eau pour cibler les plantes individuelles ou les sections de champ faisant le plus de “bruit” pourrait en effet nous aider à intensifier la production de manière plus durable et à minimiser les déchets.