Dans la région du Mullerthal, le restaurant Becher Gare est tenu depuis 7 ans par Frédéric Vuillemin, un chef français tombé amoureux du Luxembourg, adepte du circuit court. On l'a rencontré.

C'est un restaurant que connaissent bien les Luxembourgeois et les voisins allemands qui sillonnent la Petite Suisse luxembourgeoise à vélo ou lors d'une randonnée. Un peu moins les Français. Et pourtant, c'est bien un chef venu de l'hexagone qu'on trouve à la Becher Gare, là où passait jadis la célèbre ligne Charly qui reliait la capitale à Echternach.

Originaire des Alpes, Frédéric Vuillemin a posé ses valises pour la première fois au Luxembourg il y a 22 ans, avec sa femme, après avoir vendu son restaurant dans le Var. Le coup de foudre a été immédiat lorsqu'il est venu en vacances dans les Ardennes luxembourgeoise.

"J'ai découvert Clervaux en premier, l'Oesling. Je suis tout de suite tombé amoureux du pays, la gentillesse des habitants, la propreté..." raconte celui qui a œuvré dans les cuisines de la Brasserie Guillaume, de l'Écuelle à Wilwerdange, du Grain Noble à Steinsel et de L'Atelier de Joël Robuchon.

Entre tradition luxembourgeoise et française

Cela fait désormais sept ans que ce chef de 53 ans propose une cuisine de terroir dans cet ancien buffet tenu à l'époque par Ketty Stoos, la cheffe de gare. À table, on chemine entre plats traditionnels luxembourgeois et français. On retrouve ainsi une généreuse bouchée à la reine, une joue de bœuf confite au vin rouge ou un jambon - frites - salade ("Ham Fritten Mat Zalot Jambons") venu directement de la boutique "Um Haff", le magasin d'une ferme située à Lellig, à 8 kilomètres de là.

En hiver, un chalet prend place sur la terrasse principale: l'heure est alors aux soirées raclette - charcuterie, avec des produits locaux exclusivement. Frédéric Vuillemin a l'authenticité chevillé au corps: sa matière première, il l'a à portée de main. Même sa bière, puisqu’une micro-brasserie est installée juste à côté de son restaurant. Celle-ci produit d'ailleurs une bière brune que le restaurant sert durant les fêtes de Noël.

"Il ne faut plus tricher. Il faut donner aux clients un "vrai" produit. Si vous utilisez un produit frais et sain, le rendu sera meilleur dans l'assiette, quoiqu'il arrive. C'est la différence entre un restaurant et un endroit où l'on se restaure... Nous, on est des artisans. On fait le maximum nous-mêmes" répond-il.

En octobre dernier, il a d’ailleurs été récompensé du prix "Restaurant de terroir 2024" par le guide Gault et Millau. Outre son savoir-faire et l'emplacement privilégié du restaurant, qui dispose d'une terrasse offrant une vue imprenable sur la vallée où paissent les vaches, c'est aussi sa philosophie qui ont séduit le guide luxembourgeois.

"C'est évident qu'il faut travailler en circuit court. On utilise les terrasses encore au 15 octobre, on se rend compte qu'on a quand même un petit problème de climat... Et quand on a de beaux produits ici, pourquoi aller les chercher ailleurs? Des jeunes luxembourgeois reprennent les exploitations des grand-parents, il faut les encourager au maximum. Si vous avez une viande de qualité qui est produite à 3 kilomètres, c'est quand même mieux que de l'acheter au fin fond de la France ou de l'Argentine." Des produits locaux avant tout et ce n'est pas prêt de changer.