Depuis début mai, un nouveau restaurant s'est installé au Mudam Café, à Luxembourg: il s'agit de Chiche!, franchise spécialisée dans les plats libanais.

Après PURE, le restaurant du Mudam Café tenu à bout de bras par son chef Fabrizio Annicchiarico durant une grosse année, puis le GLOW, café éphémère 100% vegan qui y a existé environ six mois, c'est la franchise locale "Chiche!" qui s'est installée depuis le 1er mai au Musée d’Art Moderne de Luxembourg. Celle-ci compte déjà cinq enseignes au pays: au Limpertsberg, à Bonnevoie, à Esch, à Leudelange, à Bettange-sur-Mess et dès la semaine prochaine, une sixième ouvre à Pétange.

Le concept de ces restaurants libanais, on le connaît désormais: proposer une cuisine authentique faite maison tout en offrant un emploi aux personnes migrantes et réfugiées. Aux manettes de ce "Chiche at Mudam Café", on retrouve le chef syrien Moudi Alzaher, 31 ans, qui a d'ailleurs été à l'origine du concept il y a 7 ans.

À la carte, on retrouve notamment un plat signature: l'oeuf kefta, composé de boulettes de viande à l'agneau et au bœuf, avec un œuf mi-cuit à la sauce tomate, servis avec du riz et une petite salade (17,50€). Falafels, salades et pizzas libanaises complètent le menu du déjeuner. Les nouveautés de ce Chiche! du Mudam sont ses brunchs servis le weed-end et les jours fériés, avec huit propositions. Par exemple, la feta au four aux figues garnie de pistaches et de thym (17,50€). "Les brunchs marchent très forts, il faut suivre le rythme!" confie Moudi Alzaher, qui a élaboré toute la carte.  "Dans chaque restaurant Chiche!, on propose des choses différentes." Chaque jour, quatre à cinq cakes "maison" sont proposés. Le café compte une soixante de couverts. Un food truck "Chiche!" sert des sandwiches à l'entrée du Mudam. Il y restera tout l'été.

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L'oeuf kefta, composé de boulettes de viande à l'agneau et au bœuf, avec un œuf mi-cuit à la sauce tomate, servis avec du riz et une petite salade / © Raphaël Ferber / RTL Infos

Il fuit la guerre en Syrie et se retrouve à la cuisine du Hariko à Bonnevoie

Moudi Alzaher a débarqué au Luxembourg en 2015 après avoir fui la guerre en Syrie et s'être réfugié au Liban. "Je me suis tout de suite porté volontaire pour cuisiner au Hariko", un lieu d'échange et de création pour les jeunes de tous horizons porté par la Croix-Rouge, à Bonnevoie. Là-bas, il rencontre Marianne Donven, qui a été à l'origine de ce projet en 2015 avant de diriger depuis 2017 la chaîne de restaurants "Chiche!". Au Hariko, Moudi (Mohammad, de son vrai prénom) "apprend la langue", tisse du lien social et se met à organiser des événements privés. De là découle l'idée de créer un restaurant qui emploierait des réfugiés et des immigrés. Chiche! était né. "En arabe, Chiche, c'est la brochette" souligne t-il.

Moudi a ainsi lancé ce concept avec deux acolytes en 2017 à Hollerich, en reprenant le restaurant oriental "Syriously", dans la capitale. La crise du covid a été l'occasion pour lui d'ouvrir une parenthèse de deux ans durant laquelle il a repris ses études, puis été le chef pâtissier et le responsable des plats orientaux du Bazaar, et enfin le chef de la Brasserie Um Eck à Niederanven. "Marianne (Donven) m'a ensuite appelé pour que je revienne chez Chiche!. Comme c'était mon idée à la base, j'étais content de revenir" répond t-il.

Chef du Chiche! au Limpertsberg, il a pris les commandes du restaurant du Mudam début mai. "Le challenge principal ici, c'est de proposer un service traiteur pour les grands événements. On a toujours eu l'habitude de proposer des plats principaux. Ici, il faut pouvoir les réduire au maximum. Par exemple, notre humus à l'aubergine avec des pois chiche, le "Baba ganousch", qu'on sert sur une feuille de légume" détaille Moudi, qui dispose depuis peu de la nationalité luxembourgeoise.

Au Mudam, trois personnes se trouvent en cuisine, Moudi compris, et trois autres en salle. Elles viennent de Syrie, d'Ukraine, de Tanzanie, de Thaïlande et d'Afrique. "Beaucoup n'ont pas l'expérience de la cuisine. Il faut les former, c'est souvent difficile. Tout le monde ne parle pas la même langue non plus" note le chef. Le point positif, c'est que ce joyeux mélange de cultures se retrouve parfois dans les assiettes!

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Les Arais végétariens: des morceaux de pizza libanaise aux épinards et au fromage servis avec houmous et batata. / © Raphaël Ferber / RTL Infos